La Démarche 2010?: un périple alternatif qui redécouvre la vie en société

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Initiée en 2004 à l’initiative de François Schneider, la première Démarche s’appelait « La Marche de la Décroissance ». Un jour, ce docteur en écologie et enseignant à l’Université de Barcelone a décidé, en compagnie de son âne Juju, de parcourir la France à pied durant un an. L’aventure s’est terminée sur le circuit de F1 de Magny-Cours avec plus de 400 personnes. Son initiative devait interroger la société de consommation sur le sens qu’elle doit donner à son mode de fonctionnement. Est-il encore durable de promouvoir la surconsommation ? Ne vaut-il pas mieux penser la société en terme de non-croissance des biens plutôt que de viser l’accumulation des richesses qui n’a pas permis de procurer le bonheur à tous ? C’est ce genre de questions dont il a débattu avec les nombreux quidams rencontrés au fil de sa pérégrination.

« Je me souviens, en 2006, lorsque j’ai participé à la première Démarche en Belgique, qui partait de Lille vers le Sart-Tilman, avec des potes on distribuait des tracts aux passants qui expliquaient ce qu’est la décroissance. Notre objectif était de les sensibiliser. Aujourd’hui, cela ne se passe plus nécessairement comme cela », raconte Jean-Pierre Wilmotte. En effet, la première Démarche était décroissante. Cette année, les organisateurs veulent se distancer de tout mouvement politique. « C’est un peu à l’initiative de chacun de faire du colportage. Même si ça reste possible. Moi, cette année, je préfère réfléchir sur la vie collective et le respect du vivant », explique Bérangère Flouret. « Ce qui anime la Démarche, c’est la volonté de rencontrer les autres et de vivre avec eux. C’est aussi une façon d’aller plus loin dans une recherche personnelle sur sa conception de la vie: être plus en accord avec ses idéaux en cherchant ensemble d’autres moyens de se sentir bien sans que les choses à vivre nous soient imposées ».

Pour arriver à ce résultat, les décisions se prennent au consensus chaque soir autour d’un grand « cercle de parole ». Durant ce moment d’échange et d’écoute, chacun exprime son ressenti, ses envies, ses reproches. « Nous avons très peu recours au vote parce que ceux qui seraient en minorité pourraient se sentir lésés », ajoute Bérangère Flouret. « Grâce au consensus, chacun peu trouver son compte dans la décisions discuter en commun ».

Pas vraiment des vacances

Pour permettre à cette parole d’émerger, l’encadrement est minimal. Des animateurs bénévoles organisent les points d’arrêts dans des fermes ou des terrains où ils demandent l’accès à l’eau et l’autorisation de faire du feu. Ils apportent aussi du matériel comme un réchaud, des toilettes sèches et des charrettes qui transportent le tout. Il y a aussi un peu de nourriture. Chacun apporte sa tente. Tout le reste se décide en commun. Mais parfois, l’ouverture d’esprit n’est pas au rendez-vous. Avec la fatigue, ou simplement le choc des personnalités, il y a des tensions. « C’est ce qui fait la richesse de cette expérience » souligne Bérangère Flouret. « Ce n’est pas des vacances. C’est un travail sur soi que de rester dans la sérénité en mettant des mots sur son vécu. Quand on commence à s’énerver, c’est qu’on n’a pas dit les choses, ou qu’on a n’a pas été écouté. Lorsqu’on parvient à exprimer son ressenti et qu’on est écouté, cela facilite l’échange ». Le soir, après avoir monté leur camp, les Démarcheurs proposent des ateliers. Leur idée est de créer une dynamique locale en invitant les gens qui les accueillent, les voisins et les passants. Bien sûr, ils développeront les thèmes qui leur sont chers : le respect du vivant, la vie en autonomie totale, la promotion d’une société humaine juste et solidaire de non-croissance, la solidarité humaine, les systèmes alternatifs de subsistance.

Mais pour Jean-Pierre Wilmotte, cette culture du consensus a ses limites. « Quand on a pris une décision, au moment de l’appliquer, des gens remettent tout en question. Ceux-là ne s’opposent pas parce qu’ils veulent
enrayer le bazar mais parce qu’ils n’osent pas. Il y a une frousse bleue de perdre sa liberté individuelle
». C’est été, c’est sûr, le débat promet d’être intense entre baroudeurs et moussaillons de la militance au sein de la Démarche de l’Après Croissance.

Plus d’informations :
http://www.demarche.org

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