Manger lent

Download PDF

Il faut toujours plus, plus vite, le moins cher possible! Fast-food, micro-ondes, aliments pré-préparés, agriculture intensive et monoculturelle, entraînent un curieux oubli du temps : oubli de prendre le temps de préparer et déguster les repas ensemble, du temps de la graine qui se fait fruit, des saisons, de la vie… Les jugements incantatoires à l’égard du diktat des industries, la nostalgie des temps jadis où «on avait le temps» empêchent peut-être d’honorer l’émergence de mouvements tels que Slow Food qui proposent des initiatives concrètes afin de voir apparaître un rapport nouveau au goût, à la biodiversité, à la cuisine,… Loin d’être mortifère et moralisateur, le mouvement essaie d’associer une certaine éthique- exclusion des OGM, respect de l’animal et des techniques dites traditionnelles,…- avec le plaisir et la convivialité. Le concept d’éco-gastronomie traduit cette capacité à allier deux dimensions qui peuvent sembler antagonistes. Slow Food s’attache à redonner une légitimité au plaisir de manger, en apprenant à redécouvrir la richesse des saveurs, à reconnaître la diversité des producteurs, à respecter le rythme des saisons. Tout se tient! Le réseau est réparti en sièges locaux, nommés «conviviums» (du latin: festin) qui se chargent d’organiser des cours, dégustations, voyages,… En Belgique le convivium se nomme Karikol… Avez-vous déjà entendu parler des choux perpétuels, des carottes violettes, du concombre alexander? Par ailleurs, une «arche du Goût» fut créée pour cataloguer les aliments en danger de disparition et pour documenter tous les aspects des différents aliments : techniques, espèces d’animaux, types de légumes, etc… La «sentinelle», de son côté, est une métaphore pour exprimer ce qui protège les artisans contre la marée montante, quasi guerrière, des produits homogènes et globalisés. Elle travaille à préserver et faire connaître des aliments en danger de disparition, liés à la mémoire d’un groupe et à une région précise, qui disparaissent faute de marché. Plusieurs doutes peuvent cependant apparaître. N’y a-t-il pas un risque de mondialisation paternaliste, agissant comme par revers de celle que l’on dénonce, à l’égard des producteurs? D’autre part, comment étendre ces pratiques à des personnes qui n’en on pas les moyens? Autant de problèmes que le mouvement s’est sûrement posés et que sa «glocalisation» conduit sans doute à atténuer.

A lire:
Carlo Petrini, « Bon, Propre et Juste – Éthique de la gastronomie et souveraineté alimentaire «,Yves Michel, 2006
Carlo Petrini, «Slow food, manifeste pour le goût et la biodiversité : La malbouffe ne passera pas !»,Yves Michel,2005

Aucun commentaire jusqu'à présent.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Archives

Catégories

Auteurs