« Ce sera tout à fait
Comme à la radio
Ce ne sera rien
Rien que de la musique
Ce ne sera rien
Rien que des mots
des mots
des mots
Comme à la radio
Ça ne dérangera pas
Ça n’empêchera pas
de jouer aux cartes
Ça n’empêchera pas
de dormir sur l’autoroute
Ça n’empêchera pas
de parler d’argent
Nayez pas peur
Ce sera tout à fait
Comme à la radio (…) »
Brigitte Fontaine, « Comme à la radio »
La radio. « Rien que de la musique et des mots », comme chante Brigitte Fontaine ?
Mais aussi, surtout… Un média, certes singulier, mais qui au même titre que les autres transmet de l’idéologie.
Curieusement, c’est quand la Bourse s’effondre, que les Banques périclitent, que la Panique gronde, qu’un nombre significatif de journalistes, radio et télé confondues, se mettent à questionner leur implication dans l’impact de l’info sur le(s) réel(s).
« Il fait froid dans le monde. Ça commence à se savoir, et il y a des incendies qui s’allument dans certains endroits parce qu’il fait trop froid ».B.F
Pour Jacques Foschia, spécialiste et pratiquant des ondes hertziennes, « la radio est un spectacle imaginaire dont le message a un impact considérable ». Et de poursuivre : « (…) l’auditeur n’est pas passif, il fait partie intégrante du processus. Dans le système électromagnétique, il y a une dimension corporelle (…) Cet aléatoire dû à la position (des corps), cet accidentel propre au medium, est un des aspects qu’ont tenté d’exploiter les futuristes. Au niveau physique, cela implique une dimension politique au sens étymologique : qu’est-ce qui se passe quand on se trouve dans un champ? »
On est loin, ici, d’une représentation de la radio comme un fond sonore qu’on écouterait distraitement en faisant la vaisselle. Pourtant, un siècle après les futuristes, la radio a fait un parcours en tous sens, de « Radio-Londres » aux radios-pirates puis aux radios « libres », dans l’acception toute « libérale » du terme. Chez nous, le cadre dans lequel s’inscrivent ces dernières —grands groupes politico-économiques, marchés publicitaires, course à l’audimat—, couplé à la rareté intrinsèque des ressources hertziennes, induit une « guerre des ondes » que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel tente d’arbitrer à coups de plans de fréquence sans cesse remis en cause. D’ailleurs, à l’heure de boucler ce numéro, le C.S.A vient de retirer ses décisions d’octroi des réseaux à Bel RTL, Contact, Nostalgie et NRJ ainsi que sa décision de refus d’octroi à Ciel Radio. « De nouvelles décisions sont attendues », écrit ce dimanche 26 octobre 2008 La Dernière Heure. Face au recours introduit par Ciel Radio au Conseil d’Etat et au vu du rapport critique établi par l’auditeur de ce dernier, le C.S.A a préféré anticiper.
Tout cela sans parler des interférences communautaires, et des questionnements qui émergent lorsqu’on tente de comprendre le rôle et les enjeux de la radio de service public…