Le pitch est simple : évoquer des personnes qui ont marqué la petite ou la grande histoire de la Belgique, et ce par la voix des descendants. En théorie, n´importe quel quidam peut remplir le formulaire proposé sur le Net afin de faire connaître ses aïeux méconnus du grand public. Très bien. Très bien, à un détail près : sur les quarante-cinq personnalités présentées, quasi seuls les grands chefs d´entreprises, décideurs de pouvoir, intellectuels notoires et personnalités de l´establishment ont droit à une hagiographie post-mortem. Maurice Grevisse, Jules Delhaize, Gustave Boel, Ernest Solvay, Marie Spaak, Eddy Meeus ( fondateur de Walibi), Paul Vandermissen (1er concessionnaire automobile), Peyo, Henry Storck, Marguerite Yourcenar ne sont pas des illustres…inconnus. Point de militants, de syndica-listes, d´iconoclastes, de marginaux géniaux grâce auxquels la Belgique n´est pas aussi lénifiante que la Suisse. Encore que. Si le climat actuel tend à persister, la presse risque bien de ne plus refléter que le seul mo-dèle dominant. L´hagiographie patronale comme apologie du libéralisme?
Peut-être vaut-il mieux connaître la vie de Jules Delhaize que les dessous de Tatiana, de l´émission nauséabonde de TF1 Secret-story. L´apologie de la réussite sociale et financière n´est pas un crime de lèse-majesté, loin sans faut. Mais il n’empêche que TF1 est une chaîne privée qui se définit elle-même comme receleuse de parts de cerveau disponibles. La RTBF, elle, n´est-elle pas censée nous montrer autre chose qu´une vitrine lèchée et aseptisée de ce pays? N’est-on pas en droit d’attendre, à tout le moins, qu’elle se sou-vienne de tous ceux qui ont fait l’histoire, lorsqu’elle se donne pour mission de raconter celle de notre pays?
La Belgique n´est pas un pays aussi lénifiant que la Suisse. Encore que…
ASBL D'Une Certaine Gaieté 
