La polygamie est mal perçue par l’occident, au point d’en faire un délit dans le code pénal. Dans l’inconscient collectif, quand l’on parle de polygamie, on pense surtout aux communautés musulmanes. Mais le monde chrétien n’est pas en reste : « la Genèse nous décrit une société patriarcale polygame. Le harem de David est célèbre et celui de son fils Salomon l’est encore plus. Bien avant eux Abraham et Moïse étaient polygames »[2]. Il existe en Amérique du nord des sectes mormones fondamentalistes se référant stricto sensu à la Genèse et aux révélations de Joseph Smith [3] , leur prophète. Ils représentent 2% de la communauté mormone. On évalue à quarante milles le nombre de Mormons vivant en famille avec plusieurs épouses dans l’Utah (USA). Au Canada, où la polygamie est plus tolérée qu’aux Etats-Unis, les Mormons polygames sont évalués à un millier. Cette relative tolérance a provoqué l’exode de mormons américains sous le coup de la loi dans leur pays. L’un des plus connu est le fermier Winston Blackmore [4] qui, à 49 ans, a 22 femmes et 102 enfants. Pour l’instant, la police canadienne n’est pas intervenue, une enquête menée de 18 mois n’a pu prouver aucun crime. « Nous n’avons entendu que des rumeurs et nous tentons de voir s’il y a du vrai. Mais peu de gens sont prêts à nous aider et nous fournir des informations », explique un représentant de la police montée. [5]
Dans l’Islam, la polygamie est strictement réglementée et le nombre d’épouse est limité à quatre. Sa légitimation repose sur une sourate du Coran : « Si vous craignez d’être injustes envers les orphelins, n’épousez que peu de femmes, deux, trois ou quatre parmi celles qui vous auront plu. Si vous craignez encore d’être injustes, n’en épousez qu’une seule ou une esclave. Cette conduite vous aidera plus facilement à être justes. Assignez librement à vos femmes leurs dots ; et s’il leur plaît de vous en remettre une partie, jouissez-en commodément et à votre aise. » [6] Dans un sens, on justifia la polygamie comme une solution à des catastrophes économique et sociale (l’aide aux orphelins), ou pour faire face à la pénurie d’hommes après une razzia. Il est cependant important de souligner que la polygamie était une coutume préislamique répandue en Arabie , en Orient , en Afrique [7] et que l’Islam se devait de se positionner. La polygamie est considéré comme un droit mais n’est nullement obligatoire. Les deux raisons qui peuvent empêcher la polygamie est le refus de l’épouse (la première) que son mari en ait d’autres, et l’impossibilité (morale et financière) pour le mari de traiter les femmes avec équité.
En Belgique, dans certains cas comme le regroupement familial, le mariage polygame est reconnu par les autorités belges s’il a été acté dans un pays où la pratique est légale. Mais sur le territoire belge, c’est la clandestinité. La tabou est vivace et nous ne disposons pas de chiffre sur l’ampleur du phénomène.