17. Crise de manque : «Je t’aime moi non plus»

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Nicotine, opiacés, amphétamines, cocaïne, solvants ou sédatifs peuvent entraîner une intoxication périodique ou chronique engendrée par une consommation répétée, et aboutir à des crises de manque de divers degrés. Le plus fréquemment, les toxicomanies apparaissent durant l’adolescence ou aux alentours de 20 ans. Issu du grec toxikon, le poison et mania, la folie, la toxicomanie est accompagnée d’accoutumance, et par conséquent de crise de manque.

Les signes du syndrome de sevrage apparaissent généralement quelques heures après la dernière prise. Ils diffèrent également entre drogues dures et, par exemple, consommation de café (plus de 2 ou 3 tasses par jour). Moins stigmatisée, cette prise de caféine engendre au moins cinq des signes suivants 1: fébrilité, nervosité, excitation, insomnie, faciès vultueux, augmentation de la diurèse, soubresauts musculaires, tachycardie ou arythmie cardiaque… Un programme alléchant !

Socioculturellement marquée, la consommation de drogue est plus ou moins stigmatisée, tolérée ou recommandée. Les qualités analgésiques de la cocaïne —aujourd’hui illicite— ont été louées au 19e siècle, notamment par Freud. La feuille de coca devient si populaire qu’elle est incorporée dans les cigares, cigarettes, chewing-gum et dans les boissons. Le vin Mariani, créé et commercialisé comme boisson fortifiante à base de vin de Bordeaux additionné de feuilles de coca, n’est autre que l’ancêtre du Coca-Cola. Nombreux étaient les artistes du monde de la chanson, du théâtre et du cinéma, ainsi que du corps scientifique, à en apprécier les effets.
Au début du 20e siècle, cette popularité de la cocaïne s’estompe à cause des dérives et des cas mortels dus à sa surconsommation. A l’heure actuelle, la célèbre boisson affirme ne plus utiliser de coca. Etrange lorsqu’on sait que l’entreprise bénéficie d’autorisations commerciales pour obtenir la fameuse feuille verte 2.

Si la crise de manque est synonyme d’un changement d’état psychologique et physique, elle induit aussi une notion de douleur. Au 21e siècle, l’acquisition de concepts médicaux par le public à travers les médias et la prolifération de séries TV hospitalières, entraîne des variations de sens des termes. Dès lors, il n’est plus étonnant de voir la formule « crise de manque » récupérée par les amoureux séparés trop longtemps.

Notes:

  1. Pr. M Ansseau, Ibd. p.148.
  2. David Cusatto, « Histoire de la coca et de la cocaïne. Les défis et les enjeux en Amérique latine » Conférence cycle d’information de la CTB/BTC.

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