Si vous avez l’habitude d’arpenter les rues liégeoises, vous avez peut-être aperçu ici ou là, un stickers ou bien croisé une passante, sur un pont, avec un pull à capuche. Et à chaque fois, ce mot, mystérieux, arboré dessus : Cosmokidz. C’est celui d’un crew d’artistes hyperactifs et sans discipline fixe – du moment que ça peut s’inscrire dans le tissu urbain, leur véritable territoire, leur source d’inspiration. Rencontre avec une bande expérimentale.
Le Cappuccino. S’il existe à Liège un café composé d’habitués, c’est bien celui-là. Situé juste en bordure de la place des Carmes, il offre à l’intérieur une atmosphère rustique mais chaleureuse, ainsi qu’une terrasse propice à l’observation du bal des voitures et des flâneries piétonnières. Cet établissement routinier a vu ces dernières années marquées par une succession de différents propriétaires et gérants. Néanmoins, et c’est probablement là que réside pour une grande part le charme du « Cappu », comme l’appellent ses habitués, peu de choses ont changé : ni l’ambiance, ni la clientèle régulière. Et pourtant. L’endroit, inchangé au premier regard, est progressivement devenu un lieu d’exposition faisant la part belle à la photographie, aux illustrations, ou au graphisme. Il y est à présent également possible de consommer quelques boissons alcoolisées à partir de la fin de journée, ce qui eut été considéré comme une hérésie il y a encore quelques années. Enfin, le lieu s’ouvre régulièrement à des soirées thématiques, principalement le week-end. Transition intéressante que celle opérée par Le Cappuccino qui, en conservant ce qui a depuis longtemps constitué sa marque de fabrique tout en innovant sa formule, encourage la coexistence de deux types de clientèle, l’une plus ancienne, l’autre plus récente.
C’est dans ce bistrot que j’ai pour la première fois vu ce nom : COSMOKIDZ. En lettres blanches sur fond bleu, noir ou vert ; sur des T-shirts, des sweats et des écharpes ; en stickers collés sur un frigo ou sur la coque d’un ordinateur. Un ensemble d’indices dont l’endroit semble saturé. Pour le client régulier ou le curieux, comment ne pas être happé par l’appel incessant de ce mot énigmatique ? C’est un véritable ballet de clients, dont quelques serveurs et serveuses, pour la plupart âgés de vingt à trente-cinq ans, qui déambule dans ce café, en arborant ce logo ; des individus qui semblent affirmer « je suis Cosmokidz ». La plupart de ceux qui portent ces vêtements en étendard se connaissent et se reconnaissent lors de leur visite au « Cappu », et c’est à grand renfort de checks et d’embrassades qu’ils communiquent leur proximité. Ils semblent faire partie d’un clan, d’une fratrie confidentielle et exclusive, mais obscure. Pour le profane et l’observateur, le mystère reste entier.
Qui sont donc ces « Cosmokidz » ?
Entre héritage hip-hop, codes empruntés de la culture graffiti, et volonté de faire se connecter l’art urbain et la salle d’exposition, le collectif Cosmokidz propose une approche pluridisciplinaire qui commence à faire du bruit dans le paysage de la culture underground à Liège. Mais c’est avant tout une histoire d’amitié, une aventure qui a pour point de départ l’été 2011, « l’été Cosmo » comme ils l’appellent aujourd’hui. Et un lien : le graff.
Un jour donc, après quelques bières, sous le coup de l’euphorie, la décision est prise : ils vont s’unir. Pour comprendre les origines de Cosmo, il faut revenir sur le parcours de ses trois membres fondateurs, avec, en son centre, comme point de rencontre et de cohésion, la culture hip-hop.
Pour Mike Them, tout a démarré dans les rues du Verviers des années 90’. Avec sa bande de potes, il tague pour décompresser et s’
exprimer. De là, tout s’est enchaîné dans les années qui suivent : le rap, le break et le graff. « On était bercés par cet univers là, où chaque discipline se complétait par une autre », explique-t-il. Pour toucher à tout, pour apprendre. Pendant presque douze ans, c’est la musique qui l’a occupé. Depuis la rupture de son groupe, son parcours est étroitement lié au graff, qu’il continue d’exercer dans l’un des grands collectifs liégeois, JNC, mais pas seulement. Cette première expérience d’art urbain l’a amené à s’investir dans l’illustration, la création de logos, la typographie et, depuis peu, le tatouage, avec un esprit d’aller-retour incessant entre ces différentes techniques qui se nourrissent les unes les autres.
Constant, comme Them, vient de la région verviétoise. Contrairement à lui cependant, c’est en solo qu’il commence. Il se promène dans la ville avec ses bombes, à la recherche d’endroits où s’illustrer. Avec, au début, une seule volonté : celle de produire des graffs les plus voyants possibles. Progressivement, poussé par ce qu’il appelle avec un sourire « l’égo du tagueur », il revient sur les « lieux du crime » pour prendre des photos de ses réalisations. Lors de ces moments de captation, ce sont des rencontres ironiques entre ses graffs et des passants qui l’inspirent à croiser recherche de la composition et art urbain. Graduellement, sans cours pratiques, sans formation particulière, il expérimente la photographie. Influencé par les oeuvres de Vivian Maier, Trent Park et Gary Winnogrand, son objectif premier n’est pas d’exposer mais de partager ses réalisations avec un public large qui ne s’intéresse pas à la photographie. C’est pourquoi il imprime ses photos sur des stickers, qu’il colle dans la rue sur tout type de support.
Enfin il y a Sab, originaire de Seraing. Son parcours de jeunesse est assez proche de celui de Them : peu intéressé par les études, le graff est pour lui un moyen d’expression et de sociabilisation. C’est le passage, deux ans plus tard, à Saint-Luc Liège, qui l’amène à mêler graff et photographie. Du tag, il passe au rap, en intégrant le groupe HNS. Progressivement, ce premier moyen d’expression passe au second plan. C’est aujourd’hui dans la photographie – avec comme influences premières Stephen Shore ou Harry Gruyaert -, au gré d’expositions diverses, avec notamment une sélection récente à la BIP, et dans la musique, sous le pseudo de Reptl Wins, – avec des références aussi diverses que Goblin, Alchimist, Neil Young ou Kate Bush -, qu’il est actif.
Héritage
Outre l’amitié, c’est avant tout une culture partagée qui les rassemble. Ils se considèrent tous comme les héritiers d’un même univers : les années 80, avec ses films et dessins animés de science-fiction, son esthétique post-punk, l’ambiance retro-wave, retro-futur, le cosmos, l’intergalactique, l’anticipation. Bref, ils se réclament d’un même héritage : les enfants du Cosmos. « On a décidé de mettre un nom sur cette espèce d’alchimie », commente Michael. La culture hip-hop, cruciale dans leur rencontre, marque de son empreinte la formation du groupe. Cosmokidz est pensé comme un Crew, terme désignant un groupe d’amis réunissant un ensemble d’artistes variés. À partir de là, exit les noms et prénoms. Dorénavant, c’est sous leur Blaze qu’ils veulent se faire connaître : MIKE THEM, 1NCE (pour Constant) et SAB.
C’est le sourire aux lèvres qu’ils parlent de la formation de Cosmokidz, et il est difficile de ne pas sentir l’hommage amusé dans l’exploitation des codes d’une culture qui a bercé leur jeunesse. Aujourd’hui, si Them continue d’être actif dans le graff, 1nce et Sab se sont progressivement distanciés du street art, non pas dans une logique de rejet mais plutôt d’évolution. « Le graff nous a amenés jusqu’à un certain stade, explique Mike Them. Je veux peaufiner ce qu’il m’a apporté sur des supports de papier et de toile pour en faire des expos. Je veux garder cet esprit urbain, un peu vandale, mais en l’amenant dans une autre dimension,
sur un autre plateau. Aller vers quelque chose de plus artistique, de plus travaillé, de plus approfondi. »
Le Crew, c’est une famille, un clan vers lequel retourner pour se confronter aux autres et trouver de l’inspiration. Ceci explique pourquoi gravitent autour d’eux ceux qu’ils appellent des homeboys, amis et connaissances qui les soutiennent, les conseillent, sans pour autant participer aux projets. Au fil des années, différents nouveaux membres ont rejoint Cosmo, comme Richard Colvaen, musicien ; QUENT1 et RKN, illustrateurs ; le graffeur NOVA DEAD, ou le DJ EL G. « C’est une famille. Ceux qui sont chez Cosmo, c’est des amis sur qui on peut compter. Ça fait longtemps qu’on se connaît pour la plupart. Ou des gars avec qui il n’a pas fallu beaucoup de temps pour se rendre compte qu’on avait des affinités », raconte Them. « Cosmokidz, c’est mon deuxième nom de famille », renchérit Constant. Dans les premières années, le groupe fonctionne principalement comme marque de fabrique du travail des différents membres du collectif. Lorsque Sab expose ses photographies à la BIP, ou comme récemment, au Côté Cour Côté Jardin en Outremeuse, il prend soin de faire référence à ses comparses Cosmo. Mike Them, engagé avec le collectif JNC sur le projet Karbon Kabaret, se réjouit de la vitrine potentielle pour Cosmokidz, qui était pour l’occasion mappé sur les murs du Palais de Justice de Liège. Le Crew a aussi disposé d’une visibilité extra-liégeoise au travers des réalisations de ses membres, que ce soit lors d’expos réalisées par Mike Them sur Paris avec le collectif 1984, à l’occasion du passage de Richard Colvaen à Dour en 2014 ou lorsque Nova Dead graffe sur Bruxelles.
Des signes distinctifs dans la ville
On le voit, Cosmokidz reste jusque-là une association d’artistes impliqués dans des projets épars. Une étape supplémentaire est cependant franchie un peu par hasard en décembre 2014. Le projet de base est modeste : créer un emblème que les membres du Crew, les homeboys et les amis pourront porter à titre de soutien et ainsi leur faire de la promotion. De là, tout s’emballe : les vêtements sont écoulés en un temps record, compris une édition package incluant des stickers ainsi qu’une sérigraphie numérotée et signée par l’un des Cosmo. L’engouement généré les surprend. Et s’ils continuaient à s’associer pour produire quelque chose de plus fort ?
Ce prochain projet, actuellement en gestation, prendra la forme d’un magazine. Plutôt que de compiler diverses contributions des membres, il s’agira de proposer, sous la forme d’un livret, différentes œuvres collectives, cosignées et presque anonymes. La seule mention ? Cosmokidz. Comme le dit Them, « après quatre années passées ensemble à travailler un peu chacun de son côté, on s’est dit qu’il était temps de se réunir, pour faire quelque chose de fort, pour avoir un plus gros impact. On a remarqué l’effervescence autour de Cosmokidz. Ce sera une manière de démontrer ce qu’on peut faire ensemble. »
Si cette publication est leur grande priorité, elle sert avant tout d’étape préliminaire au premier grand projet collectif du Crew : une expo prévue pour le courant de l’année 2016. Le magazine permettra de penser les oeuvres collectives en deux dimensions pour mieux les adapter dans un contexte de salle plus tard. Pour un collectif qui, depuis sa création, semble avoir saisi les opportunités au vol plutôt que de les avoir forcées, rien d’étonnant à ce que les contours de l’exposition soient toujours flous. L’équipe veut pousser jusqu’au bout l’idée de travail collectif : « On vise une homogénéité, comme s’il n’y avait qu’une seule et même personne qui avait projeté son univers », précise Mike Them.
Cosmokidz va rassembler dans les prochaines semaines le noyau dur des membres pour engager une réflexion sur les thématiques et les modes de travail. Avec l’ambition de convoquer, entre autres, le son, la sculpture, la photographie, le graff, l’illustration, l’installation et le mapping, dans un mélange qui refuse
les clivages entre modes d’expression pour mieux les sublimer. L’évènement sera également pour eux l’occasion de se présenter non plus comme la simple somme d’individualités, mais aussi en tant qu’un ensemble d’artistes réunis par le même élan créateur. Laisser venir un langage commun plutôt que de l’anticiper ou de le forcer, c’est la méthode recherchée par le collectif. Comme le met en évidence Sab : « On sait où on va. Mais, quelque part, on ne le sait pas encore. Il faut qu’on se réunisse et qu’on bosse ensemble. On aura sans doute des idées à la dernière minute, en fonction du lieu et de l’endroit. Ce sera une explosion cosmique. »
Alors, Cosmokidz, Crew au sens « urbain » du terme ou collectif d’artistes ? Probablement que les deux qualifications, complémentaires au demeurant, continueront de les définir au fil de leur existence. Et qu’importe d’ailleurs, tant l’une des principales caractéristiques de ce groupe consiste précisément à échapper aux clichés. Il a su faire de la résistance à toute tentative de catégorisation, l’une de ses forces majeures – aussi bien dans sa démarche artistique que son inscription dans le milieu liégeois –, en cultivant les tensions, voire les paradoxes, totalement décomplexée et assumée.
Il y a trois ans, Cosmokidz naissait comme le délire d’un trio déterminé. C’est aujourd’hui une bande d’une dizaine de contributeurs, plus ou moins actifs mais toujours bien décidés à en découdre. La plupart sont lancés professionnellement, même partiellement, mais restent mûs par ce désir de convivialité et d’ambiance. Ayant fait leurs premières armes dans la rue, les fondateurs de Cosmokidz ont à présent l’ambition d’exposer et, de ce fait, de s’inscrire dans un processus d’art institutionnalisé. Éloignés du street, cet « art vandale », les codes urbains restent néanmoins une influence majeure dans le travail du collectif, qui emprunte énormément à l’ambiance de la rue, à la culture et aux codes hip-hop dans son fonctionnement et son esprit.
L’urbain comme fil conducteur
Il ne s’agit pas pour le crew de tenter de transposer un mode de représentation street – libre, autopromu, improvisé, totalement démocratique dans son approche et son accessibilité – dans des lieux d’exposition construits, reconnus, financés, institutionnalisés. Au contraire. Ils s’opposent clairement à cette démarche dont ils ont été témoins et qu’ils trouvent superficielle, comme l’explique Them : « On ne veut pas faire comme ces gars qui font du graff dans des salles d’expos. Le graff est complètement lié à la rue. » Cette forme d’art est indissociable de la notion d’acte : trouver un mur, un espace public, qui devient un mode d’extériorisation et de transmutation artistique.
La ville, « l’urbain », constitue ce fil conducteur qui relie le travail et les ambitions actuelles du crew à ses origines. Mike Them l’explique : « La rue, c’est la plus grande des galeries du monde. Tout le monde passe dans la rue. C’est dans ces lieux que se trouve la « vie » : les gens, les rencontres, les bagarres, tout. La salle d’exposition, c’est comme une salle de cinéma dans laquelle tu rentres pour aller voir un film qui a été tourné dans la rue. Tu peux vivre vingt ans dans la même ville sans en connaître toutes les rues. Le boulot de l’artiste, c’est de montrer une autre vision de la rue, différente de celle que tu pourrais avoir. »
L’éloignement du « bitume » n’est donc que circonstanciel, la pratique du collectif reste entièrement liée à ses origines street, moins dans une logique de présentation que dans les thèmes, motifs et héritages. La production des trois membres fondateurs est éloquente à cet égard. Que ce soit Mike Them, pour qui le graff est une source d’inspiration dans son travail d’illustrateur, Sab, dont l’oeuvre se nourrit d’incursions dans la ville, ou 1nce, dont les créations commencent et finissent dans la rue.
Dès lors, pourquoi créer dans les salles d’exposition ? Par volonté de reconnaissance ? Pour la recherche d’une certaine
forme de professionnalisation ? Par maturité ? Pour toucher un public différent ? Un peu tout ça, sans doute. Il y a aussi les opportunités. Aujourd’hui, le street art semble profiter d’un rayonnement de plus en plus large dans les salles d’exposition. L’évolution du collectif vers l’espace protégé de la galerie ne doit pas être compris comme l’exclusion de la rue en tant que mode d’expression, ni comme un vulgaire déplacement artificiel d’oeuvres urbaines. Il s’envisage comme la conjonction de deux manières distinctes, et complémentaires, de revendiquer leur art. Les graffs de Mike Them, et les photos-stickers de 1nce, qui restent visibles dans le paysage urbain de Liège et de Verviers, sont des exemples parmi d’autres des productions du collectif qui attestent de cette position dédoublée.
Malgré son récent développement, l’initiative résiste encore à la tentation – et la facilité, probablement –, de se donner un statut fixe, juridique ou reconnu. Pourtant, leur rapport à des subsides potentiels est trouble : le trio partage cette conviction qu’ils sont tout au moins aussi méritants que d’autres artistes et collectifs subsidiés, et accueilleraient volontiers un soutien financier. Leur vente de T-shirts atteste cependant d’une logique de débrouillardise et d’initiative qui s’oppose à de l’attentisme. Comme le soulignent Constant et Them, « on ne va pas attendre que quelqu’un nous donne de l’argent. L’expo aura lieu, quoi qu’il arrive ».
Dans son inscription géographique, Cosmokidz semble aussi échapper à toute tentative d’appréhension : intimement lié au bassin liégeois dans ses origines et son développement, le collectif s’y sent pourtant un peu à l’étroit, y déplorant l’esprit de chapelle, et favorise activement les collaborations avec des artistes et des institutions de portée internationale. Le Cappuccino, devenu au fil des mois une sorte de QG implicite du groupe, est tout sauf un repère qu’ils comptent investir, mais plutôt un endroit où membres et supporters ont tendance à se retrouver.
En constante mutation, le crew intègre en son sein une multitude de formes possibles de l’idée de collectif, et atteste de la richesse de l’émergence locale de cultures alternatives. Tout à la fois bande de potes et collectif, liégeois et internationaux, undergrounds et institutionnalisés, street et raffinés. Les Cosmo tirent leur force de leur diversité. Loin des positionnements simplistes et revendiqués, ses membres semblent plus intéressés par l’exploitation de leur art que par la volonté d’y apposer une ou plusieurs étiquettes. Renfermant en son sein un ensemble varié et parfois contradictoires de postures par rapport à l’expression artistique et à la reconnaissance inhérente à celle-ci, Cosmokidz est un symptôme actuel d’une culture qui entend échapper à la hiérarchisation, à la définition ou à l’inscription commode dans les cases d’un formulaire de subvention pour créer dans son sillage une effervescence, un terreau créatif qui s’étend au-delà de ses terres.
Des liens pour aller plus loin
COSMOKIDZ
www.facebook.com/cosmokidz
MIKE THEM
them83.tumblr.com/
REPTL WINS
https://soundcloud.com/rptlwins/
CONSTANT / 1NCE
constantinoskaroulidis.tumblr.com/
QUENT1
o-y-u-e-q.tumblr.com/
EL G
https ://soundcloud.com/datboyzk/
RICHARD COLVAEN
https ://soundcloud.com/richard-colvaen/
NOVA DEAD
https ://
novadead.wordpress.com/