Stas Academy

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Force m’est de m’arracher de la lecture du p’tit dernier de Jean-Bernard POUY, la Récup’ (chez Fayard noir) pour me plonger dans « mes devoirs » (comme je les appelle), à savoir mes modestes contributions à C4, « de loin le meilleur journal au-dessus du 45ème parallèle », comme ne craignit pas de l’écrire justement Pouy, il y a peu. Et pourtant l’histoire de Loulou, artisan serrurier, spécialiste des clefs et mécanismes anciens, luttant tout seulâbre contre la mafia russe en s’identifiant à Lee Marvin, a tout pour plaire et il me tarde de dévorer les cinquante dernières pages, dès que j’aurai fini de tartiner. Du grand J.-B., comme d’ hab’ ! Avec des trouvailles du genre de celle-ci : — Qu’est-ce que tu prends ? — Un thé au lait. J’ai pouffé. Comme si Churchill se mettait aux biddies ! J’ai pas trop aimé, par contre, ma lecture précédente, à savoir Harry peloteur et la braguette magique, qu’un dénommé Nick TAMMER vient de pondre aux éditions Blanche. Attiré tant par le titre que par le pseudo de l’auteur, et ne répugnant pas à me farcir de la littérature parodique, j’ai trouvé ça faiblard et écrit « à la va-te-faire-foutre » (c’est le cas de le dire ! ) Bref : Caca ! D’ailleurs, on y vient… J’ai de loin préféré une dinguerie pondue par Francis MIZIO (qui fut longtemps chroniqueur à Libération ), le Livre à lire… aux toilettes (aux Éditions de l’Hèbe, 39, Chemin du Lac, Case postale 45 -1637 Charmey – Suisse). Ça peut même se lire ailleurs, car c’est poilant, même si ça ne parle que des avatars de l’exonération du bol fécal. On suit les affres de la « pansée » de l’écrivain désireux d’accoucher d’un tel bouquin, celles-ci assorties d’une foule d’anecdotes se rapportant aux « lieux ». Et on rit souvent. On apprend, par exemple que les wc d’un ménage moyen français de 4 personnes consomment 170 euros en eau par an, soit 17% de la facture d’eau, ou que la moyenne est de 14 pets par jour pour un individu en bonne santé, soit 13 à 15 litres de gaz (les femmes pétant 5 fois moins que les hommes). On s’y souvient d’un film de Charlot dans lequel un adjudant demande à ses recrues : « Est-ce que quelqu’un ici parle anglais ?  » Un type sort du rang. L’adjudant lui dit : « Parfait ! Alors allez nettoyer les water closets.  » On y découvre même des « blagues », du genre de celle-ci : Un couple de Belges est sur la plage en train de se promener. Survient une mouette qui, bien évidemment, chie sur le visage du monsieur. Sa femme lui dit : « Ne bouge pas chéri, je vais aller à la voiture chercher du papier hygiénique !  » Et son mari de rétorquer : « Pfff ! Ce n’est pas la peine, elle est trop loin…  » Après les vicissitudes humaines, passons aux « pauvres bêtes » avec le Petit livre de merde de Matt PAGETT (chez Chiflet & Cie, 38, rue de la Condamine – F 75017 Paris). Une cinquantaine d’animaux sont ici minutieusement étudiés et le voile est enfin levé sur leurs crottes, fientes, fumées, laissées et autres cordylées. Outre des « crottoscopes » savants, on se délecte d’une foule de petits faits croquignolets. Pendant la Guerre de Sécession, on fabriquait de la poudre à canon avec du guano de chauve-souris, très riche en phosphore et en azote. Pendant celle du Vietnam, la CIA avait conçu des émetteurs radio qui avaient la forme d’une merde de tigre. On les disséminait sur la route Ho Chi Minh, sûr que l’ennemi ne songerait pas à les récupérer. Inventaire insolite de ce qu’on a pu trouver dans des excréments d’ours : boîtes de conserve, montres, chaînes de vélos, enjoliveurs, etc. Pour se distraire, les tribus bushmen d’Afrique du Sud organisent des concours de crachats de crottes de girafe. Quant aux aborigènes australiens, ils aiment mâcher des feuilles de tabac mélangées à de la merde de kangourou (très énergétique, paraît-il). Depuis toujours, on trouve au Mexique des cigarettes au crottin de cheval qui, d’après les fumeurs, pourraient rappeler le goût des fameuses Lucky Strike. On ne sait
pas ce qu’en pense le cow-boy Marlboro… Le Championnat du Monde 2006 de lancer de bouse de vache, organisé à Beaver (Oklahoma) a été remporté, chez les hommes par James Pratt, avec un lancer de 61 mètres ; chez les dames, le record a été battu par Dana Martin, avec un lancer de 42 mètres. Etc. 9 euros 95 pour en savoir davantage. En guise de « Table des matières  » (sic) , vous aurez, en sus, droit aux titres auxquels vous avez échappé, parmi lesquels : Crottes en stock – Étrons étrons petit patapon – Esprits de selles – Bouses endormies – Mictions impossibles – les Pourritures terrestres – la Bouse ou la vie – Popo de chagrin – Rythm n’bouses – Excréments du domaine de la merde, … Le caca, c’est la joie. Remontons un peu (mais pas nécessairement le niveau). On ne rate pas l’Art de se curer le nez, de Roland PICHENETT & Jon HIGAM (Eyrolles, 61, Boulevard Saint-Germain – F 75014 Paris). Ce sport-ci, plus populaire que le foot ou la pétanque, unit les continents et fédère les nations. Après une longue Histoire du curage à travers les siècles, sera répondu à toutes vos questions, ce précieux ouvrage regorgeant de conseils et d’explications, tant de première que de seconde main. Une foule d’informations techniques et/ou amusantes vous permettront de perfectionner votre propre pratique. On vous donne même des pistes pour constituer une discothèque idéale, partant de la barbe de Noël (Merdre ! dans pas trop longtemps, on va devoir se la r’farcir ! ) Il est nez le Divin Enfant pour aboutir à I still haven’t found what i’m looking for de U2 (traduction : Je n’ai pas encore trouvé ce que je cherchais), en passant par (pour n’en citer que quelques-uns) : le p’tit Renne au nez rouge – Nez quelque part (Maxime Leforestier) – Cure plus vite Charlie (Johnny Hallyday) – Ho ! j’ cure tout seul (William Sheller) – les Gars de la narine (Jacques Dutronc) ou Couleur menthe à l’eau (d’Eddy Mitchell, tant qu’on y est… ) Et les illustrations sont à pleurer… de rire.

Parmi les petits Mille et une nuits, il en est qui valent fichtrement la peine. Ainsi, les n° 446 & 498, d’Alain CRÉHANGE, le Pornithorynque est un salopare & l’Anarchiviste et le Biblioteckel, deux Dictionnaires de mots-valises 100% poilants. Exemples : BEURRÉKA ! : Exclamation poussée par Archimède, le jour où il glissa de sa baignoire après un repas trop arrosé. BISTOURISTE : Personne qui pratique la chirurgie en amateur durant ses moments de loisir. – CALIMÉROVINGIENS : Lignée de rois de France dont les représentants, bien que nés coiffés, furent poursuivis par un sort vraiment trop injuste. – FREUDONNER : Chanter à mi-voix en laissant s’exprimer son subconscient. — MUTRUELLE : Organisme de protection sociale réservé aux francs-maçons. – ORGASTHME : Plaisir extrême provoqué par une toux violente – TRIPOLINER : Repeindre le portrait du colonel Kadhafi avec des couleurs plus brillantes qu’auparavant. ‘ Y en a des centaines du même genre… Même collection, n°535 : OULIPO, Pièces détachées: un aimable recueil d’une vingtaine de délires oulipiens, formant aussi le texte du spectacle du même nom mis en scène par Michel Abécassis. Pour ceux qui aiment… Enfin, last but not least, le Cercle des Pataphysiciens (n° 544), qui vient juste de sortir, concocté patiemment par pas moins d’onze Optimates du Collège. 3 euros 50 (même pas le prix d’un paquet de clopes ! ) indispensablement dépensés pour approcher La Science, inventée parce que « le besoin s’en faisait généralement sentir.  » La SOUS-COMMISSION DU GRAND EXTÉRIEUR vous fait là un inappréciable cadeau, bien qu’elle n’ignore pas que la porte ne s’ouvre qu’à celui qui frappe (Ouvrez, et l’on vous frappera) et qu’elle sache pertinemment que le « bon bond » (c’est-à-dire verser phynance au Collège) n’est pas à la portée de toutes les bourses spirituelles. Faisant suite aux portraits de 17 Pataphysiciens d’Exception (occultés ou non), vous aurez droit à quelque
lumière (prodiguée par la flamme de la Chandelle Verte) sur la Titulature, le Calendrier Pataphysique, assortie de repères chronologiques & bibliographiques. Quelques-uns d’entre eux (Jean-Pierre BRISSET, Alfred JARRY, Marcel DUCHAMP, Jacques PRÉVERT, Raymond QUENEAU, Eugène IONESCO, Boris VIAN) se retrouvent dans un autre livre, un « gros » celui-là, à 29 euros 95, et même accompagnés de François RABELAIS, Alphonse ALLAIS, Raymond ROUSSEL, Pascal PIA, CHAVAL, PEREC, TOPOR, etc. (Allez savoir pourquoi je n’ai pas plutôt cité CROS, HUYSMANS, RIMBAUD, COURTELINE, FÉNÉON, SATIE, FOUREST, de PAWLOWSKI, PICABIA, CAMI, (je m’arrête à D ?) DAC ! ) De François VILLON à Raymond DEVOS, Patrice DELBOURG a rassemblé les Jongleurs de Mots (Écriture, 34, rue des Bourdonnais – F 75001 Paris). Il y en a 101 : toute la famille réunie ! Énorme collage : BRUANT mais aussi GAINSBOURG, COLUCHE-LAPOINTE (ça fait du bien ! ), TARDIEU ! FOUREST DARD !… FALLET ! (apprenez à lire), CÉLINE BREFFORT, KARR BECKETT TRENET. (Pardon ! J’ ne l’ f’rai plus… ) — Comment DELBOURG les appréhende-t-il ? On veut savoir… — Du calme ! J’y viens : Il y a les « Tueurs à gags », les « Saltimbanques de la satire », les « Bricoleurs du lexique », les « Truculents sarcastiques, les « Tragiques absolus », les Euphoriques de l’aphorisme », les « Princes sans rire », … — Ça va, on a compris ! On vole (acheter) ce livre… — Dont acte.

Mais, soudain, v’là qu’ je m’ rends compte d’une chose : — ‘ Y a p’-têt’ que la Météo qui vous intéresse ? (D’ailleurs, vous n’ lisez qu’ ça, dans l’ journal, après votre Horoscope, la Nécrologie et les Filles sans place… ) Eh bien, je m’en voudrais de ne point embrayer, m’immisçant charitable, en vue de vous permettre de pimenter quelque peu votre rengaine tes jérémiades. Munissez-vous donc du Petit Dico de la pluie et du beau temps, de Frédérique CHEVALIER (City), qui vous permettra de briller grâce à vos Vents, phénomènes, histoires et anecdotes sur la météo. On s’amuse et on apprend. Comme dans presque tous les bouquins de la même collection d’ailleurs (Culture générale insolite, Dico divertissant de la Mort, Dico des insultes, gros mots et autres injures, Idées reçues, anthologies futiles… ) — Vous allez m’ dire que vous n’avez rien appris sur ce Mamé Théo jusqu’ici, malgré que vous êtes tout ouïe… Je bats ma coulpe et répare céans : Questions pour un Champion : Les 11, 12 & 13 mai, on fête les Saints de Glace. Comment se prénomment-ils ?… — Mamert, Pancrace et Gervais (ou Servais). — C’est votre dernier mot ?… Savez-vous laquelle de ces nébulosités amène à un excès d’humidité ? Le cumulus, le stratus, le cirrus ou le cunnilinctus ?… (Et on appelle ça une « chronique littéraire » ! Faut l’ lire pour le croire ! ) Allez ! Zou ! Un Évangile pour guérir, c’est le titre d’un décryptage subtil des Évangiles, confrontés avec les Arcanes Majeurs du Tarot, opéré par Alejandro JODOROWSKY (le Relié Poche, Sagesses, Éditions du Rélié – Fr 84220 Gordes) . Intégristes et grenouilles de bénitier s’abstenir… Et que j’ vous signale une expo (trop tard pour la voir à Nantes, où elle s’est achevée le 12 octobre, mais pas au Musée des Beaux-Arts de Dole, où elle commence le 21 novembre pour se terminer le 21 février 2009) : « Regarde de tous tes yeux, regarde », l’Art contemporain de Georges Perec. Le catalogue, sous le label des Èditions Joseph K, est à étudier par tous les inconditionnels de Perec. C’est pas tant l’expo qui devrait les brancher, mais plutôt les textes précédant le « catalogue » proprement-dit. Bon ! C’est pas tout ça… On croit toujours que la Stas Academy va vous prendre une heure ou deux à tout berzingue, et puis on la commence un soir à 19 heures pour n’en voir enfin le bout qu’à 00 heure 07’… Même sans avoir eu l’occasion de réaffirmer son amour pour Papiers nickelés, la revue de l’image populaire, dont le n°18 est magnifique, une fois de plus, « bandant », ne serait-ce que pour (paraîtrait qu’ « que pour » nest pas trop correct, mais, tant pis, je sens l’écurie, Merdre ! ) l’étourdissante iconographie rassemblée par Théophraste ÉPISTOLIER (alias Yves FRÉMION himself ) recensant tous les pastiches de la célèbre icone commise par Jacques CARELMAN en Mai 68 (un méchant CRS, casqué, lunetté, odieux derrière son bouclier, brandissant aveuglément sa crapuleuse matraque — Cette image traîne dans toutes les têtes… ). J’ vous quitte et je m’ replonge dans le POUY : Dimanche. Le dimanche, les enfants s’ennuient, comme dit la chanson. Quand, petit, je me plaignais et déclarais à ma mère que je m’ennuyais, elle me répondait que j’avais de la chance…

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