Aujourd’hui encore des projets ciblés
L’action de l’Asbl est scindée en deux volets : d’une part, il s’agit une entreprise d’économie sociale dont la gestion est assurée par des ingénieurs commerciaux. D’autre part, l’association a développé différents services sociaux. Elle prévoit de mener deux projets phares dans les prochains mois, à savoir une maison d’accueil pour jeunes sans abri, âgés entre 18 et 25 ans, et l’acquisition d’une ferme qui pourrait accueillir des personnes ayant suivi une cure de désintoxication, afin qu’elles développent des activités de jardinage alliant la culture de légumes à celle des fleurs et des fruits. Pour ce projet, l’association recherche un support médical, des partenaires financiers et une exploitation qui pourrait accueillir une activité agricole de type bio.
Les activités d’économie sociale
Les Petits Riens ont fait de l’économie sociale dès leur création, soit bien avant la définition et le développement du concept. L’objectif de l’économie sociale est de faire de l’économie autrement, c’est-à-dire de mettre « l’économie au service de l’homme».
L’Asbl répond à tous les critères en la matière, soit l’autonomie de la gestion, la finalité de service aux membres et à la collectivité plutôt que le profit, un mode de prise de décisions démocratique, et enfin la primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus. Elle assure également de façon indépendante une partie importante de son financement en dehors des subsides publics qu’elle reçoit, ceux-ci s’élevant seulement à environ 20% des recettes.
Les Petits Riens ont d’abord développé leur filière économique autour de la récolte, du tri et de la vente d’objets de seconde main. Ils sont ainsi devenus membres de l’Asbl Ressources, qui fédère les acteurs de l’économie sociale actifs dans la récupération et le recyclage. Par ces activités, ils tentent de relever les défis environnementaux actuels. En recyclant les différentes composantes d’un objet, il retrouve une seconde vie, ce qui constitue un double gain pour l’écologie et pour la lutte contre le gaspillage.
Les moyens financiers dégagés par les activités économiques servent à la réalisation des projets sociaux. Toutefois, l’activité économique est elle-même à finalité sociale, puisqu’elle permet à la fois la réinsertion socioprofessionnelle d’un public en marge du circuit du travail classique, et l’approvisionnement à prix modique des personnes à revenus modestes dans les magasins. De plus, toute personne dont le besoin est reconnu par un service social, celui des Petits Riens ou d’un partenaire, peut recevoir gratuitement ou moyennant une légère contre-partie, des produits de première nécessité.
Des activités diverses à travers la Belgique
L’Asbl dispose d’une épicerie sociale, ouverte depuis mars 2007, qui propose des produits de consommation courante à très bas prix. Elle a également mis sur pied le Centre Horizon, un atelier de formation par le travail qui permet à ses stagiaires d’obtenir une attestation de formation de technicien en électromécanique et électroménager. Son Centre d’Accueil Social Abbé Froidure compte plus de 1 000 bénéficiaires, et ses restaurants sociaux offrent 65.000 repas par an.
Les Petits Riens comptent aussi douze magasins en Région bruxelloise, quatre en Wallonie et un à Anvers. Sur l’année, l’ensemble des magasins attire quelque 200.000 clients.
Chaque année, l’association reçoit plus de 3.500 tonnes de vêtements dans les guérites et récolte 900 tonnes de meubles. Tous ces dons sont triés soigneusement. Ceux qui sont en trop mauvais état pour être vendus sont mis au versage au frais de l’association. Les objets retenus sont ensuite triés par genre et livrés dans les différents magasins. C’est la filière textile qui a connu le développement le plus fulgurant. Chaque jour, 16 tonnes de vêtements passent dans le centre de tri de Leeuw-Saint-Pierre.
Pour traiter un tel volume, toute
la chaîne du centre de tri est entièrement mécanisée. Après le tri, les vêtements de la meilleure qualité sont envoyés aux magasins de seconde main, principalement à Bruxelles. Les vêtements de moindre qualité sont pressés en balles et exportés, principalement vers l’Afrique. Les tissus convenant à l’essuyage sont découpés en chiffons pour être vendus dans des ateliers, garages, imprimeries…
La finalité du centre de tri reste sociale car, sur la centaine d’employés qui y travaillent, la moitié est sous contrat « article 60 ». Ces stagiaires, avec l’aide d’un CPAS, retrouvent les exigences du travail professionnel et bénéficient d’un accompagnement social et d’une aide à la recherche d’emploi à la fin de leur stage.
« Tout homme porte un rêve, un but enfoui au plus profond de lui mais souvent méconnu ». Chacune des associations qui composent Les Petits Riens est confrontée de différentes façons aux phénomènex de précarité et de pauvreté, se retouvent face à des êtres humains en quête de mieux-être. La philosophie qui sous-tend les actions des différentes composantes de cette Asbl est de placer l’homme au cœur de ses préoccupations. Bien au-delà des activités, l’objectif des Petits Riens est d’aider ceux qui font appel à eux à élaborer et à concrétiser un projet individuel.
L’hébergement et le post-hébergement
A Bruxelles, le profil sociologique des résidents de la Maison d’Accueil pour sans-abri des Petits Riens s’adapte à l’évolution de la population bruxelloise, de plus en plus diversifiée. L’origine socio-économique des résidents reflète la population bruxelloise dans son ensemble, avec une certaine proportion d’immigrés, d’universitaires et une population précarisée de plus en plus jeune. La pauvreté se manifeste à travers certains indicateurs comme les revenus insuffisants, les loyers trop chers, le logement insalubre, l’endettement constant, la sous-qualification, un réseau social très restreint, des problèmes de santé, de santé mentale et d’assuétude… A ceux qui ont perdu à la fois leur logement et leur travail, qui ont été abandonnés par leurs amis et leurs proches peut-être déstabilisés par leur détresse sociale, la Maison d’Accueil des Petits Riens tente d’apporter bien plus qu’un logement et un repas : une régularisation administrative et financière, ainsi qu’une écoute empreinte d’empathie.
Les situations rencontrées sont multiples, et les causes à l’origine de la demande d’accueil sont aujourd’hui très complexes. En outre, l’intégration dans la société s’avère de plus en plus difficile à réaliser. La tendance est plutôt à laisser de côté tous ceux qui ont eu la malchance d’avoir des « manques » ! Les travailleurs sociaux sont de plus en plus dépassés par l’ampleur des problèmes que présentent des personnes souffrant de troubles mentaux, qui nécessitent un suivi médical serré, mais qui malheureusement n’ont plus de réseau social, médical ou administratif. Les maisons sociales constituent le dernier rempart pour ces personnes soumises aux substances psychotropes.
Pour financer la maison d’accueil pour jeunes sans abri de 18 à 25ans, l’Asbl organise régulièrement le défilé « Second Hand Second Life ». Sa sixième édition s’est déroulée en octobre dans le Centre de tri de Leuw-Saint-Pierre. Une goutte d’eau, peut-être mais qui compte vraiment pour de nombreuses personnes totalement démunies.