Special Olympics Belgium 2012

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Le sport, au-delà de la compétition, est un vecteur important de socialisation. Les Specials Olympics ont en fait la preuve, une fois de plus, à Liège en mai dernier. Sport et handicap ne sont pas incompatibles. Surtout dans un espace ouvert, où les handicapés sortent de leurs habitudes et de la monotonie qui peut exister dans les résidences spécialisées.

« Attention, prêts ? Partez ! » Les cinq coureurs s’élancent sur la route, guidon en main, à fond les pédales ! Nous assistons à la course cycliste du 15km homme des Special Olympics Belgium 2012. Jean-Michel, en maillot jaune vif, cuissard noir, se fait rapidement devancer par un autre coureur qui a manifestement l’intention de finir premier.

Par chance, le soleil est au rendez-vous. Les spectateurs, coachs, amis, famille, volontaires, hurlent et encouragent les cyclistes. A la moitié de la course, la fatigue commence à se lire sur les visages des athlètes. Mais pas d’abandon, tout le monde passera la ligne d’arrivée ! Certains ont tout l’équipement professionnel, d’autres courent sur des vélos de ville, en t-shirt et survêtement. Qu’importe, ils se sont tous entraînés deux, trois fois par semaine pour être là. Et une fois sur leur vélo, leur handicap reste au vestiaire.

Car Jean-Michel, comme les 3269 autres sportifs belges inscrits, est handicapé mental. Et tous, avec leur handicap, s’affrontent dans l’un des dix-neufs sports répartis sur les six sites liégeois (Sart-Tilman, Seraing et centre-ville). Dix-neuf catégories qui vont de la natation, à la course à pied, en passant par l’équitation, le basket, le tennis de table ou encore le judo. Pendant que Jean-Michel s’apprête à entamer son quinzième tour de piste, Charlotte se concentre dans l’allée 3 du bowling pour essayer de faire un strike. Yvone, elle, se tient prête, immobile sur le tapis du gymnase, à démarrer sa chorégraphie. Réalisée avec grâce, la jeune fille est récompensée par une excellente note : 8,5.

 

« Il n’y a plus de différence »

Qu’on se le dise, les Special Olympics sont une vraie compétition, et pas seulement organisés pour « faire plaisir ». Comme aux Jeux olympiques, les sportifs doivent passer les qualifications avant d’accéder à la finale. Même si l’idée principale reste la participation, l’échange et la bonne humeur, surtout la bonne humeur. Avec un sourire sur chaque visage. Aux côtés des athlètes, les bénévoles, 1704 au total, montrent autant d’enthousiasme. Petites fourmis, ils courent partout, aident à l’organisation, distribuent repas et boissons, accompagnent sportifs et visiteurs. L’asbl qui est derrière l’événement est soutenue par le Comité olympique, afin de pouvoir utiliser le terme « olympic » dans leur appellation. Cependant « l’événement est entièrement financé par les sponsors et les donations », comme nous l’a expliqué Islin, assistante marketing et sponsoring.

Retour au bord de la route, au Sart-Tilman, pour rencontrer Jean-Michel à l’arrivée des 15km. Fatigué, épuisé, mais ravi d’avoir été jusqu’au bout, même s’il a fini 5e il n’en perd pas le sourire. Membre du club La Pommeraie, il sait qu’il reviendra l’année prochaine pour les Jeux nationaux à Gand, et peut-être même en 2014 pour les Jeux européens. Son coach est fière de lui. Qu’il finisse premier ou dernier, cela n’a au fond pas beaucoup d’importance : « On est super contents ! L’important pour eux c’est la préparation toute l’année. C’est beaucoup d’efforts, beaucoup d’entraînements, toute l’année, et puis au mois de mai c’est toujours la concrétisation de tout ce travail. Ces quatre jours qu’on passe ensemble, vraiment 24h/24h, ça permet des échanges entre les résidents, mais aussi nous avec les résidents. Et puis vu le nombre d’athlètes, eux ils ont la chance de pouvoir côtoyer d’autres personnes, et puis de se mettre en avant aussi. Par rapport à leur sport et par rapport à leur discipline. Comme tout un chacun. Il n’y a plus de différence. Et ça, c’est génial ! »

Comme
aux Jeux paralympiques, les Special Olympics ont pour objectif de faire oublier les différences. Les handicapés mentaux sont mis sur le devant de la scène. Une visibilité encore peu relayée dans les médias, mais une visibilité tout de même, où, le temps de la compétition, le public les redécouvre au-delà de leur handicap.

 

 

Rédigé avec Hélène Molinari.

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