Engagements

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A l’heure où Le Monde tente d’éclairer ses lecteurs avec une carte interactive des révoltes au Maghreb et au Moyen-Orient, quelle cartographie peut-on dresser des espaces et des formes de l’engagement chez nous ?
L’altermondialisme n’a pas su décoder les conseils que l’écrivaine et activiste Starhawk formulait déjà en 2001, au moment des manifestations contre le G8 de Gênes. En lisant ses recommandations aujourd’hui, la disparition de ce cadre général dans lequel pouvait se connecter toute une série de luttes et de mouvements affinitaires devient tout à coup évidente.
Du côté de nos syndicats, côté CSC, on mise tout sur l’internationalisation du mouvement , tandis que la FGTB entend faire barrage à l’idéologie libérale ambiante en « expliquant ».
Nos étudiants, figures emblématiques de l’engagement, semblent fatigués par avance des luttes perdues par leurs pères, comme s’ils les avaient vécues dans leur chair.
A l’heure de SHAME, ici, et des révoltes qui secouent le monde arabe, beaucoup encensent Facebook, Twitter et autres canaux modernes, qui permettent de catalyser des luttes en marge des institutions traditionnelles. Mais, comme le dit un proverbe arabe, « L’étincelle met le feu à la plaine quand la sécheresse est passée d’abord »… Les insurrections récentes ne sont pas nées à même les réseaux numériques. La colère grondait déjà depuis longtemps… Pour les hackers, les nouvelles technologies ne doivent pas se limiter à être un canal de l’engagement et des luttes, mais doivent en intégrer le contenu au sein même des outils et usages numériques, comme par exemple le copyleft.
Pendant ce temps, des intellectuels invitent à repenser l’engagement à travers la poétique, entendue comme connexion directe de l’art et de la politique. C’est un peu ce qui s’est passé à travers le dispositif « Diogène » organisé en « off before » du Festival de Liège, et dont ce dossier fait écho. Un simple tonneau renvoyant à la figure symbolique de Diogène, et des artistes, des chômeurs, des syndicalistes, des collectifs, des assos… qui viennent interpeller le public dans un espace public improbable.
Pris entre cyclones d’un côté et torpeur d’après-défaite de l’autre, le monde de l’engagement semble décidément difficile à décrypter. Comment le penser ? Comment le dire ? Comment le réinventer ?

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