Alors que le syndrome de la crise menace la population, nos décideurs s’en prennent au plus vieux métier du monde, au cœur d’un quartier où il s’exerce depuis plus d’un siècle !
Lorsqu’une entreprise ferme, les syndicats se mobilisent et les médias relaient la parole des travailleurs/ses qui se retrouvent sur le carreau. Ici pourtant, pas l’ombre d’un(e) représentant(e) syndical(e) !
L’alternative ? Des « modules préfabriqués » (comme les nomment les autorités publiques), c’est-à-dire des sortes de containers aménagés comme ceux où l’on fait vivre les travailleurs portugais du secteur de la construction, ou ceux, transformés en geôle, où l’on enferme les migrants.
A quand une prostitution itinérante, dans des caravanes, loin des regards des promoteurs et de l’hypocrisie générale ?
Pour toutes ces raisons, nous avons organisé une action de soutien le 31 mars dernier, la veille de la mise en application du règlement communal. Avec le Placard à Balais Mobile transformé, pour l’occasion, en bordel itinérant, et à son bord, Laura Kamikaze, travesti haranguant les badauds, un panier de sucettes et de préservatifs à la main, sur l’air de « vous sucez, ou je vous protège ? ». Les travailleuses concernées, invitées à prendre le café autour de la caravane, sont venues au rendez-vous, ainsi que la presse, en nombre.
L’avis de l’auditeur du Conseil d’Etat, auprès de qui l’une des filles avait introduit un recours, était tombé le matin même : avis défavorable à la fermeture. Ce qui posait une vraie question : le règlement communal allait-il être suspendu jusqu’aux plaidoiries du 6 avril? C’est ainsi que nous avons accompagné les travailleuses jusqu’à l’Hôtel de Ville où le bourgmestre Mr Demeyer, joyeusement interpellé du dehors par Laura Kamikaze (« Willy ! Descends ! Défends la prostitution ! Viens sauver les moules ! ») a fini par apparaître pour annoncer que le règlement restait d’application mais que la police agirait avec discernement. Traduction : sursis accordé !
Depuis… Le Conseil d’Etat doit se prononcer sur le recours en annulation, ce qui peut prendre des mois. Les filles n’ont toujours pas été expulsées manu militari, mais des rumeurs laissent entendre que le règlement sera appliqué très bientôt. Certaines n’ont pas attendu et se sont inscrites au CPAS. D’autres ont migré vers Seraing. Quant au projet de « bungalows», il semblerait se confirmer… dans le quartier des Guillemins.