Aaaah ! Le harem… On imagine la tiédeur d’un lieu où la chair des femmes s’offre au regard et à la main. On se projette dans un univers où la beauté, le luxe et la volupté trouvent à s’ébattre. En arabe, le mot désigne à la fois le foyer (harim) et l’interdit (harâm). On songe à la langueur. On évoque ces femmes belles, allongées… passives. Pourtant, à y regarder de plus près, le harem est plutôt une collectivité grouillante d’activités, un système éducatif très organisé dont la finalité est d’assurer le contrôle de l’avenir dynastique en réduisant l’ambition de pouvoir des grandes familles turques. Dans un harem, il n’y a pas réellement de femmes objets. Il y a juste des femmes, fortes ou faibles, stratèges ou esclaves, qui vivent, travaillent, écoutent, décident, et surtout apprennent. Toutes, quelque soient leur place, participent au maintien d’une structure étatique impériale, au développement d’une spiritualité où la sexualité existe, et au rayonnement de la culture orientale. Les femmes du harem sont butin de guerre ou achetées dans les populations asservies.
« Epousez, comme il vous plaira, deux, trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de ne pas être équitable, prenez une seule femme ou vos captives de guerre », dit une Sourate (IV, 3). En devenant captives, elles ont accès à une éducation, orientée le plus souvent en fonction de leurs talents personnels (musique, danse, broderie, lecture, travaux domestiques…). Le harem est toujours intégré à un sérail au sein duquel on trouve le Sultan, la Validé (mère du sultan régnant), les quatre épouses, les concubines, et puis les esclaves au service d’une femme du royaume, et que l’on appelle les odalisques. Ajoutons à cela, les eunuques, le chef des eunuques, et tout le personnel qui vient le jour en visite : les officiers, les ministres, les diplomates, les médecins, les professeurs, les menuisiers, les marchands divers… Sous le califat de Cordoue en Espagne (711-1031), on dénombre 5000 personnes dans le sérail… Le dernier harem existant ferme ses portes en 1909 à Istanbul. La fuite du Sultan Mehmet VI vers la Grande Bretagne sonne le glas de l’empire Ottoman et Mustafa Kémal, dit Atatürk, instaure la république en 1923. Quant au harem, privé de ses bijoux vivants, il devient musée.
Bon article qui nous éclaire sur un sujet connu de nom mais généralement sans plus de connaissances.