Système D

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Les plus observateurs d’entre nous l’auront peut-être remarqué: ce qu’on a voulu nous faire prendre comme une porte de sortie se révèle être une entrée monumentale : d’une certaine manière, la crise ne fait que commencer. Ou recommencer, on ne sait plus… en tout cas, elle est là. Et il vaut mieux se préparer à ce qu’elle ne nous quitte pas si facilement.

Mais que faire ?

On pourrait attendre que ça passe. S’entraîner à la patience via la méditation. Sauf que voilà, à C4, on aime se balader un peu partout dans la réalité et franchement, on a comme une intuition tenace : ce coup-ci, croire que la machine qui a marché jusqu’ici s’est juste un peu grippée et qu’elle finira par repartir nous semble pour le moins foireux. Va falloir se ré-inventer – trouver de nouvelles manières de faire. Bref, pour être aussi excessif que synthétique : on a besoin de nouveaux modèles économiques. Et résolument avec -S à la fin.

À partir de ce constat, nous voulons faire le pari suivant : les systèmes D, développés un peu partout par des bricoleurs de l’ingénierie sociale et économique, pourraient offrir tous les gages d’efficacité et de pluralité nécessaires à construire des solutions de sortie de crise. Et en plus, il peuvent s’appliquer à même le quotidien : pas besoin d’investir un cabinet ministériel pour le réaliser!

Reste encore à opérer les bonnes connexions et à faire connaître et diffuser tous ces trucs, astuces et autres recettes. Parce que pour espérer en faire du modèle alternatif consistant, la pratique du Système D doit se démultiplier. Cette rubrique se donne pour principal objectif de récolter et de raconter l’ensemble des petites innovations économiques que certains mettent au point pour s’en sortir en temps de crise. C’est une sorte de bourse des précaires – pauvres en billets, riches en idées.

Mais concrètement, comment est-ce qu’on reconnaît un système D (quand on en voit ou quand on en invente) ? Il en existe de plusieurs catégories.

1/ Une des plus connues consiste à s’insérer légalement dans les zones d’ombre que les institutions économiques ne peuvent jamais complètement quadriller. On se souviendra de ces expériences de carburant auto-produit avec de l’huile de friture usagée: vous répandez une drôle d’odeur de pop corn dans le rue et si on vous arrête, ce n’est ni vraiment légal, ni vraiment illégal.
2/ On pourrait aussi décider d’autogérer sa propre austérité. On peut notamment décider de « profiter » d’une baisse de son pouvoir d’achat pour se dire que tout compte fait, la viande coûte cher à son porte-monnaie et à la planète et décider de diversifier ses menus. Restera alors à connaître quelques ficelles de nutritionniste.
3/ Encore plus simplement, on peut contribuer à inventer une sorte d’art de la réduction. En négociant collectivement des pourcentages de remise, même avec des grandes enseignes, ou en sachant où et quand s’ouvrent des solderies éphémères.
4/ On peut accéder à un niveau d’expertise en matière de financements alternatifs. C’est notamment le cas de ceux qui participent à des expériences de monnaies alternatives. Où encore de tous ceux qui ont recours à ce qu’on appelle le Crowdfunding pour réunir les fonds nécessaire à la poursuite de leur entreprise en thésaurisant une foule de micro-investissements.
5/ On peut aussi manipuler des technologies incroyablement économiques qui font du bien à vos factures (et parfois aussi à l’atmosphère). Les pâtes à la sauce tomate cuisinées sur un four-fusée (mieux connu dans la camp de réfugiés sous le nom de rocket-stove) : elles sont très bonnes, mais surtout, elles coûtent vachement moins cher! Sinon, il y a évidemment l’immense galaxie de la production de biens immatériels en copyleft – toujours bonne à explorer pour votre portefeuille.
6/ On peut également recréer de l’équipement collectif par le bas. Il paraît d’ailleurs que l’avenir du « marché du partage » se dessine comme radieux. Ainsi, si vous n’avez pas assez d’argent mais assez de ressources sociales que pour créer des liens d’amitié avec vos voisins, pourquoi ne pas diminuer votre facture internet en partageant une connexion?

Évidemment cette liste de « catégories » de système D n’a rien d’exhaustif, elle ne cherche qu’à montrer l’étendue des possibilités qu’il nous reste encore à explorer. Et surtout à vous inspirer, vous motiver à en « formaliser » d’autres, à nous contacter pour en bricoler une avec nous ou tout simplement pour partager votre modèle réduit d’économie auto-produite avec les moyens du bord.

Contact : 04/222 12 46 – info@certaine-gaite.org

G.P.

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