Les séries :
entre sorcellerie, violence et familles éclatées…
Au hit-parade des séries, étonnamment, c’est une production française qui rafle le titre. « Plus belle la vie » est un feuilleton mettant en scène le quotidien des habitants d’un quartier fictif de Marseille, le Mistral, organisé autour de deux principaux types d’intrigues: la vie des habitants du quartier avec leurs tracas quotidiens, et des intrigues criminelles dans lesquelles sont impliqués certains habitants du Mistral. Elle se veut réaliste, faisant souvent allusion à divers événements d’actualité. Les thèmes sociaux évoqués sont également nombreux. Mais il faut dire que son réalisme a quand même des limites. Il semblerait que le Mistral soit un aimant attirant tout les malheurs du monde : agressions racistes, affaires d’espionnage, empoisonnements, épidémies, serial killer… Il y quand même eu 45 morts non naturelles depuis le début de la série.
Vient ensuite l’armada hollywoodienne avec le trio des séries actuellement plébiscitées par les adolescentes : « Les frères Scott », « Prison Break » et « Grey’s anatomy ».
« Les frères Scott » raconte l’histoire de Dan Scott, père de deux garçons : Lucas et Nathan, fruits de deux relations. Dix-sept ans plus tard, Lucas, qui a été élevé par son oncle, et Nathan, se retrouvent dans la même équipe de basket, celle de leur lycée, sans savoir qu’ils sont frères. Dans cette série se mêlent rivalités, passions et secrets familiaux. On y voit un groupe d’ados, provenant d’une classe aisée, évoluer et grandir; vivant des amours compliqués. Infidélités, rivalités, drogue et alcool sont le quotidien de cette jeunesse dorée aux parents absents ou au contraire excessivement présents. Un mélange invraisemblable de filles et de garçons au physique « de rêve », de grosses bagnoles et de baraques de luxe… Pur produit yankee standardisé qui visiblement fait rêver les adolescentes!
« Prison break » mêle action, thriller et drame, dans une ambiance carcérale virile. Après s’être fait tatouer le plan de la prison d’État de Fox River sur le torse, un ingénieur (beau et très intelligent) braque une banque dans le but d’être condamné et incarcéré à Fox River. Tout ça pour aider son frère à s’évader de la prison, où il attend d’être exécuté pour le meurtre du frère de la vice-présidente des Etats-Unis (rien que ça), crime qu’il n’a évidemment pas commis. S’ensuivent des événements imprévus venant compliquer le plan d’évasion minutieusement élaboré. Pour le reste, c’est le cocktail habituel qui a toujours la cote: langage grossier, sexe, drogues et violences. Les associations de parents états-uniennes sont furieuses et font pression sur les chaînes télé pour le virer du prime time. En France, on pratique la censure de certaines scènes et on profite du doublage pour édulcorer les dialogues. Aux USA, la série est déconseillée aux moins de 14 ans, et en France (donc en Belgique francophone) aux moins de 12 ans. Matures les ados!
Grey’s anatomy : Cette série met en scène une équipe médicale d’un hôpital fictif de Seattle. Meredith Grey est une interne de première année en chirurgie au Seattle Grace Hospital. Elle va devoir bosser sept années si elle veut réussir sa spécialité, tout comme ses camarades internes de première année. Ajoutez à cela la complexité et les hauts et les bas de leurs vies personnelles au moment ils prennent leurs marques et tissent de forts liens d’amitié…
Une trame franchement pas originale, juste une variante de plus d’« Urgences », mise au goût des jeunes pouvant s’identifier aux internes. Les rapports humains tombent dans les clichés habituels : mariage manqué, infidélité (tout le monde couche avec tout le monde), problèmes familiaux, manque de détermination de différents personnages dans tous les domaines de leur vie… Tout ça mélangé à la vie d’un hôpital tout à fait normal… Un peu ennuyeux tout ça.
En bref, on peut également citer « Charmed », trois jeunes sorcières luttant contre des fantômes maléfiques; « Buffy
contre les vampires », une lycéenne experte en arts martiaux chassant monstres en tout genre dans les recoins du lycée, ou «Le destin de Lisa», mettant en scène une jeune fille moche, timide et maladroite dans le milieu impitoyable de la mode berlinoise.
Pour les plus jeunes (ou les plus sages), le surnaturel a également la côte mais en plus humoristique: «Sabrina, l’apprentie-sorcière» est, comme son nom l’indique, l’histoire d’une jeune fille qui découvre lors de ses 16 ans qu’elle est une sorcière. Elle a un chat qui parle et deux tantes excentriques chargées de la former aux arts de la sorcellerie. Du côté du lycée, on peut épingler « Hannah Montana » une ado de 14 ans, risée des pom pom girls et des fashion victimes du bahut, vivant une double vie en secret. La nuit, elle est une pop star…
Reality Show et variétés:
Entre compétition et porno chic.
Dans l’univers télévisuel, il n’y a pas que des séries où on assassine les jeunes filles : on trouve également d’autres types d’émissions où on les déshabille.
Il y a évidemment un paquet d’émissions musicales diffusant pendant des heures des clips où, pour la plupart, de jeunes demoiselles dansent à moitié nues sur des tubes du moment. Qu’elles soient chanteuses ou modèles, les filles seront quasi obligatoirement en maillot ou en tenue sexy.
Parmi les émissions musicales on trouve également «Star Ac’», « Pop Star », et « Nouvelle Star ». Ces « reality show » ont un but identique :dénicher de nouveaux talents parmi le commun des mortels dans le cadre d’une compétition artistique. Le talent en question devra savoir chanter, danser, écrire, avoir du goût … et être beau. Comme quoi, la polyvalence et la flexibilité, ça prend désormais racine dès le plus jeune âge. Pour « Star Ac’ » et « Pop Star », des castings ont lieu dans différentes villes francophones, plusieurs mois avant le début de l’émission, et des milliers d’ados vont se casser les dents sur un jury “sévère mais juste”. Une dizaine de personnes sont alors sélectionnées. Coupés de leur environnement, ils partagent pendant plusieurs mois leur vie quotidienne, rythmée par différents apprentissages pluridisciplinaires. Certains de ces moments sont diffusés sur la chaîne produisant l’émission, et, si vous avez le satellite, vous pouvez capter 24h sur 24h la vie de ces artistes en herbe à l’intérieur de l’Académie. Chaque semaine il y a des éliminations, les candidats passant une sorte d’examen, et ceux qui le ratent sont éliminés. Il ne doit en rester qu’un. Le (ou la) gagnant(e) aura l’opportunité d’enregistrer un disque et de goûter aux joies du show-biz. La « Nouvelle Star », est identique, à la différence qu’on n’affiche pas le quotidien des concurrents, mais seulement les moments des « examens ». D’ailleurs, selon le témoignage des jeunes filles, la Nouvelle Star serait, des trois, le plus suivi, justement grâce à ce côté moins voyeur.
Vous vous demandez probablement quel est le profil type du gagnant? Les concepteurs des émissions ont bien étudié la chose : le jury est composé d’artistes sur le retour ou de professionnels du show-biz (le côté pro). Les téléspectateurs peuvent voter via sms pour leur candidat préféré lors des soirées éliminatoires en direct, (le côté pouvoir au peuple !). Donc, en toute logique, les gagnants sont quasi exclusivement de jeunes types qui feraient le beau-fils parfait vu que les votants sont majoritairement … des votantes.
Toujours selon le témoignage de jeunes filles, ce type d’émissions est en train de perdre pied, parce que le principe se répète depuis de nombreuses années, et l’on s’aperçoit que rares sont les gagnants qui arrivent à faire une carrière sur le long terme. Sans parler de rumeurs faisant état de tricherie au niveau des sélections.
D’autres jeux peuvent choquer les âmes pudiques. Les variantes sont multiples mais le principe identique. Un garçon (ou une fille) doit choisir son âme soeur parmi plusieurs prétendant(e)s.
“Next”, qui fait office d’institution en la matière, est un jeu basé à Los Angeles où cinq
filles (les prétendantes) sont dans un bus, et l’âme sœur, dehors. Les prétendantes descendent tour à tour et passent un moment avec la personne dont les desiderata sont souvent très superficiels (je veux du cul et des gros nichons). Le nombre de minutes passées avec l’âme sœur rapporte l’équivalent en dollars. Si la lauréate n’a pas de chance (c-à-d si elle est moche) s’ensuit un “next” (suivant) et elle fait directement demi-tour avec un dollar en poche et rentre dans le bus; dans le cas contraire, elle va un peu plus loin, c’est-à-dire causer et faire les quatre volontés du participant, ce qui est parfois franchement humiliant. Ça en dit long sur la précarité des jeunes prêtes à faire du roller déguisées en hot-dog pour 50 dollars. Si l’âme sœur considère que c’est “la bonne”, il lui propose un nouveau rancard à la place du fric. S’ensuit une embrassade au ralenti si la fille accepte.
Pendant ce temps, à l’intérieur du bus, c’est variable: les filles peuvent s’insulter en pointant les défauts physiques de l’autre ou, au contraire, donner libre cours à leur côté “bi”. On y trouve également des actes de « solidarité », comme la dernière prétendante qui refuse le rendez-vous et accepte le fric, parce que le mec a été trop loin avec les autres filles. Ce type d’émission est conçu selon les standards porno. Hétéro, homo, uniracial ou non. A noter que, pour une fois, les gays et lesbiennes sont favorisés, ils peuvent toujours se faire quelqu’un dans le bus !
Jo Napolillo