Il fut un temps où les Suédoises nous faisait rêver. Anita Ekberg, ruisselante sous sa robe du soir, dans le bassin de la fontaine de Trévi, invitait Mastroianni à la rejoindre, pour l’un des baisers les plus sensuels de l’histoire du cinéma. Les jeunes Suédoises, elles, s’invitaient dans nos fantasmes. Elles semblaient respirer la liberté, avec un parfum d’herbe sèche, de plage et de première cigarette…
Ce temps-là n’est plus. L’exhibitionnisme et la marchandisation des corps ont ôté toute saveur à la transgression. On nous a volé les Suédoises.
Aujourd’hui, la Suédoise c’est… une majorité politique. Elle a le visage de Bart De Wever, celui de Maggy Deblock, et celui de Charles Michel. Etrange majorité qui n’existe (et c’est une première) que dans la moitié nord du pays. Côté francophone, elle repose sur un peu moins du quart des élus. On nous dit que ce n’est pas grave, puisque six à sept schtroumfs – bleus, comme il se doit – et le Grand Schtroumf lui même, schtroumferont français au gouvernement. Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qui compte, comme on dit, c’est le programme que ladite majorité s’apprête à mettre en œuvre. A cette heure, les contours semblent encore un peu flous. Mais une chose est sûre : la Suédoise n’est pas là pour nous faire vibrer. Elle ne craque plus d’allumettes. Elle parle de saut d’index, de rigueur et d’austérité, et les seuls tabous qu’elle nous invite à enfreindre semblent être ceux qui garantissent quelques uns de nos droits sociaux.
Il n’y aurait, dit-on, pas d’alternative. Alors, il est grand temps de la construire. Et de retrouver les Suédoises…