Regards croisés : surréalisme à la belge ?

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« Identifier n’importe quelle situation un peu absurde de notre pays à du surréalisme participe d’un cliché éculé et proprement énervant », clame Édouard Delruelle 1 Selon lui, les Belges se mettent dans des situations politiques et institutionnelles absurdes et acceptent de les assumer. Cependant, il ne s’agit en aucun cas de surréalisme. Au contraire, nos problèmes communautaires sont le fruit de l’histoire et jusqu’à présent, nous les avons réglés avec énormément de raison, sans effusions de sang.

Bernard Francq 2 ne dit pas autre chose. D’après lui, certains plaquent trop vite le terme « surréalisme » sur le fonctionnement hyper bureaucratique de l’État et opèrent ainsi une confusion. L’administration des technocrates et des formulaires peut paraître absurde ; mais les textes de loi font que c’est la réalité. On se trouve bien loin du surréalisme, dans le registre des règles légales et du pire rationalisme.

Pierre Verjans 3 voit les choses sous un autre angle. La Belgique ressemble pour lui à une production surréaliste, en ce qu’elle questionne la volonté de vivre ensemble. En affirmant agressivement que la Belgique n’est pas un pays, les hommes et femmes politiques belges font un pays ; à travers l’affrontement de nos identités, nous construisons une identité collective. C’est du surréalisme pur.

Notes:

  1. Directeur adjoint du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, professeur extraordinaire de philosophie à l’Université de Liège
  2. Professeur de sociologie à l’Université catholique de Louvain
  3. Politologue, chargé de cours adjoint à l’Université de Liège

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