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Pouvoir voir ce que l’on ne voit pas,
c’est percevoir
la magie du laissé pour compte,
la complexité du cassé,
la mystique du mal foutu,
la perfection du pas bon,
la physique de l’affaissement,
l’équilibre de l’hésitation,
la chimie des temps,
l’histoire et la géographie
des déserts urbains,
le prisme des ombres,
le merveilleux de l’illusion,
la mythologie de la salle de bain,
les premiers prix de poésie
hard discount,
la cosmogonie du différent.
2 addendum
La lose, elle est fatalement là. Nous avons tenté de la transformer en un outil qui permettrait de remettre en question les standards de vie et de vision. Une polarité d’esprit qui transforme le monde connu en un continent à découvrir. Perdre pour trouver, rien pour chercher, l’absence de repère comme carte du monde, la fragilité comme matériau de construction, les antennes du sensible comme clé de création, d’images. Transformer la lose, c’est transformer ses handicaps en outils de création, ses faiblesses en singularités, et se repositionner au monde. C’est transformer un sort en destin. C’est acquérir une souplesse qui devrait nous permettre de ne pas nous briser sur toujours plus dur et d’avoir confiance dans nos formes.
HARRISSON, Professeur/passeur pour le cours de Master 1 et 2 Communication visuelle et graphique de l’Erg.
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L’exercice est simple : vous avez perdu vos clés, votre téléphone ou votre portefeuille. Ou même les trois à la fois. Le monde ne va pas se transformer à cette nouvelle, mais vous, certainement.
Cette perte, cette sortie de route, cet égarement peut-il aider à relire le monde, et à paradoxalement se le réapproprier ? La définition de l’aventure est de ne pas savoir où l’on va, « on ne sait pas où cela mène » : la guerre, la maladie en sont les illustrations.
Être un loser, c’est être le figurant de la perte, le protagoniste perdu, l’invisible empereur du rien. Ces riens, ce sont des continents inaperçus, des mondes à coté, spectaculaires sans l’être, beaux en étant moches, fascinants d’incroyable originalité ordinaire. Pouvoir voir ce que l’on ne voit pas, c’est percevoir la magie du laissé pour compte, la complexité du cassé, ystique du mal foutu, la perfection du pas bon, la physique de l’affaissement, l’équilibre de l’hésitation, la chimie des temps, l’histoire et géographie des déserts urbains, le prisme des ombres, les premiers prix de poésie hard discount, la cosmogonie du différent.
La lose, elle est fatalement là. Nous avons tenté de la transformer en un outil qui permettrait de remettre en question les standards de vie et de vision. Une polarité d’esprit qui transforme le la mmonde connu en un continent à découvrir. Perdre pour trouver, rien pour chercher, l’absence de repère comme carte du monde, la fragilité comme matériau de construction, les antennes du sensible comme clé de création, d’images. Transformer la lose, c’est transformer ses handicaps en outils de création, ses faiblesses en singularités, et se repositionner au monde. C’est transformer un sort en destin. C’est acquérir une souplesse qui devrait nous permettre de ne pas nous briser sur toujours plus dur et d’avoir confiance dans nos formes.
Avec l’espoir de conjurer une malédiction, ou tout du moins en retourner les interprétations, nous nous sommes lancés dans des explorations de cet ordre, au risque de nous perdre nous-mêmes. Car s’il est simple de voir le loser chez le voisin, dans les bouquins, dans les magasins, rien n’est moins facile que de lire le perdant en nous. Nous serons toujours le loser d’un autre. Et sans tenter de le vivre et le ressentir, il ne peut y avoir que cynisme et distance, ces usines à exclure, ces fabriques à lose.
L’exercice est simple: vous avez perdu votre foi, votre lieu ou votre corps. Ou même les trois à la fois. Le monde ne va pas se transformer à cette nouvelle. Mais vous, vous l’êtes déjà.