1992, Llubjana, le premier numéro de « Stripburger » voit le jour en partant d’une constat simple : l’absence d’un magazine de BD contemporaine en Slovénie. Rapidement, cette publication, émanation de STRIP CORE, une association qui fait partie du FORUM LJUBLJANA, s’impose comme un mythe dans le milieu de la BD alternative – rejoignant ainsi les publications de leurs aînés « Strapazin » (1984) en Allemagne et en Suisse, de leurs contemporains français « Lapin » (1992), périodique émanant de « L’association », de « Frigobox » (1994) en Belgique ou encore celle de leurs cadets italiens « Canicola » (2005).
Dès le début, en raison de la faible quantité de production locale, de l’attrait de l’équipe éditoriale pour les recherches expérimentales et de son esprit d’ouverture tourné vers l’éclectme, ainsi que de certaines affinités entre les auteurs slovènes et étrangers, Stripburger publie autant de BD étrangères que d’artistes locaux. Dans le premier numéro, on retrouve le Slovène Obscurator aux cotés du Serbe Aleksandar Zograf, du Hollandais Marcel Ruijters, de l’Américaine Mary Fleener ou de notre compatriote Bart Schoofs. Un mélange de styles, d’influences et de récits qui reste l’une des caractéristiques les plus intéressantes de leur ligne éditoriale. L’équipe était alors menée par Boris Bacic, Jakob Klemencic et Katarina « Katra » Mirovic (qui est la co-créatrice du magazine et la seule personne toujours à bord depuis 1992 – l’équipe se renouvelant aux fils des ans).
En 1995, Igor Prassel rejoint l’aventure. Il s’occupe dans un premier temps de quelques articles, avant de mettre en place tout un réseau, notamment en établissant un carnet d’adresses d’environs 300 créateurs de Bande Dessinée. Ce travail est titanesque : à l’époque, l’équipe n’avait pas accès à internet, la communication passait à travers un échange important de cartes postales et de lettres. Stripburger s’organise progressivement pour être dans les plus importants festivals de Bande Dessinée en Europe, ce qui leur permet d’établir de nombreux contacts avec des personnes importantes du milieu (directeurs de festivals, journalistes, d’autres éditeurs de bandes dessinées ou des diffuseurs, …) et de mettre en place un réseau de distribution international couvrant l’Europe, les États-unis et le Canada. Leurs activités s’exportent aussi via les expositions qu’ils créent et font circuler, tant dans des galeries que dans des librairies à travers le monde et l’univers (voire au-delà). Tout ceci a permis au périodique d’obtenir rapidement une solide réputation et un lectorat international en seulement quelques années.
En janvier 2001, la revue a remporté un prix au Festival International de la BD à Angoulême dans la catégorie du meilleur fanzine.
Un accueil public favorable a également été accordé aux différentes publications hors-série telles que Stripburek, deux anthologies de la bande dessinée d’Europe orientale, l’une parue en 1997 et en 2001, Mini Burger en 2001, Madburger en 2002, Warburger en 2003, Honey Talks – comics inspired by painted beehive panels en 2006, Greetings from Cartoonia – The Essential Guide of the Land of Comics en 2009 ou encore Workburger en 2013. Certaines de ces parutions ont fait l’objet d’expositions multimédia internationales itinérantes, citons notamment « Greetings from Cartoonia », présentée en territoire liégeois il y a cinq ans à La Zone et « Pozor, delo ! » (Attention, travail !). Cette expo passe par la Belgique en ce début 2016, avec une halte à Liège, au Comptoir du livre (en Février) et une à Tournai dans l’espace Bis de la maison de la culture.
Plusieurs numéros de la revue se consacrent plus particulièrement à réaliser un aperçu de la scène de la Bande Dessinée d’un pays spécifique (l’Italie, la Suède, la Russie, le Canada…). En 2003, le N° 36 faisait la part belle aux auteurs suisses – pour l’amateur francophone éclairé ou le rat de bibliothèque expert en BD « indé », ce numéro était certes une réussite, mais présentait des créations déjà répandues dans les contrées francophones. Si certains de ces «bibliophages» blasés sont peut-être restés sur leur faim, ils furent certainement rassasiés en 2010 avec un bel uppercut visuel assené par le N°54 qui se consacrait à la scène alternative brésilienne, où l’on pouvait découvrir Jaca, Daniel Bueno, Laura Teixeira, Gabriel Goes, Fabio Zimbres,…
Bref, après vingt-six années d’existence le magazine reste un bel espace de découverte et de diffusions.