On a tous en mémoire le buzz réalisé par le site « flemme.be » lors de sa mise en ligne. Nous, à C4, on a plutôt éprouvé une sympathie naturelle pour le projet. C’est iconoclaste, un brin provoc, presque d’une certaine gaieté ! Mais, le buzz retombé, on se demande toujours ce qui, et qui, se cache derrière ? Alors, « flemme.be », c’est quoi ? Une provoc one shot ? Un canular imaginé par des activistes des droits des chômeurs ? Un service public numérique pour les sans-emploi ? Des jeunes loups prêts à profiter de la misère sociale ? Ou juste une start-up qui a compté sur la pub virale pour se faire une e-réputation ?
En mars, la mise en ligne de « flemme.be » a suscité pas mal de polémiques dans les médias belges, sociaux ou mainstream. Pour rappel, ce qui a fait débat, c’est que le site s’adresse aux chômeurs et propose de leur faciliter la vie en envoyant à leur place des candidatures spontanées à un carnet d’adresses bien fourni. Et en plus, ça s’appelle Flemme !
Mais comme ils ne font payer que 2 petits zeuros leur service, que de toute façon il n’y a pas d’emplois pour tout le monde et bien, nous, à contre-courant, on leurs jetait pas la pierre.
Il y a des tas de gens payés pour contrôler les chômeurs. Il y a des tas de chômeurs qui doivent faire semblant – ou pas – de chercher du travail et fournir régulièrement des preuves de leurs recherches actives. Et bien, selon l’offre et la demande, il y en a qui proposent leur service aux chômeurs en recherche active – ou pas – d’emploi ! Chacun fait son taf.
Juste que, en grattant un peu, il n’y a peut-être pas de quoi en faire des tonnes et sur-interpréter. Ni critique des chômeurs, ni de la politique de contrôle auxquels ceux-ci sont confrontés, il apparaît que « flemme.be » c’est juste l’idée un peu folle de deux jeunes potes de 22 ans, juste bien de leur temps ! Et s’ils désirent maintenir une offre de base accessible à tous, ils ont de la suite dans les idées. Ils planchent sur de nouveaux services, plus personnalisés. Plus rémunérateurs ? Et puis, ils viennent d’acquérir le nom de domaine : « flemme.fr »…
On n’a pas eu de nouvelles de l’ONEM. Par contre, le Forem nous a reconnu comme agence de placement
Fragments d’une rencontre avec Cédric Rossius, 22 ans, informaticien passionné et professionnel. Avec son copain Alex, 25 ans, ils ont co-fondé « flemme.be », un soir de délire. Ils ont tous les deux un emploi, mais il y a pas mal de chômeurs dans leur entourage. Le premier vit en province de Liège, le deuxième en France, ils bossent sur « flemme.be » durant leur temps libre ! Ils ont été un peu dépassés, mais ravis de l’ampleur qu’ont prise les choses.
Cédric : L’idée d’un service automatique d’envoi de C.V. a été inventé avant de trouver le nom ; vraiment ! Puis le nom « flemme » s’est imposé un peu dans le délire d’abord. On s’est dit que ça pouvait faire un peu de buzz et que c’était facile à se rappeler pour les internautes. On a porté ça dans une démarche marketing. Si on a pensé au nom « flemme », ce n’était pas du tout par adhésion au stéréotype « chômeur = flemmard » ! Mais plutôt par ce qu’on entendait souvent de jeunes demandeurs d’emploi qui se démotivaient à force d’envoyer des tas de candidatures à gauche à droite, sans jamais obtenir de réponses, ou que des lettres type de refus. Donc on a juste imaginé automatiser un peu les choses pour faciliter la vie des sans-emplois et leur éviter des démarches lourdes, répétitives et souvent improductives ; tout en leur offrant un carnet d’adresses bien fourni et qui va s’étoffer encore.
Nous n’avons jamais eu, comme beaucoup l’ont soupçonné ou fantasmé, l’idée d’aider les chômeurs à passer leur contrôle de disponibilité avec succès et sans trop se fouler ! L’objectif, c’est d’abord d’aider les gens à trouver du travail. On le fait à travers l’envoi
automatique de candidatures spontanées ; pas plus ! Après, les gens font ce qu’ils veulent. Ils vont aux entretiens qu’ils obtiennent, ou utilisent nos documents comme bon leur semblent… Dans notre esprit, on n’offrait pas une technique pour gruger les facilitateurs de l’ONEM censés donner ou non leur blanc-seing aux « vrais demandeurs d’emploi ». Comme toutes les techniques, elles peuvent être détournées. Nous avons eu des demandes pour faire des faux et nous avons refusé. Mais, si notre site peut aider certaines personnes…
Dans la presse, l’ONEM avait promis que leur service juridique allait se pencher sur notre cas. Voir si « flemme.be » ne cachait pas une tentative de « fraude organisée » !
Les autorités ont finalement communiqué sur le fait qu’il ne suffisait pas de présenter un tas de candidatures par mail pour être considéré comme vrai demandeur d’emploi ! Et jusque là, pas de nouvelles de l’ONEM ! Par contre, nous avons vite dû traiter avec le Forem. De par les services qu’on offrait, on devait être reconnu comme « Agence de placement ». Et nous avons très vite obtenu ce titre officiel d’agence de placement, au même titre que les agences d’intérim !
Les retours sont nombreux. Il y a des critiques, c’est sûr, mais nous débutons ! Les plus beaux retours qu’on a, c’est quand quelqu’un nous dit qu’il a obtenu un entretien, ou même un job grâce à nous ; c’est arrivé ! Et puis nous pensons à développer le site, étendre nos services, avec des C.V., des lettres de motivation automatiques, mais personnalisées. Non, « flemme.be », c’était vraiment pas juste un coup !
C’est vrai aussi qu’on aime se marrer dans le travail. Le 1er avril, sur notre page Fb, nous avons lancé un nouveau service : « Pour 100€/mois nous vous proposons d’envoyer quelqu’un travailler à votre place quand vous avez vraiment trop la flemme ! ». C’était une manière fun et provoc de répondre aux nombreuses critiques exagérées. Mais, franchement, on ne fait pas de politique ! Nous sommes avant tout deux jeunes entrepreneurs un peu fous. Et si on doit répondre à votre question de départ, je dirai que nous sommes d’abord des startupers. Des startupers citoyens, si vous voulez !