« Moi, si on me fout une fille dans l’équipe, je ne fais ni une ni deux : je la viole ! »
(X, ouvrier du bâtiment)
« Je préfère quand même que ma fille ait une institutrice. Je ne dis pas que les hommes ne peuvent pas faire ce travail correctement, mais avec tout ce qu’on entend… »
(Mme S., mère de famille)
Ces deux phrases – la première rapportée, et la seconde entendue à l’école de mes gamins –, aussi glauques soient-elles, lèvent le voile sur une réalité bien tangible : l’égalité entre hommes et femmes en termes d’emploi aujourd’hui, c’est encore un mirage !
Quand les médias en parlent, cela concerne la plupart du temps les emplois de cadres supérieurs ou de direction, ou encore les différences de salaire.
Nous avons tenté d’explorer des voies différentes, à travers deux secteurs perçus respectivement comme féminin et masculin : le secteur de la petite enfance, et celui du bâtiment.
Ceux-ci offrent l’avantage d’aborder le sujet dans une perspective double : des femmes dans des métiers dits d’hommes, et des hommes dans des métiers dits de femmes.
Le collectif Bât-Grrrls, rassemblant des femmes travaillant dans le bâtiment, a profité d’un festival organisé en France à Forcalquier pour échanger leurs expériences et réfléchir sur les difficultés qu’elles rencontrent, les forces qu’elles construisent, les alternatives auxquelles elles participent ou auxquelles elles rêvent. Pour penser aussi leur place et leur statut au sein de métiers où leur présence est vraiment infime (environ 1%).
Quasiment absents du secteur de la petite enfance, les rares instituteurs (3%) et puériculteurs (chiffres introuvables!) existants ont éveillé la curiosité de Pauline Schoenmaeckers, diplômée en 2014 en Sciences de l’éducation, qui a réalisé un mémoire sur « La question du genre dans les métiers de l’Éducation et de l’Accueil des Jeunes Enfants (EAJE) ».
C’est à travers les témoignages des unes et le travail de fin d’études de l’autre qu’émerge une série de questions renvoyant aux stéréotypes de genre dans le champ du travail. Des questions auxquelles nous avons réfléchi en tentant de penser, au-delà des réalités parfois déprimantes, en termes d’alternatives et de prospectives.