JULIEN LAHAUT vivant

Un livre de Jules Pirlot,
aux Ed. du Cerisier.
Préface de José Gotovitch.

Mais la lecture du livre de Jules Pirlot, « Julien Lahaut vivant », tout juste paru aux Editions du Cerisier, m’a permis de dépasser la « figure héroïque » et le pathos des discours commémoratifs pour découvrir un homme et sa vie. Une vie incroyable. Une épopée d’un demi-siècle de luttes et de combats continus, que son assassinat politique a hélas quelque peu gommés, faisant de lui un martyr et un héros.

De l’important travail de recherche mené par l’historien, doublé de la volonté de restituer une image de l’homme vivant, résulte un ouvrage dynamique qui, à bien des égards, se lit comme un roman, tant l’existence de Julien Lahaut est mouvementée, parfois même rocambolesque.
Son casier judiciaire évoque à lui seul le synopsis d’un film d’aventures. Et le récit de ses trois tentatives d’évasion de la Citadelle de Huy, avant son transfert au camp de Neuengamme, tient le lecteur en haleine comme le ferait un bon polar.

Cette duplicité de l’ouvrage – entre la recherche historique rigoureuse et le récit – fait aussi tout son intérêt, loin des travaux académiques destinés à une poignée d’érudits. Julien Lahaut lui-même se serait certainement réjoui que l’histoire de sa vie, mise en perspective dans le contexte socio-politique de l’époque, soit accessible à tous et toutes.

Ouvrier métallurgiste, syndicaliste, volontaire de l’Armée Belge en Russie en 14, sympathisant de la Révolution soviétique, fondateur d’un syndicat dissident, membre puis secrétaire du Parti Communiste de Belgique, député, anti-fasciste, partisan de l’Espagne Républicaine, déporté politique… Lahaut fut tout cela. Et plus encore. De l’anarcho-syndicalisme à la question royale, il a traversé la vie avec une énergie, des convictions et une générosité qui ont marqué toutes les personnes qui l’ont côtoyé.

Si l’ouvrage de Jules Pirlot nous fait entrer de plain pied dans la vie de Lahaut, il a aussi le mérite, comme le signale José Gotovitch dans sa préface, de nous emmener « au cœur même de la démarche qui fonde le militant », à notre flasque époque où, alors même que le monde « tourne sot», comme on dit chez nous, la résignation l’emporte trop souvent sur la révolte et sur l’action.

Autant de raisons qui font de « Julien Lahaut vivant », soixante ans exactement après son assassinat le 18 août 1950, un incontournable de la rentrée littéraire.

Possibilité de commander le livre aux Ed. du Cerisier, au prix de 12,50 euros.
Tél : 06/531 34 44 – editionsducerisier@skynet.be