les sacrifices pour les enfants
Paul, militaire et Marie, femme au foyer habitent une grande et belle maison à la campagne dans laquelle leurs quatre filles gambadaient jadis.
« J’ai toujours voulu beaucoup d’enfants, mais malgré la joie qu’on en retire, c’est parfois beaucoup de sacrifices et les vacances en font évidemment partie » explique Marie, 45 ans. Car la vie à six, c’est pas simple tous les jours et encore moins quand vient le temps des grandes vacances, qu’il n’y a qu’un salaire qui rentre et quatre enfants à distraire. Pour cette famille, il n’a jamais été question de destinations exotiques. « Je suis le seul à travailler, c’est donc impossible financièrement parlant de partir tous ensemble à l’étranger. Et puis on a fait certains choix aussi dont la maison est le principal : nous avons une maison confortable car nous voulions que les enfants soient bien. Nous y avons beaucoup investi car il ne faut pas oublier que c’est également leur héritage » poursuit Paul. Avec les moyens du bord, Marie et Paul cherchent, année après année, de bons plans pas chers pour s’évader. « En fait, c’est surtout les enfants qu’on essaye de distraire car au fond, nous, on ne ressent pas autant le besoin de s’échapper de la maison. Une année, des amis ont pris les deux aînées en vacances avec eux en Espagne. Nous avons payé pour elles évidemment car pour deux c’est plus facile que pour six ! Une autre fois, c’est aussi une des grandes qui a pu partir en Espagne avec une famille où elle faisait du baby-sitting. Elle n’a rien payé en échange de ses services quotidiens sur place ». Et pour occuper les quatre filles en même temps, rien de tel que les mouvements de jeunesse, « on a toujours essayé de les motiver dans cette voie et ça a bien fonctionné car ça en occupait toujours au moins trois sur les quatre chaque année pendant une dizaine de jours ». Et les vacances en famille dans tout ça ? Même si Paul, Marie et leurs filles n’ont jamais franchi la frontière tous ensemble, c’est à la côte belge qu’ils trouvent de quoi fuir le train-train quotidien. « C’est dans un village de vacances où j’ai des prix via l’armée que nous partons mais seulement quand les finances le permettent car aller à la mer du nord requiert tout de même un certain budget. Mais c’est vrai que cela devient plus abordable pour nous depuis que nous n’avons plus que les deux petites » commente Paul. Et l’avantage supplémentaire pour ce couple c’est qu’ils ont deux filles aînées qui peuvent désormais prendre à tour de rôle les deux plus jeunes chez elles pour quelques jours. « Partir chez leurs sœurs donne vraiment l’impression aux petites de partir en vacances. Elles préparent leurs sacs, leurs jeux et c’est toujours l’excitation ! ». Paul et Marie projettent de peut-être partir à l’étranger l’été prochain, si le portefeuille se porte bien. Les premières vacances au soleil…depuis quinze ans !
Jeunes et pas un rond : les plans débrouille
C’est bien connu, les jeunes ont la bougeotte et beaucoup nourrissent le rêve de parcourir le monde. Mais même avec un beau diplôme en poche, il n’est pas simple de trouver le job idéal. Et qui dit job, dit salaire et bien sûr…vacances ! Anne et Steeve, son compagnon, ont connu plusieurs périodes creuses.
« La plus marquante a été celle où nous nous sommes retrouvés tous les deux sans emploi pendant plus d’un an. Pourtant, on a quand même voulu des vacances, pour rompre avec notre quotidien, très difficile à ce moment-là » explique Anne. C’est donc avec une vieille petite Renault 5, des tentes et des sacs de couchage dans le coffre que le couple a mis le cap vers l’Italie. « On a tout le temps changé d’endroit et de camping, parfois on a même dormi dans la voiture. C’était vraiment les pires conditions qu’on ait eues pour nos vacances mais pour nous, c’est aussi nos plus beaux souvenirs. Qu’est-ce qu’on a ri! Et rien que le fait de se retrouver au milieu de superbes
paysages alors qu’on n’avait pas un rond, on a trouvé ça super » se remémore Anne. Du soleil toujours mais pour Héloise et Jean-Baptiste cette fois. Sortis de l’université il y a près d’un an, ils sont toujours à la recherche d’un travail. « Pour ce qui est des vacances, on peut dire que j’ai de la chance, je peux aller chaque année en Espagne aussi longtemps que j’en ai envie, cela me coûte juste le prix du billet d’avion qui, avec certaines compagnies, devient assez démocratique » explique Héloise. Enfant, cette namuroise avait l’habitude de partir en Espagne avec ses parents, toujours dans le même hôtel. « C’était vraiment un petit hôtel mais comme nous avions sympathisé avec les gérants, nous y retournions chaque année. Depuis je suis très amie avec leur fille, elle vient parfois en Belgique et m’accueille chaque année dans sa maison. Maintenant j’y vais même avec mon compagnon, c’est vraiment une chance quand on n’a pas vraiment les moyens de partir en vacances ». Aventuriers comme Anne et Steeve ou encore chanceux comme Héloise, ils sont la preuve que même avec très peu de moyens, on peut aussi plier bagage direction soleil et farniente…
L’étudiant
Rémy vient à peine de terminer ses études et connaîtra peut-être bientôt les joies de la vie active. Reste que cet été, il n’a pas un sou en poche pour prétendre à quelques moments de détente loin de sa campagne namuroise. Plus vraiment sur les bancs de l’école mais pas encore salarié, le jeune homme de vingt-quatre ans doit comme chaque année trouver le bon filon pour partir en vacances.
C4 : Quel est votre budget pour vos vacances ?
Rémy : Entre 150 et 200 euros en moyenne pour trouver une semaine de vacances.
C4 : Quels plans mettez-vous sur pied pour partir à petit prix ?
Rémy : Cette année, je pars en Ardèche dans une maison qui appartient aux amis des parents de ma copine. Dix jours de tranquillité pour presque rien !
C4 : Avez-vous des combines infaillibles ?
Rémy : L’appartement d’un des membres de ma famille ou la maison d’une connaissance.
C4 : Que choisissez-vous comme moyen de transport?
Rémy : La voiture, pour avoir un moyen de transport sur place. Mais c’est cher…
C4 : Partez-vous seul ou à plusieurs ?
Rémy : à deux, ma copine et moi.
C4 : Avez-vous le souvenir de vacances particulièrement réussies ou gâchées ?
Rémy : Les colonies de vacances en tant qu’animateur. C’est un travail mais ce sont aussi de super vacances dépaysantes. Ca me permet de revoir des amis que je ne vois qu’une fois par an, d’être à la mer et de me changer les idées en travaillant avec des enfants. C’est un bon compromis.
les retraités peu fortunés
J. et P. sont un couple de retraités dans la fleur de l’âge, de ceux qui ont encore le goût des voyages et qui profitent de leurs longues (et vides) semaines pour partir à gauche et à droite. Mais avec leur maigre pension, pas question de faire des folies. A leur âge, les destinations lointaines avec palmiers et sable blanc à la clé, ce n’est pas dans leurs projets. Un charmant village provençal ou encore la côte belge font l’affaire…
C4 : Quel est le budget alloué à vos vacances ?
J et P : Plus ou moins 200 euros par an pour nous deux. On n’a pas vraiment les moyens de mettre de côté pour partir. Après les factures, les courses et les médecins, on n’a presque plus rien. Juste assez pour faire plaisir de temps en temps à nos dix petits-enfants…
C4 : Et vous partez souvent ?
J et P : Deux ou trois fois l’année, tout dépend du budget et surtout de notre santé.
C4 : Comment faites-vous avec votre bourse serrée?
J et P : En fait, on ne paie rien ou presque. Ce sont nos enfants qui nous prennent avec eux. On a la chance d’avoir des enfants qui s’occupent de nous ! Mais on participe quand même à la nourriture.
C4 : Et où vous emmènent-ils ?
J et P : Le cadet a une maison de
vacances dans le sud de la France, un joli village un peu retiré au milieu des champs de lavande. C’est très dépaysant. On les accompagne généralement en septembre et en mars. Une de nos filles habite au Luxembourg, là aussi c’est très différent d’ici. Après deux heures de route, on se sent déjà en vacances ! On y passe le week-end avec les petits-enfants.
Comme quoi le bonheur n’est pas toujours au bout du monde… Avec un petit budget et de bonnes idées (ou une gentille famille), il y a vraiment moyen de prendre quelques jours de congé loin de chez vous. Autres bons plans vacances si ceux de Rémy et de J. et P. ne vous ont pas convaincus : les voyages organisés en groupe (le prix baisse en raison du nombre important de participants), les boulots de saisonnier (participer à la cueillette des fruits de saison en échange du gîte et du couvert en France, Italie ou même Australie!), et enfin les last-minute.
Famille nombreuse
Cette année, Ron et Hermione [1] sont partis en vacances avec quatre de leurs enfants. Ils ont trouvé une formule intéressante dont ils nous font part ici.
C4 : Cette année, vous êtes partis en famille. A combien étiez-vous ?
Ron : A la base, on est deux adultes et cinq enfants. Un de sept ans et demi, deux de huit ans, un de treize ans et un de quinze ans.
C4: Où êtes-vous allés ? Et pour quelle formule avez-vous opté ?
Hermione : On est allé en Italie en motorhome. C’est une espèce de maison magique qui se déplace.
C4 : Et ça coûte cher un motorhome ?
H. : Ouais, très cher.
R. : Neuf ou d’occasion ?… On a acheté le nôtre 10.000 euros. Neuf, un de ce genre-là, ça coûte 75.000… Mais si on avait dû en louer un pour nos quinze jours, ça nous aurait coûté 2300 euros.
H. : On a un beau grand motorhome en bon état. Il n’a pas beaucoup de kilomètres au compteur. Mais bon, on a cherché pendant un an. Sur Internet, des motorhomes moitié plus petits se vendaient déjà 10-15 000 euros…
Aller à l’hôtel, ce n’est même pas la peine d’y penser. Louer une villa, c’est dans les 1500 euros par semaine…
C4 : Donc en gros, louer une villa pour six semaines, ça fait le prix d’un motorhome. Comment s’est déroulé votre séjour ?
H. : On est d’abord allé à la mer pour les enfants. On a passé trois jours au bord de la plage dans un parking pour motorhomes. Ils sont spécialement équipés pour et la plupart sont gratuits. C’est moins rare qu’à la côte belge, quoique, si on cherche bien… Le parking était à 200 m de la plage, vraiment super calme, c’était chouette. Puis on a été visiter Volterra, Florence, Castellina, Sienne, Monteregioni, on est repassé par Volterra et puis on est retourné à Cecina pour deux-trois jours. Puis, sur le chemin du retour, on est passé par Pise. J’ai un petit penchant pour cette ville. Le motorhome, c’est pas seulement intéressant parce que c’est économique. Ce qu’il y a de génial, c’est la liberté qu’on a pour organiser son séjour. Si tu loues un appartement ou une villa, tu es obligé de rester dans le coin, tandis qu’en motorhome tu vas où tu veux, quand tu veux. L’Italie s’y prête bien.
C4 : Comment vous êtes-vous débrouillés pour que la facture ne monte pas trop haut ?
H. : Il y a des supermarchés discount partout, en Italie aussi. On n’est pas allés dans les plages payantes. Les campings sont super chers, une femme que j’ai rencontrée sur place m’a dit avoir payé 58 euros pour une nuit à trois, mais avec le motorhome, on n’a pas besoin d’aller dans un camping. Par contre, on est allés deux fois au restaurant. C’était pas bon, c’était cher et il fallait payer les couverts. Bref, ça nous a emmerdé…
R. : Le couvert coûte entre un euro cinquante et deux euros cinquante par personne selon les restaurants. A six, ça fait déjà 12 euros sans avoir encore rien mangé…
H. : ça donne vraiment pas envie d’y aller, ni d’avoir un invité en plus … A part ces deux fois-là, j’ai cuisiné dans le motorhome. On a trouvé des coopératives qui
vendent des produits excellents et bon marché, directement du producteur au consommateur…
C4 : Et en tout, ça vous a coûté combien ?
H. : Cher. Un peu plus de 1500 euros, ce qui fait quand même 250 euros par personne, en comptant tout, carburant, nourriture et tout le tralala. Les enfants ont eu ce qu’ils voulaient, et on a vu des choses magnifiques qu’on n’aurait jamais pu leur montrer si on n’avait pas eu le motorhome.
Ludivine Barset
Propos recueillis par
Jessica Mathy & Geoffroy Tyteca