La Ligue des Optimistes

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C4 : Luc Simonet, quel est au fond le but de la Ligue des Optimistes ?

Luc Simonet : Le but de notre association est d’élever l’état de conscience. L’idée, c’est de promouvoir l’enthousiasme, dans le sens étymologique du mot. L’optimisme n’est pas une sorte de bonheur congénital, une posture qui nous affranchirait des problèmes douloureux et des grands chagrins de notre vie. Il ne s’agit pas ici d’un mouvement baba-cool. Nous sommes un mouvement de réalisme optimiste. L’idée, c’est, en toute simplicité, d’initier une révolution culturelle. Rien de moins !

C4 : Mao avait son petit livre rouge, vous avez votre petit livre rose… (ndlr : le fascicule de la Ligue des Optimistes se présente sous la forme d’un petit carnet rose)

L.S. : La différence, c’est que le petit livre rouge était obligatoire, tandis que notre fascicule est en option, évidemment. Je suggère, je ne contrains personne. On ne cherche d’ailleurs pas à convaincre les pessimistes, les cyniques ou les sceptiques. L’idée, c’est de dire aux gens qui sont optimistes, « ensemble on va créer un mouvement beaucoup plus puissant ». Si on réunit l’énergie de toutes les personnes qui ont décidé d’être positives, ça peut augmenter considérablement la puissance de cette énergie.


C4 : C’est quoi l’optimisme pour vous ?

L.S. : L’optimisme, c’est un apprentissage à partir d’une décision consciente. On jouit d’une énorme liberté, celle d’orienter notre propre cerveau dans un sens ou dans l’autre, dans un sens positif ou négatif. De cette décision-là vont dépendre beaucoup de choses inhérentes à notre propre vie. L’homme se construit dans la connaissance de lui-même – c’est un peu socratique, évidemment – et dans la discipline. L’optimisme mène à l’intuition du sens de la vie.

C4 : Vous pouvez développer ?

L.S. : La première idée est que la responsabilité est la condition de l’optimisme. Cela requiert un apprentissage, un travail sur soi, je l’ai dit. Tant que nous attribuons à d’autres les responsabilités de nos propres malheurs et de nos difficultés, on ne peut pas transformer sa vie puisqu’on abandonne le pouvoir à d’autres. Nous sous-estimons notre pouvoir individuel à influencer les événements. Les gens disent trop souvent : c’est la faute du système, c’est la faute de ceci, de cela. Non, nous sommes tous responsables. Une autre idée qu’on veut développer, c’est de dire : «veux-tu des perles, plonge à la mer ». Il faut oser prendre des risques, et arrêter d’avoir peur de tout. J’aime bien cette philosophie de Kant qui disait : « il faut agir de telle sorte que l’ordre du monde ne soit pas troublé si tout le monde agissait comme nous agissons ». Et de ce point de vue, cette crise n’est pas tout à fait inintéressante. Imaginez un instant que le monde entier se mette vraiment à consommer et à vivre comme nous le faisons ici, en Occident. La planète crèverait, tout simplement. Cette crise a donc quelque chose d’absolument indispensable pour la sauvegarde de l’humanité. L’optimisme, ce n’est pas non plus faire semblant qu’on va bien à chaque instant de sa vie. Nous croyons en un certain volontarisme. La critique est facile, l’art est difficile… Je pense aussi que la réalité du monde est plus belle que ce que nous en montrent les médias. Je ne suis pas du tout un adepte des journaux de bonnes nouvelles. En revanche, je n’aime pas qu’on ne parle que des gens qui se comportent mal quand il y en a des centaines de milliers qui chaque jour font bien leur boulot pour rendre leur monde un peu meilleur. J’aimerais bien un peu plus d’objectivité dans les nouvelles et les médias…

C4 : À ce propos, qu’est-ce que vous pensez de l’initiative de RTL-TVI : « RTL positif » ?

L.S. : Je trouve ça super bien ! Ça me plairait beaucoup qu’on soit d’ailleurs associés à ça. J’aimerais bien que toute la presse en prenne de la graine.

C4 : La crise, c’est une bonne nouvelle ?

L.S. : Oui, je pense qu’il était grand temps que cette
crise arrive. Elle est non seulement salutaire mais elle est aussi indispensable. C’est bien plus qu’une crise, c’est une vraie révolution qui a sonné le glas d’une société de surproduction et de surconsommation de biens à faible bonheur ajouté. On n’a pas besoin de tout ce qu’on consomme. On va devoir vivre autrement et c’est très bien.


C4 : Sans vouloir être cynique, cette crise tombe bien pour la notoriété de votre association, non ?

L.S. : Je pense en effet qu’on a eu une chouette intuition de créer cette association. On a eu aussi le problème belge et avec tout ça mis ensemble, on peut dire qu’on est en phase avec notre époque. D’ailleurs, on a eu des articles dans toute la presse internationale et on est occupé à créer des associations un peu partout: en Argentine, aux Pays-Bas, en Slovénie, en Italie, etc. On a créé le 19 novembre dernier « Optimistes sans Frontières », qui sera l’association faîtière. Dans le cadre de cette organisation sans frontières, nous sommes en train de créer une plate-forme internet, un peu comme Facebook, mais exclusivement pour les membres de toutes les associations. Elle s’appellera Optimistan et sera conçue comme un Etat, mais un Etat sans territoire. Ce sera plutôt un état de consciences.

C4 : Qui sont les membres de la Ligue en Belgique ?

L.S. : Pour l’instant, on a deux tiers de francophones et un tiers de néerlandophones. Je dois avouer que, pour l’instant, le message se propage plus vite dans les milieux « aisés ». Mais ce n’est évidemment pas du tout le but. J’indique d’ailleurs très clairement que les personnes qui n’ont pas les moyens de payer les 30 euros de cotisation peuvent payer l’euro symbolique. Je ne veux exclure personne pour une question d’argent. Par contre, je veux continuer à donner de la qualité. Je ne vais pas commencer à faire de la démagogie, à organiser des événements et des conférences de mauvaise qualité. On veut élever les consciences… pas l’inverse.

C4 : Qu’est-que vous répondez aux gens qui justement vous disent que c’est plus facile d’être optimiste quand on jouit d’une certaine sécurité financière ?

L.S. : On m’a souvent posé cette question. Je leur réponds qu’évidemment, la vie est plus facile lorsqu’on a de l’argent que lorsqu’on n’en a pas, comme c’est plus agréable d’être en bonne santé que d’être malade. Ce n’est pas ça la question. La question est de savoir : quand on est en mauvaise santé, vaut-il mieux garder un bon moral ou un mauvais moral ? Quand on n’a pas d’argent, vaut-il mieux rester optimiste et penser que la situation va s’améliorer ou bien démissionner ? Faut-il devenir aigre ? Je ne crois pas. C’est toujours la question de la responsabilité. Je suis sûr qu’une personne qui reste positive dans la difficulté a de meilleures chances de s’en sortir.

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