Voyage dans le temps

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La machine à explorer le temps (The Time machine) est le titre du premier roman de Herbert George Wells, écrivain anglais de la seconde moitié du 19eme siècle. Au travers d’un récit illustrant la dégénérescence de l’humanité, le livre propose une satire de l’époque victorienne. Un scientifique londonien invente une machine qui lui permet de voyager à son gré dans le temps. Son premier voyage le conduit dans un avenir très lointain, où les humains se répartissent en deux races distinctes : les Éloïs et les Morlocks. Les premiers, êtres doux mais décérébrés, exclusivement animés de préoccupations hédonistes (jouer, manger, dormir), vivent à la surface de la Terre, transformée en une sorte de paradis où ne subsiste plus aucune autre espèce animale. Les seconds ne sont quant à eux que les avatars dégénérés d’esclaves désormais adaptés à leur habitat souterrain, remontant à la surface par des puits afin d’en ramener des Éloïs, dont en fait ils se nourrissent. La décadence de la civilisation est symbolisée par la ruine des somptueux édifices publics où vivent les Eloïs, et l’analphabétisme de ces derniers. À travers son roman, Wells dénonce, déjà, les méfaits du capitalisme : croissance des inégalités sociales, mécanisation à outrance, entassement de l’habitat, villes souterraines etc.

Le voyage dans le temps est un thème abondamment traité en science-fiction, au point d’en être considéré comme un genre à part entière. Cependant l’idée d’un voyage temporel n’est pas nouvelle, et les physiciens et les philosophes se sont eux aussi depuis longtemps penchés sur les effets théoriques du voyage à la vitesse de la lumière et aux paradoxes logiques qui naîtraient d’un voyage temporel rétrograde.

Ceux-ci ne manquent guère : un voyage dans le passé suppose d’abandonner le postulat de causalité qui veut que l’effet ait obligatoirement lieu après la cause. Renoncer à ce principe aboutit inévitablement à un paradoxe. L’écrivain français Barjavel, s’inspirant de l’œuvre de Wells dans son roman Le Voyageur imprudent, illustre l’ainsi nommé « paradoxe du grand-père », qu’il énoncera dans un post-scriptum ajouté à la seconde édition du livre, en 1958. En voici les termes: un être humain retourne dans le passé et tue son grand-père avant que ce dernier ait eu des enfants. Le voyageur n’a donc jamais pu venir au monde. Dans ce cas, comment a-t-il pu effectuer son voyage et tuer son grand-père?

Nombreux sont les écrivains et les cinéastes à avoir abordé le paradoxe temporel, chacun tentant d’apporter sa solution à l’incohérence née d’une telle situation (l’hypothèse de l’existence d’univers parallèles est celle qui offre probablement la réponse la plus logiquement acceptable). Les physiciens et savants, tels que Stephen Hawking ou Igor Novikov, ne sont pas en reste et ont aussi élaboré des théories permettant d’apporter une réponse plausible à la possibilité théorique d’un voyage dans le temps.
On peut par ailleurs considérer que la cryogénisation, à sa manière, permet aussi un voyage dans le temps, quoique à seule destination du futur. Bien entendu, le procédé est loin d’offrir la moindre garantie de succès. Il s’agit de conserver à très basse température des humains dont la subsistance ne peut plus être médicalement assurée, dans l’espoir de pouvoir les ressusciter ultérieurement. A l’heure actuelle, le procédé n’est pas réversible. Il suscite en outre beaucoup de scepticisme chez la plupart des scientifiques et médecins, et pose une série d’obstacles et d’interrogations d’ordre social, juridique, moral et religieux, l’état physique et légal actuel du « patient » cryogénisé étant celui d’une personne décédée. Dans Sleeper (Woody et les robots), un film écrit, réalisé et interprété par Woody Allen, le protagoniste, cryogénisé malgré lui, est réveillé 200 ans plus tard par un groupe de scientifiques, membres d’une organisation clandestine oeuvrant au renversement de la dictature en place. Allen y décrit, sur un ton loufoque, un
univers orwellien inspiré de 1984, et d’un roman, The Sleeper Awakes (Quand le dormeur s’éveillera), de… H.G. Wells.

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