L’ identité a-t-elle une odeur d’ argent, ou l’inverse ? La crise économique et le malaise social seraient-ils les moteurs de ce questionnement ? Comme en Belgique, où l’on se situe à la parfaite intersection d’une série de facteurs historiques depuis la bataille de Waterloo et d’une politique néolibérale, avec tous ses sous-produits idéologiques : prédominance de l’argent, banalisation de l’inégalité sociale et de la xénophobie, rupture des solidarités sociales. Dans un tel contexte, les questionnements identitaires ont bon dos, devenant le prétexte idéal à toutes les scissions.
En Afrique, la colonisation a tracé des frontières rectilignes, créant divisions et confrontations entre ethnies. L’identité des mines – ses richesses – a mis le feu à des situations complexes. Le Rwanda en est un tragique exemple. Non loin, au Burundi, en 95, une petite fille s’envolait vers la Belgique et vers une prétendue « famille d’accueil » qui s’est révélée être sa « famille d’adoption ». Il lui a fallu des années avant de revoir sa vraie mère et de se réapproprier ses origines. Pendant ce temps, chez nous, Kamar partait en quête d’elle-même, au centre d’une double identité.
Dans un contexte socio-économique radieux, les questions d’identité nationale titilleraient moins les dirigeants. Et les critères d’obtention de la nationalité “européenne” – notamment pour ceux issus de pays laissés exsangues par les colons – seraient peut-être moins kafkaïens.
Au Moyen-Orient, où la situation est explosive, c’est avant tout pour augmenter sa propre sécurité et celle de sa famille, qu’un Libanais, qui se définit comme un levantin, a entamé une recherche pour attester des origines de sa grand-mère, et obtenir ainsi la nationalité italienne.
En temps de crise économique, tout s’effiloche. Et l’identité ouvrière, qui semblait avoir de l’épaisseur, navigue en eaux troubles. L’exemple de Billy Eliott, fils de mineur à l’époque de Thatcher, qui délaisse les cours de boxe pour enfiler tutu et chaussons, nous projette brusquement vers le salariat multipolaire du XXIème siècle, dépourvu d’outils politiques adaptés.
Les replis identitaires se nichent dans le creux des vagues. Avec une classe moyenne en pleine déliquescence, engorgeant un ascenseur social qui devient dingue et descend au lieu de monter, l’identité la plus tangible serait-elle sur Facebook ?
Reste-t-il encore d’autres contructions ? Comme celle de cet être, pour qui l’identité est un cheminement qui se construit pas à pas, au fil d’une vie. La poétique ?