Lorsqu’en 1995, les participantes à la «Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes » de Beijing, travaillaient sur une plate-forme d’action intitulée «Femmes et Medias », une révolution dans les communications pointait déjà à l’horizon. L’inclusion des communications en tant qu’espace d’intervention pour les femmes a été un moment-charnière. L’importance de cet enjeu a été confirmé par des années de changements massifs dans les médias à travers le monde. Des changements qui, selon le rapport de la Conférence « Femmes et médias » de New York, en 2000, seraient «porteurs d’un potentiel énorme, autant positif que négatif, pour faire avancer ou bloquer l’avènement d’un ordre plus juste et équitable entre les genres»
Les développements technologiques ont rendu l’image des femmes dans les médias plus complexe, et ont contribué à des attentes sociales inaccessibles autour de leur beauté et de leurs capacités. D’autre part, les femmes occupent encore rarement les postes de prise de décisions dans les organisations médiatiques. Toutefois, il semblerait que les travaux entrepris en 95 à Beijing aient tout de même contribué à la promotion des images et des rôles positifs des femmes dans les médias.
Partant de ce constat, mais aussi d’une série d’idées en tous sens, recueillies en brainstorming sur le thème, nous avons tenté de structurer le désordre, en donnant à ce dossier une double direction. Une première partie questionne les images des femmes dans les medias, invitant à mieux les décoder pour pouvoir, enfin, les réinventer. Il y est aussi question de la presse féminine et de l’utilisation des medias par les femmes, à partir de l’exemple de la presse écrite quotidienne. Une dissertation sur les clichés suggérés par la notion même d’utilisation féminine spécifique des quotidiens. Une seconde partie interroge les liens entre femmes, medias, et nouvelles technologies, introduisant au cœur du sujet les notions d’engagement et de résistance. A travers l’exemple des Mères de la Place de Mai, en Argentine, et celui des mediactivistes, issues du mouvement contre la globalisation économique, des femmes nous montrent comment elles articulent luttes et medias, résistance et images, idées et technologie.
Pour finir, l’analyse d’un texte visionnaire, celui de Donna Haraway : le Cyborg Manifesto. Cyborg est un mot d’origine anglaise, contraction de «cybernetic organism ». Le cyborg est la fusion de l’être organique et de la machine. Les représentations du cyborg, que ce soit dans la littérature, la BD ou le cinéma, sont souvent inspirées d’une mythologie guerrière. Cet essai prophétique donne, juste avant l’explosion des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), quelques clés pour transcender un usage purement masculin et guerrier de celles-ci. La puissance suggérée par Haraway est multiple et polymorphe : un concentré de technologie, de nature et d’humanité, capable de faire exploser les frontières entre les genres. Une incitation pure et simple à envisager les potentialités des NTIC dans une perspective radicalement différente, à contre-courant des schémas de commandement et de contrôle.