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Audrey, 27 ans, en recherche d’emploi et Tonio, 41 ans, employé.

C4 : Quelle est votre relation à la banque ? Quels services utilisez-vous, par exemple pour retirer de l’argent ou faire vos payements ?

Audrey : Je suis chez Dexia. Je ne vais jamais au guichet sauf chez Fortis pour toucher les chèques de la mutuelle. C’est pénible parce ça me coûte 1,50 euros par chèque… J’ai déjà écrit à ma mutuelle à ce sujet mais rien n’a changé.
Je fais mes retraits au self. J’utilise aussi le netbanking pour mes virements et voir où j’en suis. Quand j’y pense, je retire mes extraits de compte sinon je les reçois par courrier.

Tonio : Je ne vais jamais dans l’agence, je retire dans les selfs et je fais aussi mes payements par netbanking. Quant aux extraits, je les reçois par internet.

C4 : Avez-vous l’impression d’être informés
des tarifs que votre banque pratique ?

Tonio : En 25 ans chez CBC, j’ai reçu une fois un appel… pour me proposer des placements et j’ai dit que ça ne m’intéressait pas. Sinon, je reçois chaque année un dépliant avec leurs conditions et leurs tarifs. Je paie un forfait de… (il fait une petite recherche) plus ou moins 40 euros par an pour tous les services, netbanking inclus.

Audrey : Je reçois parfois des infos sur mes extraits de compte mais je les lis rarement.
Je ne sais pas du tout combien je paie pour mon forfait. Quand j’avais moins de 25 ans, je me souviens que je recevais souvent des offres promotionnelles, pour des places de cinéma gratuites par exemple. Depuis que j’ai 26 ans, plus rien…
Et j’ai appris par hasard il y n’y a pas longtemps que ça coûtait plus cher de retirer de l’argent dans une autre agence que la sienne.

Tonio : CBC n’a qu’une seule agence à Liège, sur le boulevard Piercot… Je trouve un peu fort que le retrait soit payant ailleurs parce que je n’ai pas trop le choix. Je vais peut-être penser à changer de banque…
Audrey : J’ai travaillé un mois à la Poste comme étudiante. Pour toucher mon salaire, j’ai dû ouvrir un compte chez eux. J’ai voulu clôturer le compte qui était vide depuis un an et cela m’a coûté 25 euros. Depuis, j’hésite à changer de banque… Pourtant, je n’avais pas du tout apprécié à l’époque la campagne de pub Dexia qui encourageait les adolescents à demander de l’argent de poche à leurs parents, j’avais trouvé ça scandaleux.

Anne, 36 ans, employée, mariée, deux enfants

Les services offerts par les banques comportent des dangers. Par exemple, dans ma banque, vous avez droit automatiquement, quelques mois après l’ouverture de votre compte, à un découvert de 600 euros, qui quelques mois plus tard passe à 1250 euros, sans que vous ayez demandé quoi que ce soit. C’est insidieux, car même si on n’avait pas demandé ce service, une fois qu’on y a accès, on est tenté de s’en servir et on se retrouve en négatif sur son compte sans même s’être rendu compte de quoi que ce soit. Je trouve qu’on devrait davantage informer les gens des risques qu’ils encourent, et aussi des intérêts qu’ils vont payer pour bénéficier de ce service.

Jeanne, 40 ans, fonctionnaire,
mariée, quatre enfants

L’été dernier, pour acheter mes billets d’avion sur le net, j’ai demandé à ma banque l’obtention d’une carte de crédit. « Avec deux salaires qui rentrent tous les mois », m’a dit mon banquier, « vous y aurez droit sans problème », et ça a été le cas. J’ai obtenu une carte Mastercard avec un découvert possible de 1900 euros. J’ai commencé par utiliser ma carte pour des petits suppléments, des cadeaux aux enfants, une sortie ou l’autre, des dépenses qui ne rentraient pas dans mon budget du mois. Le problème, c’est que le mois suivant, il faut rembourser. Et on commence à creuser le trou. Le cercle devient vicieux en moins de temps qu’il faut pour le dire, et on se retrouve dans des procédures infernales, où dès la clôture mensuelle des dépenses, on retire au Bancontact le solde restant, en
payant au passage 5 euros de frais à chaque fois, pour pouvoir approvisionner le compte courant avant que celui-ci soit débité pour rembourser les dépenses de la carte de crédit. Vous avez suivi ? Cela vous situe le degré de stress et d’angoisse que cela occasionne. Toujours cette peur de louper un jour et de voir le compte courant débité alors qu’il n’est pas approvisionné… Et dans ce cas, c’est le blocage des cartes bancaires et du compte courant jusqu’à régularisation de la situation… Quand on a des enfants, on ne peut pas se retrouver sans argent, même deux jours…

Jean, 26 ans, infographiste,
actuellement au chômage

Je me souviens, un moment, pendant mon stage d’attente, je touchais une allocation du CPAS parce que ma mère n’avait pas assez de revenus pour m’aider. Pour pouvoir toucher mon chèque du CPAS, c’était chaque fois galère… Obligé d’aller au Crédit Communal, et y’avait toujours un problème quelque part. Après, quand j’ai eu droit au chômage, j’ai ouvert un compte dans une autre banque, chez ING, en fait. Mais je déteste la façon dont on vous traite sous prétexte que vous n’avez pas un salaire fixe et un compte d’épargne. Je ressens toujours une forme de mépris de la part des employés. Il y a deux jours à peine, devant moi, au guichet, il y avait un monsieur, la cinquantaine, immigré, qui parlait très mal le français et qui essayait tant bien que mal de se faire comprendre… Et bien, l’employée lui répondait avec un mépris total, frisant la grossièreté… Puis, elle regardait une autre cliente, juste au guichet d’à côté, le genre bourgeoise bien sous tous rapports, et lui lançait des œillades complices en marquant son exaspération. J’avais envie de lui faire avaler ses lunettes! Alors j’évite les guichets un maximum. Mais, du coup, je suis pas du tout informé. Je me suis rendu compte l’an dernier, en fin d’année, du coût incroyable des « services » bancaires comme les retraits, virements, et surtout envois à domicile des extraits de compte, ce qui m’arrive tout le temps car j’oublie toujours de les retirer à la machine… Si j’avais eu un meilleur rapport avec les employés de banque, peut-être que j’aurais fait plus attention… Qui sait, quand j’aurai un salaire régulier ? Non, vraiment, je crois qu’on n’est pas faits pour s’entendre…

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