Deux fois plus de bonheur mais aussi deux fois plus de soins…
La vie est parfois ainsi faite : on attend un heureux évènement et la surprise se révèle double lorsqu’on apprend que ce sont deux petits chérubins que l’on va aimer, pouponner, gâter mais aussi nourrir, habiller, soigner, scolariser, … Sylvie (prénom d’emprunt), 36 ans, employée dans une association, a connu les bonheurs de la maternité double. Mais lorsque ses jumelles ont vu le jour prématurément, elle a aussi découvert les coûts, souvent exorbitants, des soins prodigués à ses enfants. « Mes filles ont dû rester trois semaines en unité néonatale où elles recevaient des soins 24 heures sur 24. La facture a été très salée. » Surtout que Sylvie et son conjoint doivent tout multiplier par deux. « Ensuite, nous leur avons fait passer des tests pour la prévention de la mort subite. Comme les filles présentaient des facteurs de risques, elles ont été placées sous surveillance monitoring la nuit pendant six mois. » Si la location de ces appareils a été prise en charge par la mutuelle, il a fallu débourser 250 euros pour les cautions. En parallèle, les jumelles ont subi plusieurs tests du sommeil. Une facture de plus… C’est alors qu’une des petites a développé des problèmes respiratoires fréquents. Emmenée d’urgence à l’hôpital, elle y est restée trois semaines, dont quinze jours aux soins intensifs. Depuis, elle est suivie par un pédiatre et ne se sépare pas de son puff. « Le puff me revient à 15 euros toutes les deux semaines, après intervention de la mutuelle. C’est dingue que ce ne soit pas davantage remboursé car ça fait partie du traitement de fond. » s’indigne Sylvie, « En cas de problème important, il devrait exister un suivi plus spécifique. ».
Pour Sylvie et son conjoint, actuellement au chômage, imaginer seulement qu’un des membres de la famille puisse développer un grave ennui de santé les fait frémir. « On vit déjà très modestement, ça nous mettrait vraiment le couteau sous la gorge. » souffle la jeune femme. Le couple s’est déjà retrouvé dans l’obligation de reporter l’achat de médicaments : « Il y a peu, nous sommes tombés malade tous les quatre. Le médecin avait prescrit quatre médicaments différents. Mon compagnon et moi, on n’en a pris que deux. Mais pour les enfants, je fais toujours le nécessaire, je n’ai jamais rien écarté. » La multiplication des soins dits « quotidiens » comme les pommades, les gouttes et autres petits remèdes vient chaque mois alourdir la note. « Dans certaines familles, je me demande vraiment comment ils font…Et encore, on vit dans un pays où la sécurité sociale fonctionne ! ».
Sylvie s’étonne aussi de la non prise en charge des soins médicaux alternatifs. « Pour ma fille qui a des problèmes de reflux, je vais chez l’ostéopathe. C’est 40 euros la séance, non remboursés ou à peine. Or, il y a de plus en plus de gens qui se tournent vers l’ostéopathie. Pourquoi est-ce que ce ne serait pas pris en compte dans les remboursements ? » Selon elle, dans une vision à plus long terme, cela vaudrait la peine de se tourner davantage vers une médecine différente. Mais pour le moment, il faut des sous pour cela ! « Est-ce que seuls les gosses de riches ont accès aux soins de santé alternatifs ? » Et donc, sont-ils les seuls à pouvoir choisir la manière de se faire soigner ? Un droit pourtant de première nécessité.