Aussi longtemps que l’herbe poussera…

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« Si vous allez vers le soleil couchant, alors vous serez heureux. Là-bas, vous pourrez vivre en paix et dans la tranquillité. Tant que les rivières couleront, et que grandiront les chênes, nous vous garantissons que ce pays sera le vôtre. » Telle fut, en 1829, la réponse adressée par le Président des Etats-Unis, Andrew Jackson, à une délégation d’Indiens Cherokees. Ils étaient venus protester contre un décret du Congrès qui organisait la confiscation de leurs terres, et la déportation massive de leurs tribus vers l’ouest, au-delà du Mississippi. C’était le début des guerres indiennes.

Cette phrase pourrait figurer en bonne place dans un catalogue des promesses non tenues, des mensonges et du cynisme avec lesquels on a si souvent dans l‘Histoire trompé tant de peuples. Car, bien entendu, une fois qu’ils eurent quitté la terre de leurs ancêtres, les Cherokees ne trouvèrent plus jamais le repos.

Le but était de les envoyer plus loin, toujours plus loin, vers l’ouest. Il fallait faire place nette pour l’agriculture, les chemins de fer, les villes et les industries des hommes blancs. Les Cherokees se dispersèrent. Beaucoup moururent en route, dans les prisons ou au combat. Car il y eut des révoltes, et elles furent impitoyablement réprimées. Quelques années plus tard, le chef indien Black Hawk, vaincu et capturé, dira dans son discours de reddition: « J’ai combattu bravement. Mes guerriers sont tombés autour de moi. Aujourd’hui, c’est le dernier soleil qui brillera sur moi. Il n’y a rien dont j’aie à me repentir. Vous savez les raisons pour lesquelles nous vous avons fait la guerre. Tous les hommes blancs les savent, et ils devraient en avoir honte. »

Les guerres indiennes demeurent l’une des pages les plus sombres de l’histoire des Etats-Unis, même si elle est désormais reconnue, et si beaucoup d’historiens n’hésitent plus à employer, pour les qualifier, le terme de génocide.

Il n’est pas inutile de le rappeler à l’entame de ce numéro estival, où il sera question de ces cowboys et de ces Indiens qui ont si puissamment contribué à construire notre imaginaire. Le temps a passé. Les westerns nous ont appris, peu à peu, à ne plus voir les Indiens sous la seule figure de l’Autre, toujours sauvage. Mais les leçons demeurent… [voir en PDF]

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