Depuis l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier dernier, nous avons assisté, parfois incrédules, à la Renaissance de la liberté d’expression : on redécouvre la presse dite « indépendante » de nos beaux pays « civilisés », on la consacre, on la fête, on la glorifie. Elle recouvre une dimension absolue, essentielle. Vive notre presse libre ! Dans le tourbillon médiatique de janvier 2015, il nous est arrivé d’avoir l’étrange impression que la principale menace qui planait désormais sur la presse indépendante et libre de s’exprimer s’incarnait dans une bande de fous furieux intégristes. Pourtant, si leur capacité de nuire à une rédaction apparaissait incontestablement comme évidente, d’autres dangers, plus structurels, nous semblent menacer fondamentalement le droit de raconter ce qui nous passe par la tête dans un canard, avec une caméra ou derrière un micro. Derrière le cadre légal qui garantit la liberté de la presse en Belgique, des logiques économiques façonnent le paysage des médias avec des répercussions directes sur leur fonctionnement, leur contenu et leur indépendance. Or, comme le dit l’adage : « C’est celui qui paie l’orchestre qui choisit la musique. » Nous avons donc voulu comprendre comment, au-delà des appels à la défense de valeurs intangibles, l’exercice de la liberté d’expression appliqué au monde de la presse (mainstream ou alternative, traditionnelle ou numérique) pouvait être impacté par les conditions de production et par les structures de financement du secteur médiatique ?