Préambule

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Un cycle est une suite de phénomènes se renouvellant. On en trouve partout autour de nous et en nous : les saisons viennent et reviennent ponctuer nos existences d’habitants des pays tempérés. Les femmes ont leurs règles à intervalles périodiques (en anglais les règles se disent periods ), en coïncidence troublante avec les cycles de la Lune d’ailleurs; il paraîtrait même que cette concordance de rythme serait le signe d’une affinité particulière entre elles et notre satellite. Nos corps font partie du cycle de l’eau et du cycle du carbone; à l’échelle de la planète Terre, ce dernier tend d’ailleurs à une certaine stabilité – on parle alors d’homéostasie. En remontant dans le temps, on constate que les civilisations chinoises et indiennes avaient inventé de très subtiles façons de décrire la marche du temps et ses recommencements cachés. Pour revenir chez nous, les marchands s’ingénient à nous inventer de nouvelles fêtes récurrentes et ne se privent pas d’exploiter abondamment celles qui existent – à l’heure où j’écris ces lignes les haut-parleurs du Marché de Noël voisin claironnent jusqu’à l’écoeurement des chants de Noël entrecoupés d’annonces publicitaires; heureusement que nous avons encore le dimanche, le vendredi ou le samedi pour nous reposer. Les journalistes aussi ont leurs cycles, les «marronniers», ces sujets impossibles à éviter – régimes ventre plat et musculation avant l’été, Saint-Valentin … – dont on murmure qu’ils seraient le symptôme de l’absence d’imagination de nos chers amuseurs-informateurs, calomnies, sûrement! L’existence humaine, elle aussi, a ses cycles : Rachel et Marcel, 70 ans, les connaissent bien puisqu’ils se préparent tout doucement à la dernière étape en se remémorant les leurs.

Mais, depuis quelques temps, il semble que nous ayons quelque peu perdu de vue cette composante cyclique de la réalité. Nous autres héritiers de la tradition judéo-chrétienne,particulièrement, semblons privilégier une approche du temps uniquement linéaire qui manque cruellement de précision, à tel point que nous sommes en train de détraquer quelques-uns des cycles les plus importants de notre environnement et de nos corps; et on n’interrompt jamais un cycle sans conséquences. Le recours à la technique trouve aujourd’hui ses limites, mais les appétits de celle-ci semblent illimités. Pourrons-nous renverser la tendance, par exemple en rejoignant l’épique tribu des cyclistes? En parvenant à inventer de nouveaux cycles? Ou bien faudra-t-il aller jusqu’au bout du cycle de destruction pour assister à la renaissance? En ferons-nous partie?

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