Arbres et mémoire

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Créé en avril 2000 au sein du Festival Voix de Femmes, ce Réseau rassemble une vingtaine de femmes proches de victimes de la disparition forcée de diverses régions du monde. Au cours de ses neuf années d‘existence, ce Réseau a permis de tisser des liens de solidarité entre ces femmes et leurs associations, qui luttent parfois depuis des dizaines d’années pour que la vérité soit établie sur le sort de leurs proches, pour que la justice leur soit rendue et pour que l’oubli ne les fasse pas disparaître une fois de plus. Le travail de ce Réseau a inspiré la création de plusieurs œuvres artistiques (notamment théâtrale et picturales) qui ont été présentées au cours des diverses éditions du Festival. Ces « Arbres de la mémoire sont un des projets auquel ses membres tiennent le plus. En effet, si les Etats qui ont reconnu avoir pratiqué la disparition forcée sont rares, plus rares encore sont les lieux de mémoire qui ont été consacrés aux victimes de cet instrument de terreur. Il en existe au Chili, en Argentine, à Genève, et aujourd’hui à Liège.

La cérémonie du 4 avril a été ponctuée de lectures de textes sur la disparition forcée, dont certains écrits par des personnes disparues proches de membres du réseau, comme ce poème du Chilien Luis Duran, trouvé par sa famille quelques jours après son arrestation. Il a également été rappelé que la disparition forcée n’est pas une pratique qui nous est étrangère. Elle a été instituée en système par le régime nazi, qui effaçait les résistants dans « la nuit et le brouillard », elle a été systématisée par les militaires français lors de la guerre d’Algérie, puis enseignée aux dictateurs latino-américains dans le cadre d’un accord de coopération militaire signé par le gouvernement français de l’époque, elle a été pratiquée par le régime franquiste qui laisse plus de cent mille disparus…

En 2006, une Convention des Nations Unies sur la protection de toutes les personnes contre la disparition forcée venait enfin reconnaître le travail mené depuis près de trente ans par des associations de proches de disparus. Mais si cette Convention a été signée par 81 Etats, elle n’a encore été ratifiée que par 10 d’entre eux, alors que sa mise en oeuvre nécessite 20 ratifications. Et si ce texte est une avancée, il ne marque malheureusement pas la fin de la terreur, comme le rappelle dans un texte qu’elle a envoyé pour l’inauguration de la mosaïque Mariana Perez, fille de deux disparus argentins et membre du Réseau. « Les conventions, les discours présidentiels, restent lettre morte tant que dans une seule maison, dans un seul recoin du monde, un groupe armé et vêtu en civil enfonce la porte pour emmener les activistes, les opposants, ceux qui résistent, vers un destin inconnu. C’est pour nous rappeler cela que ces arbres poussent sur cette colline. C’est la mémoire que nous pratiquons. Une mémoire qui nous maintient vivants, debout et provocants, comme ces arbres ».

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