« L’opposé du jeu n’est pas le sérieux, mais la réalité » (Sigmund Freud)
« Deuxième vie » : le nom porté par l’interface n’est pas anodin. En vous connectant à Second Life, vous accédez, par l’intermédiaire de votre avatar, à plus de 9000 lieux virtuels construits par les résidents (les utilisateurs de cet univers virtuel). Tout y ressemble, à s’y méprendre, à notre réalité quotidienne. Vous pouvez y acheter une maison, rencontrer des gens, apprendre une nouvelle langue, danser, faire du shopping, faire du naturisme,… Tout est possible.
Second Life est un monde « persistant », c’est-à-dire qu il continue à évoluer même lorsque le joueur n’est pas connecté. C’est là que réside sa similarité avec les jeux de rôles en ligne massivement multi-joueurs (ou MMORPG). Les jeux comme World of Warcraft demandent une grande implication des joueurs et créent des rapports sociaux intenses entre ceux-ci. Comme dans Second Life, la solidarité y est un principe fort. Cependant Second Life n’est pas perçu comme un jeu. En effet, dans ce méta-univers, il n’existe pas d’obstacles, pas de défis à relever, pas de monstres à abattre. C’est pourquoi ce monde virtuel est davantage considéré comme un réseau social, une immense « chat room » animée.
Accrocs
La dépendance aux jeux est directement liée au temps que l’utilisateur y passe. Selon les chiffres publiés par Linden Lab, les utilisateurs passent de plus en plus de temps à créer leur nouveau monde. En 2009, l’ensemble des connexions a atteint un total de 481 millions d’heures. Ce qui représente une augmentation de 21% par rapport à 2008. Les résidents passent en moyenne 100 minutes devant leur écran à chaque visite.
Selon la société d’analyse californienne Next Up Research, l’usager moyen de Second Life passe plus de 12 heures par semaine en ligne ! Avec ce chiffre, Second Life devance tous les autres mondes d’insertion virtuelle comme World of Warcraft ou Civilization IV. Les résidents les plus accros passent jusqu’à 14 heures par jour dans leur deuxième vie.
A quoi les résidents passent-ils leur temps ?
Les relations sociales sont au centre de cet univers. Les boîtes de nuit et les clubs de rencontres y sont légion. Il semblerait également que l’activité ayant le monopole soit le sexe. D’ailleurs les lieux proposant de la prostitution, de l’échangisme, ou tout autre activité sexuelle sont généralement surpeuplés et difficiles d’accès.
Mais Second Life ne remporterait pas un tel succès s’il ne proposait pas des passerelles avec notre monde réel et ne donnait aux utilisateurs la capacité de créer des objets persistants. De plus, avec son économie virtuelle basée sur le Linden Dollar, convertible en US dollar, les utilisateurs peuvent également marchander des biens et des services.
Comme dans la vie réelle, une activité largement répandue est la construction de sa maison. Il en faut bien une pour se reposer, inviter ses amis ou encore faire l’amour ! Une autre pratique commune est l’amélioration de l’aspect physique de son avatar. Ainsi, au gré de vos envies, vous pouvez, en utilisant vos lindens dollars, changer de physique, de vêtements, ou encore de démarche.
Cette plateforme est aussi largement utilisée par les artistes qui voient en elle une réelle opportunité de se faire connaître. En effet, tout en restant physiquement chez vous, vous pouvez assister à des concerts, avec les avatars de vrais musiciens, et qui grâce à l’interface du logiciel vous retransmettent en direct leurs compositions. Suzanne Vega et U2 ont été les premiers à se produire dans Second Life. Vous préférez l’art plastique ? Soit! De nombreuses galeries d’art vous proposent de venir admirer les œuvres réelles d’artistes. Mais bien entendu photographiées et scannées afin qu’elles puissent apparaître dans Second Life.
Mais si les utilisateurs ont le palmarès du temps passé en ligne comparé aux autres méta-univers, c’est également
grâce à l’existence d’une économie virtuelle. De nombreux résidents vendent des objets, des animations, des scripts, des services, et leur temps passé sur second life devient une activité très lucrative.
Temps perdu ou temps gagné ?
Même si tout vous est accessible au gré de simples clicks, gardons à l’esprit que Second Life reste un univers virtuel. Avec la capacité de gagner de l’argent tout à fait réel, de tisser des relations, de construire sa maison, la limite entre virtuel et réel semble floue. La tentation est grande, l’accès facile, et les derniers chiffres parlent d’eux-mêmes. De nombreuses personnes se prêtent au jeu, et parfois, cette activité, au départ ludique, prend les apparences d’une fuite. Mais qui parmi nous n’a jamais rêvé d’une autre vie, d’une seconde chance ? Et qui ne serait pas tenté d’y jouer ?