La définition de cette maladie a fait l’objet de nombreuses controverses. Hippocrate crée le terme dérivé du grec « hyster » (utérus). Il est le premier à chercher des causes objectives et non plus morales ou magiques à la maladie mentale. Pour lui, l’utérus, ne recevant pas un foetus ou du sperme, migre dans le corps, créant des crises nerveuses.
Ambroise Paré, médecin de la Renaissance, recommande de faire respirer aux hystériques des odeurs fétides censées faire fuir l’utérus et d’insérer du parfum dans le vagin pour le faire revenir à sa place. Au XVIIIème siècle, les aliénistes voient dans la masturbation une des causes de l’hystérie. Au milieu du XIXème siècle, le neurologue Charcot décrit la maladie scientifiquement. Cela permet à Freud, son étudiant, de découvrir la névrose. Ses «études sur l’hystérie » de 1895 fonderont la psychanalyse. Les personnalités hystériques caractérisées par un égocentrisme développé, une avidité affective, la séduction, la dramatisation des affects, peuvent vivre sans déclencher la crise pathologique (conversion hystérique). Celle-ci est la décharge d’un conflit psychique sur le corps qui produit des symptômes de maladies physiques sans cause organique (paralysies, troubles des sens, douleurs diverses, grossesse nerveuse, spasmophilie, syncopes, coma,…)
Les manifestations exaltées des hystériques inquiètent. Vues comme possédées, l’inquisition les mettra au bûcher. Le lien psychanalytique avec les pulsions sexuelles incontrôlées renforce l’aura fascinante et dangereuse de la maladie. Malgré les études cliniques, elle reste associée à la féminité. Les psychanalystes pensaient que les femmes étaient plus hystériques car elles réagissaient à leur oppression sociale et parce que la société légitimait ce canal comme expression féminine. Les hommes hystériques, quant à eux, se caractérisent, outre la théâtralisation des émotions et la recherche d’attention, par une exacerbation de la virilité, troubles sexuels, toxicomanie, dépression.
Par ses symptômes inconstants, l’hystérie met à mal les définitions cliniques. La psychanalyse ne répertorie plus aujourd’hui la maladie comme telle. La clinique française parle de troubles somatoformes, conservant l’aspect névrotique. L’école anglo-saxonne cognitive et comportementaliste, au contraire, a supprimé les névroses, hystérie inclue, de sa liste des maladies. Les modalités d’interprétation comme d’expression de la maladie relèvent donc tant de la subjectivité individuelle que d’un contexte historico-social.