Existe-il des trucs et astuces, et comment faire le tri parmi les légendes urbaines de la consommation ?
La tendance écolo du moment veut que toute entreprise dans le secteur du bâtiment ou producteur d’énergie propose son petit folder publicitaire, cela va de soi, afin de nous aider à réduire notre consommation. En attendant, le double vitrage reste pour beaucoup un doux rêve et, à part les ampoules économiques, que reste-t-il ?
Habitants de vieilles bicoques, vérifiez les installations car les vieux compteurs électriques tournent au ralenti – Vrai ! Vers 35 ans, leur mécanisme s’use et donc les roulettes se grippent pour le plus grand bonheur de votre compte en banque. Se tourner vers la modernité sera sans doute un passage obligé, mais, en attendant de voir sa facture s’envoler, autant en profiter.
Plus téméraire : certains placent un aimant sur leur compteur, d’autres évoquent la possibilité de les retourner. Mais gare aux actes prémédités car briser des scellés, c’est risquer de se faire piquer. Et difficile de nier l’infraction si on est le seul à avoir accès à son compteur. Donc, quand on n’est pas le roi de la bidouille, il vaut mieux éviter de se lancer dans ce type d’activité au risque de se faire prendre, et de devoir passer à la caisse parce qu’on aura loupé son coup. Bien que discrètes sur le sujet, certaines entreprises annoncent le tarif sur leur site internet, mais le plus souvent, sachez-le, c’est au tribunal que cela se termine.
Quand la chance s’en mêle.
Télé gratos, c’est possible. Un déménagement se profile et, bien que la télédistribution ne soit vraiment pas une préoccupation première, tentez votre chance et branchez votre télévision sur le cable. Ça marche ? Vous voilà au fait de l’actualité des séries TV.
C’est simple ! Quand le locataire précédent, abonné à la télédistribution, a quitté les lieux, la société n’a pas coupé la connexion. Cela mobilise trop de personnel, et entraîne un surcoût pour la boîte. Légal ? Vous n’avez rien demandé. Peut-on dès lors vous le reprocher ? Il arrive tout de même que la chance tourne et que les techniciens se déplacent quand il y a dans la rue un nombre suffisant de boîtiers à débrancher. C’est la fin des séries. Quel dommage ! Il est toujours possible de s’arranger avec un voisin pour partager sa ligne. A vos risques et périls. Et si le voisin est passé à l’ère numérique, c’est foutu.
Quel que soit le secteur, la technologie a la fâcheuse tendance de rendre l’usager dépendant du constructeur, de l’installateur.
Lorsque l’on vit avec son temps, on s’aperçoit bien vite qu’à moins d’avoir un diplôme d’ingénieur ou d’être un crack des codes informatiques, il faudra passer à la caisse. C’est ce que nous confirme Jean Arimont, technicien Belgacom depuis 1978.
C4 : Aujourd’hui, avec l’arrivée du numérique, est-il encore possible de pirater?
Accéder à Belgacom TV sans le décodeur, ce n’est pas possible. Le décodeur est programmé à distance. C’est un élément indispensable. Il faut savoir que même si j’ai un problème avec mon propre décodeur, je dois téléphoner aux dérangements, et ce sont eux qui désactivent le décodeur à distance. Après, le service fournit un code avec lequel il faut se rendre en téléboutique pour remplacer la machine. Et enfin, ils réactivent le tout à distance selon le nouveau numéro de code attribué. C’est complexe, et même chez les techniciens, certains ne sont pas au courant. Je l’ai moi-même découvert récemment. La procédure est similaire pour les modems défectueux.
Par contre, pour ce qui est de la ligne téléphonique, oui, c’est toujours possible. Il est déjà arrivé, quand on nous annonce qu’une ligne est coupée, d’aller vérifier la boîte du client et de constater qu’un voisin avait enlevé tous les fils de la ligne sachant que le client partait 3 semaines en vacances.
C4 : Les boîtiers ne sont pas sécurisés ?
En général si, mais en pratique ils sont souvent forcés et c’est impossible voire inutile de les
remplacer à chaque fois. Surtout dans de gros et vieux immeubles où toutes les portes sont démolies… Mais on a déjà dû le faire. Au moins, les vieux boîtiers tout démontés, personne n’y touchait plus, alors qu’une armoire fermée éveille les tentations.
C4 : Que devient le coupable ?
Alors, pour trouver le coupable, ce n’est pas si simple, il faut que la personne qui a été court-circuitée porte plainte. Dans ce cas, on surveille la ligne et on regarde l’état de ses factures, mais c’est loin d’être évident de prouver qui a piraté la ligne, surtout si la cave est accessible à tout le monde. La personne susceptible d’avoir commis le méfait peut nier et dire que ce n’est pas elle qui a touché aux fils.
C4 : Existe-il des amendes pour les fraudeurs ?
Celui qui fraude est déjà tellement difficile à attraper… Et même si on y arrive, on découvre très vite que c’est une personne insolvable. Au niveau des poursuites, ce n’est pas évident. Puis, une fois que le dossier part chez le procureur du roi, on n’a pas de suivi, même si évidemment des dédommagements sont demandés.
Pour ce qui est du net, on relève assez peu de fraudes, sans doute parce que les gens ne s’en aperçoivent pas, et puis, quand le client se fait surprendre avec une consommation élevée, il sécurise sa ligne. Dans ce cas de figure-ci, il est totalement impossible de savoir d’où vient la fraude donc pour les poursuites…
C4 : Sentez-vous une évolution des fraudes ?
On en constate beaucoup moins. D’abord parce que le téléphone est remplacé par le gsm, et puis parce que pirater une ligne adsl quand on ne possède pas d’ordinateur, c’est inutile. Par contre, il est vrai que les piratages sont souvent le fait de personnes précarisées.