Le terme « Levantins », de Levant, région où le soleil se lève —Machrek en arabe — a désigné en français et en italien (Levantini), à partir du XVIème siècle, l’ensemble des habitants du Proche-Orient.
Au XIXème siècle, et dans la première moitié du XXème, le terme a surtout servi à désigner des résidents de l’Empire ottoman et de ses Etats successeurs, d’ascendances européennes ou mixtes diverses. Pour la plupart catholiques romains ou uniates, mais aussi parfois protestants, les Levantins étaient ressortissants de divers Etats catholiques ou protestants (France, Italie, Autriche-Hongrie, Angleterre…), ou l’étaient devenus afin de bénéficier des avantages codifiés dans les capitulations.
Certains Levantins ont toutefois conservé la nationalité ottomane. Ainsi, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, plusieurs gouverneurs de la province autonome de Mont-Liban, qui devaient obligatoirement être des sujets ottomans chrétiens, furent des levantins melkites d’Alep (Syrie) de la famille «Franco »
« Lingua franca »
Il existait dans les villes portuaires de la Méditerranée orientale une langue de communication commune aux Levantins et aux marins marchands de toutes nationalités. Cette « lingua franca » reposait sur des bases d’italien et d’espagnol, avec des éléments d’arabe, de persan, et de turc.
Des approches multiples
Si le Levant se définit difficilement, la difficulté s’accroît encore avec le terme de « Levantin ». Il est plus que jamais sujet à de nombreuses interprétations.
Alors même que les grandes familles levantines originaires de Gênes ou de Venise et installées dans le Levant étaient souvent riches et puissantes, certains européens ont utilisé le mot Levantin avec un certain mépris, voire un certain racisme, pour désigner un individu cupide, peu fiable, ayant une identité floue, à l’aise partout mais nulle part chez soi. En somme, un individu auquel on reproche de n’appartenir à aucun pays, à aucune culture déterminée.
Amin Maalouf, dans son ouvrage « Les identités meurtrières », a dénoncé les risques de telles approches, caricaturales et réductrices, qui tendent à obliger chaque individu à se choisir une identité unique, qu’elle soit nationale, religieuse ou ethnique.
Pour ceux-là, le Levant de la coexistence pacifique entre Chrétiens, Juifs et Musulmans, était destiné à disparaître car anachronique, voire malsain. Pour d’autres, le terme « levantin » est utilisé avec une grande affection et une nostalgie pour cette époque révolue.
Même les spécialistes orientaux ont des approches différentes du terme. Certains qualifient de « levantins » tous les habitants de la région, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, majoritaires ou minoritaires, tandis que pour d’autres, comme Abdallah Naaman, « est levantin tout être qui se sent minoritaire et qui vit tout autour de la partie orientale de la Méditerranée ».