Vues d’ailleurs

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La Flandre

Les paysages associatifs en Flandre et en Wallonie partagent de nombreuses similarités. Les proportions occupées par les différentes branches d’activité sont presque identiques. Pas de grande surprise donc, l’action sociale est l’activité principale des associations en Flandre, tout comme en Wallonie à cette différence près que plus des deux tiers de l’emploi associatif dans l’action sociale en Belgique sont flamands.

C’est également en Flandre que la propension à créer de l’emploi dans le secteur associatif privé (ASBL, etc.), tous domaines d’activité confondus, est la plus importante. Pour 1000 habitants, la Flandre compte 41,8 emplois temps plein (ETP) contre 33,9 en Wallonie. D’après les chercheurs belges qui ont établi ces statistiques, cet écart « traduit simplement le choix différent opéré par les deux Régions dans la répartition des activités non-marchandes entre secteur privé (ASBL essentiellement) et secteur public. » Traditionnellement, le sud du pays « fait davantage appel aux initiatives publiques émanant des pouvoirs locaux et ce, au détriment du secteur associatif. »

L’ASBL flamande « Steunpunt Jeugd » soutient et coordonne des associations actives dans le domaine de la jeunesse. Son directeur adjoint, Peter Van Damme, témoigne de l’activité des associations : « Le secteur associatif en Flandre est très développé. Il y a énormément de volontaires actifs dans des associations de toutes sortes. » Pour lui, le défi principal du secteur associatif en Flandre aujourd’hui est « d’attirer et de garder ses volontaire. Il y a de plus en plus d’activités en dehors du monde associatif, que ce soient des activités commerciales, culturelles,… les gens ont de moins en moins de temps à consacrer aux activités associatives. Concernant les jeunes, Internet , même s’il leur permet d’accéder à des activités de socialisation, ne leur demande pas de sortir de chez eux, d’être actif au sein d’associations. » Les stratégies mises en place pour stimuler les travailleurs volontaires sont différentes selon qu’on s’adresse à un public de jeunes ou d’adultes : « Il faut vraiment gérer ses volontaires comme on gère son personnel : leur proposer des activités, des formations,… Il faut aussi réfléchir à une rémunération qui peut prendre la forme de compensations de toutes sortes de manière à donner un « return » en dehors du plaisir ou de l’engagement social. Les jeunes sont intéressés par les formations qui leur permettent d’acquérir des compétences en vue de leur insertion dans le monde du travail. Les adultes sont déjà dans le monde du travail. Ils sont moins à la recherche de nouvelles compétences à acquérir que les jeunes mais sont désireux d’approfondir leurs connaissances dans le domaine d’activité qu’ils ont choisi. »

En Flandre, comme en Wallonie, les volontaires constituent un pilier du secteur associatif ( lire à ce propos [p. 17->http://c4.agora.eu.org/spip.php?article1559]).

La France

Plus d’associations ont été créées durant les trente dernières années que depuis 1901. Aujourd’hui, on estime à 1 million le nombre d’associations en activité et, chaque année, 70 000 associations nouvelles se créent (contre 20 000 dans les années 70).

La répartition des associations par secteur en France selon une enquête du CERPHI (centre d’études et de recherche sur la philanthropie), publiée en novembre 2004, est la suivante:
Le secteur culturel est parmi les plus dynamiques, avec près d’1/4 de création de nouvelles d’associations, notamment par des jeunes. Le sport, avec 15 % de création de nouvelles associations, est en seconde position.
Le secteur de la santé et de l’action sociale occupe la troisième place. Il est à l’origine de plus de 8 % des créations, mais la part de ce secteur dans le monde associatif est en diminution.
Enfin, l’éducation, la formation et le logement conservent des parts stables dans le classement avec 7 et 8 % des créations annuelles.

nQuant aux ressources humaines, on dénombre actuellement en France 10 à 12 millions de bénévoles et 1,6 million de salariés. Vingt millions de personnes âgées de plus de 14 ans sont membres d’une association. Cet engagement peut être variable, allant du simple don d’argent à plusieurs heures de participation active par semaine.

Les moyens de financement sont assez différenciés. Les financements privés et publics font à peu près jeu égal: 54 % pour le public et 46 % pour le privé, mais ces chiffres bruts recouvrent des réalités très différentes. Les associations sans salarié, soit 84 % des associations (735.000 associations), vivent majoritairement de ressources privées. Les financements publics sont peu significatifs. L’essentiel de leurs ressources provient des ventes organisées au cours de manifestations (kermesses, tombolas, …). Les très petites associations (TPA) vivent essentiellement des cotisations de leurs membres.

Les financements publics constituent la principale source de financement des associations; c’est une particularité française résultant de la place et du rôle de l’Etat dans le pays. Ils tiennent une place différente selon la taille des associations. Ils sont quasi-inexistants dans les toutes petites associations, et représentent plus de 60 % du financement des associations avec salariés.
Ils sont logiquement très présents dans le secteur sanitaire et social, mais aussi dans les secteurs de l’éducation et de la culture. Leur poids est faible dans le secteur de la défense des droits (30 %). Celui-ci est essentiellement financé par les cotisations des adhérents.

L’évolution du financement des associations au cours des dernières années est marquée par un engagement croissant des collectivités publiques. Ainsi, selon une enquête réalisée à l’occasion du centenaire de la loi de 1901, il est passé de 15 à 25 milliards, c’est-à-dire de 44 à 54 % de leurs ressources totales.
L’Etat et les communes contribuent chacun pour 15 %, à l’ensemble du financement des associations, les départements et les organismes sociaux participent à hauteur de 9 % (la CNAF et la CNAV financent de très nombreuses associations), les régions: 3 % et l’Europe: 1 %.

Aujourd’hui, l’Etat entretient des relations financières avec près de la moitié des associations employeurs. Cette évolution reflète l’importance croissante des emplois aidés par l’Etat dans le secteur associatif.

L’Allemagne et les Pays Bas

Le modèle des associations d’Allemagne et des Pays-Bas (mais aussi de celles d’Autriche, de Belgique, et, dans une moindre mesure, de France) est appelé « continental européen », « rhénan » ou « corporatiste » : il est caractérisé par des organisations puissantes, souvent anciennes, très institutionnalisées, fédérées selon leur appartenance idéologique, religieuse le plus souvent, mais aussi politique ou syndicale. C‘est le système de la “pilarisation”, actuellement fortement remis en question. Ces organisations, souvent intégrées dans le système de l’Etat providence, sont très professionnalisées et reposent modérément sur le bénévolat. A titre de comparaison, l’Allemagne compte 12 bénévoles et les Pays-bas 25,3 pour 1.000 habitants.

En Allemagne, il existe 400 000 associations à but non lucratif. Ce secteur embauche 1,4 million de personnes, soit près de 5 % de l’emploi du pays. Les associations représentaient, en 1995, environ 74 milliards d’euros de dépenses, soit près de 4 % du PIB. Au Pays-Bas, le secteur à but non lucratif compte 652 800 employés, soit 12,6% de l’emploi du pays. Ses dépenses étaient évaluées à plus de 47 milliards d’euros en 1995, soit 15,3% du PIB.

Les grandes organisations sans but lucratif sont quasi-publiques; elles sont financées essentiellement par l’État et la Sécurité sociale. La participation financière des usagers pour service rendu est faible, ainsi que les dons. Le secteur sans but lucratif s’insère dans un environnement politico-social caractérisé par un système politique qui tend vers le bipartisme, une forte tradition de
décentralisation, un État providence puissant et un système de Sécurité sociale reposant sur une solidarité à base professionnelle. La concurrence entre églises catholique et protestante est une incitation au développement du secteur sans but lucratif dans la plupart des pays rhénans.

– Les associations en Belgique : une analyse quantitative et qualitative du secteur., p. 37, Graphique 5

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