TransBarbantes

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Celui-ci, initié par le collectif [TADDA!->http://taddactivity.net/], est conçu pour être accessible à tous et à prix libre (à chacun selon ses moyens, son enthousiasme); il se déploie dans des lieux habités chacun par une histoire propre, faite d’entrelacs, d’habitudes et d’influences. Il permet d’approcher le travail d’artistes (louviérois, flamands, bruxellois mais aussi et surtout liégeois) qui évoluent en-dehors des standards du star system. En plus, on peut y amener son casse-croûte, les en-cas personnels étant autorisés !

A l’origine

A l’origine de ce festival « off », il y a un collectif d’une dizaine de copains : étudiants, travailleurs précaires ou chômeurs. Tous ne se connaissent pas depuis longtemps, mais ils partagent l’envie de se délimiter des espaces de liberté pour créer, pour partager leurs pratiques, leurs savoir-faire, leurs réflexions…

Férus de musique en tout genre, notamment de musiques assistées par ordinateur (MAO), et critiques à l’égard des productions standardisées, ils estiment assez vite que le festival des Ardentes est avant tout un festival commercial.

Les Barbantes

Association de fait, ils s’attribuent en 2009 le nom de TADDA! (Timmy Auf Den Deutschen Autobahnen !) et auto-organisent dans la salle du Carlo Levi, en parallèle à la 4e édition des Ardentes, leur propre festival : les Barbantes. Le bilan est positif : la salle est comble, 200 à 300 personnes se sont déplacées pour l’occasion.

Les TransBarbantes

Cette année, pour la récidive hivernale, TADDA! a suscité la collaboration de trois acteurs culturels locaux : l’An Vert, le CPCR (Centre polyculturel en résistance) et le Carlo Levi, asbl auxquelles s’ajoute 48 FM, la station radio des étudiants liégeois (qui émet à 105.0 MHz et diffuse  en streaming  sur http://48fm.com. La programmation des TransBarbantes  brasse large : tandis qu’au n°4 rue Mathieu Polain, l’équipe de L’an Vert fait asseoir l’audience pour une séance de méditation (avec soubresauts d’humeurs) à l’occasion de concerts d’architectures sonores et de musiques improvisées, au n°11 de Jonruelle, le CPCR fait trembler ses murs avec des riffs de Metal, d’Altern Rock et de Garage. Au Carlo Levi, c’est TADDA! qui assure la programmation, le “line up” qu’ils proposent fait s’alterner groupes et DJ’s Electronica, Dubstep, Darkstep, Jungle, etc.

Au final, même s’il est à regretter que l’Art Café, qui n’a pas pu terminer ses travaux de réaménagement à temps, n’ait pas pu se joindre aux TransBarbantes pour leur proposer un concert Blues suivi d’un Jam session, l’opération est un succès : les trois salles étaient remplies. Au total, plus de 600 personnes auront assisté au festival. Le bouche à oreille prolongé par les sites web de « réseautage » social auront fait des merveilles. Quant aux recettes des prix libres versés à l’entrée, elles auront été consacrées intégralement au défraiement des artistes, à la location du matériel et aux autres dépenses inhérentes à la préparation des repas en backstage.

L’avenir

Pour ses prochaines Barbantes, TADDA! espère fédérer encore davantage d’associations. La philosophie d’accessibilité sera plus que jamais mise en avant (celle-ci étant la raison d’être fondamentale de l’événement). On peut dès lors espérer que le panel des styles représentés à l’occasion des (Trans)Barbantes  se diversifie encore : blues, jazz manouche, fanfares en tout genre, percussions sur objets de récup’… soirées pour gesticulations en solitaire ou à plusieurs puisqu’à Liège, tout est possible. En tout cas, TADDA! s’est fait le relais de pratiques qui ne passeront pas inaperçues. « S’il y a des idées que nous souhaiterions voir se propager, ce sont bien celle des prix libres à l’entrée des soirées et celle de la fédération des associations culturelles autour d’autres occasions du même genre » déclare
Henri. Et un autre Henri (la version 2.0 du premier) de renchérir: « Si les Barbantes atteignaient une envergure comparable à celle prise par les Nuits blanches  à Bruxelles, ce serait tout bon ».

D’ici là, le collectif TADDA! entreprendra d’autres projets, et pas seulement des organisations de soirées : « On aimerait mettre sur pieds  des workshops (ateliers) pour le partage de connaissances et de savoirs-faire ». Et en la matière, tout est envisageable, on peut leur faire confiance : du bidouillage linux à la fabrication d’instruments de musique en passant par l’initiation aux pratiques d’autogestion, ils ont énormément de ressources et beaucoup d’enthousiasme.

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Qui est « in », qui est « off »

La notion d’événementiel est souvent considérée sous l’angle des grands événements « in » organisés et mis en œuvre par les institutions culturelles pour animer l’espace urbain.

« Rituel saisonnier ou happening unique, l’événement urbain correspond à un usage de l’espace différent de ce pour lequel il avait été conçu. Le caractère extraordinaire de l’événement prend des formes et usages divers : de la mise en scène du paysage urbain à la reconquête de parcs, des terrains vagues (…) » 1

Depuis une trentaine d’années, en Belgique et ailleurs, on relève un ensemble de pratiques qu’on peut regrouper sous le terme « off » et qui ont en commun d’être peu ou pas prises en compte par l’institution culturelle et de ne pas avoir de place claire dans le marché des biens culturels. Le « off » propose généralement une démarche artistique alternative au « in », laquelle puise sans cesse des idées et des talents dans le « off ». Le « off » se définit aussi par une certaine précarité, que ce soit au point de vue économique, logistique ou administratif. On trouve dans le « off » aussi bien des conceptions innovantes au public confidentiel que des phénomènes de masse émergents.

(…) Les scènes « off », elles aussi, animent les villes et en deviennent même des acteurs incontournables. Les scènes « off » utilisent le happening artistique pour se faire connaître et faire reconnaître leur travail, accéder aux sphères de l’art, informer les publics sur des projets, ou les sensibiliser sur des problématiques culturelles et artistiques. » 2

Les scènes « off » participent à la production sociale des représentations de la ville, et peuvent devenir un aspect important de l’image de la ville, une forme d’attraction en soi : qu’on songe au « Off » du Festival d’Avignon.

Chez nous, on songera au « Off » de la Foire du Livre, dont la troisième édition aura lieu cette année, et qui connaît chaque fois un succès grandissant. Le « Off » de la Foire du Livre se définit « Ni contre, ni tout contre: en dehors ». Voici les mots qu’ils lançaient aux publics lors de l’édition 2009 : « Les grandes processions ont souvent été des requêtes destinées à attirer la bénédiction, l’aide et la protection des dieux, pour assurer la croissance des récoltes. Nous allons réclamer la bénédiction des citoyens. Nous croyons qu’il n’y a pas un livre sacré mais que chaque livre est sacré, que sa marchandisation outrancière profane. (…) »

Et les TransBarbantes ? Un « off » qui deviendra un must dans les années à venir ? A suivre…

Notes:

  1. cf. article d’Elsa Vivant dans Géocarrefour, vol 82, n°3.
  2. ibid

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