2012 l’année de toutes les pressions ! le tempo est donné et se propage à la vitesse du son : c’est la fin de la récré, le temps de l’austérité. Les médias organisent l’office à grandes pompes; les académies, les experts de tout poil vont pouvoir y déployer une pensée qui mettra au pas des citoyens aux abois. Le débat est confisqué par les technocrates qui prennent la place de politiciens devenus aphasiques et impuissants face à la déconstruction et au démantèlement des États qu’ils ont pourtant -pour la majorité d’entre eux -contribué à créer…
Les agences de notation dirigent la manoeuvre, cotent, sanctionnent et dégradent les États qu’elles tiennent dorénavant dans leurs mains. Paradoxe, ce sont elles qui distribuent le bulletin alors qu’elles sont l’émanation directe d’un secteur bancaire qui s’est bien gardé de jouer la transparence lors de l’effondrement de 20O8.
Un jeu de dupes qui creuse le gouffre, divise et va laisser sur le flan des millions de citoyens en Europe. Il va falloir métaboliser, produire, penser et rebondir: résister à la posture dépressive, réinjecter du vivant là où on voudra faire mettre genoux en terre… Réinventer des rapports de force, pratiquer l’esquive, la ruse et le paradoxe … « d’une certaine gaieté ».
Pour ce numéro nous avons confié aux journalistes de C4 une déclinaison des bonnes résolutions en ces temps de crise ; elles parcourent ce numéro comme autant d’invitations à nourrir le débat, lancer des pistes individuelles et collectives.
En ce début d’année marquée par les premières mesures gouvernementales, il nous fallait analyser des décisions prises par le gouvernement en matière de législation de chômage. Bien sûr, elles constituent la porte d’entrée de la régression sociale mais elle signifie, très concrètement, une terrible menace pour les équipes de travailleurs de « D’une certaine gaieté » – constituées par beaucoup d’intermittent qui n’ont jamais pu sortir de la précarité. Ceux sont eux aussi qu’on menace aujourd’hui d’exclure. Les marges de manœuvres se referment : l’ère du bricolage institutionnel touche à sa fin. Il n’y a plus de tabou, plus de promesse si ce n’est celle d’une lente désagrégation dont on ne soupçonne pas encore suffisamment l’onde de choc.
En mars prochain C4 aura 20 ans. Qu’avons-nous fait de nos 20 ans, que sommes nous devenus et que voulons-nous poursuivre ? Un anniversaire qui sera l’occasion d’un redéploiement multi-médias et rédactionnel dont nous vous reparlerons lors de notre prochaine édition.