Il faudra attendre la Première Guerre mondiale pour commencer à voir le stop se diffuser. Les soldats de l’alliance l’utilisent pour se déplacer, se rendre en permission et en revenir, puis il se diffuse auprès des populations civiles. C’est sans doute à cette époque que le terme américain “hitch-hiking” fut forge, puisqu’en 1923 apparaît la première référence dans un éditorial du journal américain The Nation.
En France, le mot “auto-stop”, avec trait d’union ou en un seul mot, apparaît en 1938 d’après Le Petit Robert. “Auto-stoppeur” qui qualifie les praticiens de l’auto-stop fait son apparition en 1950.
Le stop s’est étendu à toute l’Amérique du Nord et en Europe après la Seconde Guerre mondiale, pour être intégré au mode de vie de la “beat generation”, représentée par Jack Kerouac, l’auteur du célèbre On the road (1955). Ses personnages poursuivent leur quête d’eux-mêmes en traversant les Etats-Unis d’une côte à l’autre, le plus souvent en stop.
André Brugiroux, qui a fait le tour du monde en stop en six années raconte dans son livre La route (1986): “ En Pologne, j’ai pratiqué l’auto-stop d’Etat. Là-bas, c’est un service public. Pas idiot, le système ! On se procure des carnets de tickets dans les bureaux de tourisme et une fois sur le bord de la route, il suffit de montrer son carnet AUTO-STOP (imprimé en gros dans un cercle rouge), les gens s’arrêtent volontiers. En se quittant, on remet au chauffeur un coupon signé correspondant à la longueur du parcours effectué. A la fin de l’année, le chauffeur qui possède le plus de tickets gagne un prix. “
A partir des années 80, la pratique du stop perd du terrain. Plusieurs raisons sont à identifier : l’augmentation du nombre d’automobilistes, la démocratisation du prix des transports en commun, le nombre toujours plus grand de jeunes ayant accès à une voiture. Selon Brougiroux, le rapport de l’individu à l’automobile expliquerait aussi cet état de fait, : “(…) le stop est médiocre en France pour la simple raison que la voiture est l’appendice de l’habitat, une petite maison sur roues. MA voiture : “Tu n’entreras pas dedans comme ça, je ne te connais pas, et puis je me suis crevé pour l’acheter, alors va bosser, fainéant.””
Toujours est-il que le stop n’est pas mort, il bouge encore. Il bouge en particulier en Europe de l’Est et en Russie, où de nombreux clubs existent, organisant des rencontres et des compétitions en forme de parcours en stop. Leur but clairement affiché est de redorer le blason du stop en l’assimilant à un sport plutôt qu’à un mode de transport anarchiste.
Chez nous, des associations comme “Taxi-Stop” fonctionnent plutôt bien, en particulier en période de vacances. Mais il s’agit d’une formule organisée et sécurisée (en plus, on participe aux frais du voyage) assez distante du stop à la Kerouac.
Mais qui sait, avec la crise du pétrole et l’essor des politiques environnementales, le stop a peut-être encore de beaux jours devant lui.
Typologies : Le cas le plus courant est celui du stop de proximité motivé par des raisons économiques, ou en cas de déficience des transports en commun, en zone rurale notamment. Il s’agit plutôt d’un stop d’appoint en territoire connu. Les distances parcourues sont faibles. Moins pratiqué est le stop pendulaire. Quotidiennement ou hebdomadairement, le stoppeur s’en sert pour se rendre sur son lieu de travail ou pour rentrer chez ses parents le week-end. Dans ce cas la fréquence à laquelle il parcourt son itinéraire fait qu’il accumule beaucoup de kilomètres. Le stoppeur systématique pratiquera un stop tous azimuts parce qu’il juge qu’un véhicule personnel ou l’usage des transports en commun revient trop cher, ou parce qu’il est contre l’usage de la voiture pour des raisons politiques. Pour lui, le stop répond à un besoin fort de mobilité. Il parcourt un grand nombre de kilomètres, toute occasion lui est bonne.
Le voyageur circulera durant l’année à bord de son
véhicule ou en transports en commun mais utilisera le stop durant ses congés. Il préfère se déplacer en stop pour pouvoir partir longtemps à peu de frais. S’il ne pratique le stop que pendant de courtes périodes, les voyages qu’il fait peuvent l’emmener très loin.
Dans le monde : “Faire du pouce” disent les Québécois, “hitch-hiking” disent les Anglo-saxons, “trampen” les Allemands et les Israéliens, “a puttanim” les Islandais, “de aventon” les Mexicains, “cola” les Vénézuéliens, “a dedo” les Chiliens, “bobeia” ou “carona” les Portugais et les Brésiliens, “auto-stop” partout ailleurs, que l’on prononcera selon les latitudes : oto-stop, mouto-stop, auoto-stop, auoto-sitop, etc. […] “ Brugiroux in “La Route”