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Le décryptage est complexe, si l’on en croit à la fois les enquêtes sociologiques et les nouvelles tendances. Par exemple, le téléfim anglo-saxon pour ados « Skins », qui fait la part belle à la « sex and trash attitude », et cartonne sur Canal+. Ou encore la vague du « sexting », qui désigne le partage entre ados, par GSM et autres moyens de communication , de photos osées d’eux-mêmes . Mais aussi , en contrepoint, la virginité comme « rebel attitude », tendance qui s’illustre notamment aux USA à travers des associations comme «Not me. Not now » ou encore « True love waits»…

Préservatif Versus romantisme

Selon la sociologue Marta Maia, les prises de risque d’infection par le VIH parmi les adolescents et les jeunes n’ont pas disparu. D’une part, le préservatif est pour eux synonyme de méfiance, de crainte, de désengagement (sentiments aux antipodes de l’amour et de la liberté dont ils sont en quête), d’autre part, ils ne semblent pas toujours envisager le risque de contamination et ne se sentent pas toujours concernés. Il y a un écart important entre les discours et les pratiques : le préservatif est plus revendiqué qu’utilisé. L’imaginaire des adolescents demeure ingénu et romantique, centré sur le sentiment amoureux et la fidélité.

Par ailleurs, ce sont les garçons qui « s’occupent » du préservatif. Les filles sont alors plus ou moins absentes de la gestion du risque. Le préservatif est plutôt « une affaire d’hommes ».

Enfin, les adolescents et les jeunes ne perçoivent pas toujours le risque de contamination pour eux-mêmes. La menace de l’infection est comme une réalité lointaine, extérieure à leur univers…

A l’école du X

Avec l’explosion d’Internet et des chaînes câblées, la majorité des adolescents, à l’âge de treize ans, a déjà vu du porno. Michela Marzano, chercheuse au CNRS, a mené une enquête rigoureuse auprès de filles et de garçons, âgés de quinze à dix-neuf ans. Cette étude révèle des réactions très diverses, pertinentes ou déroutantes. Ainsi, certains sont persuadés que la pornographie  » colle avec la réalité « . D’autres banalisent l’acte sexuel au point que des garçons croient  » pouvoir tout faire avec les filles faciles, celles qui portent des minijupes « . D’autres encore pensent que les images X servent à  » donner aux garçons envie de coucher avec leur copine « .

Pour le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron, ce visionnage de films porno est une nouvelle forme de rite de passage à l’âge adulte. Les jeunes gens, surprotégés par leurs parents, sont adolescents de plus en plus longtemps. Pour tracer leur frontière entre hier et demain, ils auraient adopté des comportements tournant essentiellement autour de la violence et de la sexualité. Or, la pornographie est au croisement des deux. Des études révèlent aussi que les ados regardent des films X pour enrichir leur imaginaire masturbatoire, plutôt que pour s’initier à la sexualité.
Le véritable risque pour les ados, c’est de croire que la sexualité se passe comme dans ces films.

Claude Rozier, sexologue et médecin, nuance : « Si les garçons et les filles baignent dans ces stéréotypes vers l’âge de 14 ans, ils en sortent en général vers 15-16 ans. Entre-temps, ils se sont renseignés et ont appris en lisant, en discutant avec leur entourage. C’est lorsque les jeunes ne peuvent pas confronter leurs points de vue avec des amis ou avec des adultes qu’ils risquent de rester sur leurs convictions. »

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