Aujourd’hui, l’un des modèles d’individu politiquement correct tel qu’il nous est montré dans les medias est citoyen et…vert. Il s’inquiète du sort de la planète et pose des actes concrets pour protéger l’environnement. Il n’est pas encore convaincu au point de pédaler pour la survie de notre mère la Terre, mais a tout de même investi ses économies dans l’achat d’une de ces voitures « écologiques » dont les publicitaires nous inondent en permanence depuis quelques temps. Au volant de sa Ford KA, cotée 8,5/10 en termes de rejet minimum de CO2 par une étude poussée, il se sent utile et responsable. Et ce n’est pas tout. Avec madame, il a étudié attentivement la question de l’énergie. Bien sûr, il y a des gestes simples, comme diminuer le thermostat et mettre un pull, ne pas laisser couler l’eau en se brossant les dents, renoncer à l’air conditionné, ne pas laisser les lumières allumées dans les pièces où l’on n’est pas et toute une kyrielle d’habitudes quotidiennes à la portée de chacun. Mais monsieur travaille et n’a pas vraiment le temps de s’embarrasser de ces détails. Il préfère de loin l’efficacité d’une installation photovoltaïque, et s’interroge vivement sur les alternatives au chauffage central au gaz. Toutefois, monsieur le sait : l’écologie, c’est beaucoup plus vaste que la seule question de l’énergie et de l’effet de serre. C’est pourquoi il a choisi pour ses murs des peintures biologiques. Un peu coûteuses, il est vrai, et difficiles à poser, certes, mais quel soulagement pour la conscience, de savoir que ses murs n’exhalent pas des relents d’ennemis invisibles pouvant altérer sa santé et celle de sa famille. Sa conscience, monsieur la dorlote aussi à travers une consommation responsable, éthique, solidaire, biologique et plus encore, si possible. Pas question d’acheter des chaussures ou des vêtements fabriqués par des enfants dans le Tiers-Monde. Le coton bio, les tissus à base de chanvre, le lin sont devenus ses matières de prédilection. Pas question non plus d’ingurgiter des OGM. Mais, là, c’est madame qui se tape la lecture des étiquettes dans les supermarchés, ou qui passe chez l’épicier bio. Le week-end, tout de même, il lui arrive d’aller lui-même chez Oxfam : chocolat, café, vin… quelques bons produits pour se faire plaisir, puis repartir le cœur léger, avec le sentiment d’avoir œuvré pour la solidarité avec les petits producteurs.
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Le bio, combien ça coûte ?
Il y a 15 ans les produits bio étaient 50% plus chers que le non-bio. Aujourd’hui, la différence est de 30% ; Toutefois, le bio reste un produit de luxe hors de portée de beaucoup les bourses comme en témoigne ce comparatif des prix sur un panier-type composé de produits basiques ( Oeufs, yaourts, viande, jus d’orange, fromage…). La comparaison est menée en partant de deux versions de produits bio, ceux d’une boutique spécialisée (Naturalia) et d’un cybermarché (Ooshop), d’une part, et ceux d’un panier de produits de marques et d’un panier de marques distributeur, achetés chez Ooshop, d’autre part.
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Bonjour,
Dans l’école où je travaille, les sandwichs vendus aux enfants et adolescents se composent d’un morceau de pain fendu et d’une
couche d’un mélange fourni par l’industrie agro-alimentaire.
On n’y voit pas un gramme de crudités, si l’on excepte les quelques “dagoberts” emportés dans les cinq premières minutes du premier service, et disparus depuis fin octobre en raison, se murmure-t-il, de l’épuisement d’un énigmatique budget. Comme si, et c’est bien possible, la recette de ces sandwichs (on les paie, tout de même) allait dans un tiroir totalement étranger au
département “achats”, dans la logique des compartiments étanches du Titanic.
On trouve par exemple, sous le nom de filet américain, une pâte ou pâtée contenant 47 % de viande, dont la moitié de porc,
d’ordinaire proscrite crue en raison de sa rapide dégradation, et 53 % d’autres choses, huile, huile, huile,
“émulgateurs” ou
émulsifiants, conservateurs alimentaires, jaune d’oeuf, colorants…
Présenter cette mixture à des gosiers en pleine croissance me paraît nécessiter comme une longue chaîne de paresse intellectuelle, d’empilement des déresponsabilités, de grégarité aveugle. Une petite démonstration en actes de l’impuissance du service public, par ceux-là même qui en vivent et le peuplent.
Pour tout dire, ce dégât collatéral de l’enseignement obligatoire me paraît tenir du crime plus que du délit, et deux fois plutôt
qu’une: pour atteinte à la santé de la jeune génération d’une part, pour dégradation du projet collectif d’éducation de l’autre.
Vendre ça à des ados dans une école devrait être illégal et le sera, je l’espère, prochainement.
…À ces remarques peu amènes, un collègue m’a opposé que l’on avait essayé les crudités, mais qu’on en avait retrouvé à terre
dans la cour de récréation – signifiant par là, j’imagine, que d’abord les jeunes n’en veulent pas, et qu’ensuite c’est de leur faute s’ils n’en reçoivent pas.
Que les écoles adoptent donc la tétine automatique de l’élevage industriel ! Enfin une propreté optimale!
Et des petits malins pourront y ajouter en douce du bromure ou des calmants, au goutte à goutte.
Le film dont je vous transfère ici l’annonce, donne à réfléchir sur les conditions modernes de la production alimentaire, et met l’accent sur la responsabilité des adultes à l’égard des générations montantes. Des pathologies lourdes prospèrent sur ce terreau, et
la question dépasse bien entendu très largement le périmètre restreint de mon bahut en région liégeoise.
Heureusement, on le voit dans le film, quelques écoles ou pouvoirs locaux s’insurgent, quelques experts aussi.
Il y a même un Monsieur Belpomme dans le mouvement, ça ne s’invente pas.
Bien à vous!
Guy