Préambule

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En 1975, alors que la situation économique se dégrade dans le monde industrialisé suite au premier choc pétrolier, le groupe rock anglais Supertramp sort un disque au titre narquois : «Crisis, What Crisis?», dont la pochette représente un homme en short, installé sur une chaise longue sous un parasol jaune, au beau milieu d’une ville grise et polluée.

La crise, quelle crise? Le terme est omniprésent et se conjugue à tou(te)s les modes, mais que recouvre-t-il au juste? On n’en finirait pas de toutes les énumérer: crise socio-économique, crise alimentaire, crise du logement, crise climatique, crise gouvernementale, crise de l’Etat belge, crise de l’emploi, crise du logement, crise de la modernité, mais aussi… crise identitaire, crise affective, crise de confiance, crise de nerfs, crise d’adolescence, crise du couple, crise de la quarantaine, etc., etc.
Notion distinctive, la crise est censée s’opposer à un état normal. ETAT NORMAL?

C’est-à-dire? Notion relative, aussi, dans le temps, dans l’espace ou selon les cultures. “Crise” ne signifie certainement pas la même chose pour un bouddhiste zen, pour un musulman, ou pour un chrétien… dans des pays dits du Tiers-Monde

Dans le domaine économique et financier, le recours au vocabulaire de crise est un topos du discours médiatique et politique de nos contrées, avec une référence constante à l’événement totémique du krach de 1929. Les inconvénients de la crise, on les connaît : perte d’emplois, milliards d’euros envolés en fumée… Et pourtant, au plus fort de la crise, il y a toujours des optimistes pour y croire… Et puis, pour d’autres, c’est l’occasion d’essayer les fameux « plans anti-crise ». Ils sont à la mode, on les trouve partout dans notre presse. Ce sont les plans B, la débrouille, les alternatives « décroissantes » à la consommation de masse… Certains théoriciens estiment même que cette dernière crise financière en date est une aubaine : l’occasion de faire prendre conscience au plus grand nombre de la faillite monumentale du système capitaliste néolibéral. D’autres prônent un catastrophisme au sens grec du terme, impliquant une notion d’issue. Un catastrophisme moteur de changement, et comme à contre-temps : admettre que la catastrophe a déjà eu lieu pour que, précisément, le présage ne s’accomplisse pas.

« Crisis, What Crisis? » Allez savoir… Car pendant que les héros de la série TV « Les Experts » anticipent, analysent, et élucident, nos « experts » à nous, dans la vraie vie, n’ont absolument pas prév(en)u (de) la débâcle, et se targuent désormais de nous expliquer les causes – scientifiques, ça va de soi – de leur cécité.

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