Le vol à l’étalage, dernier recours pour se nourrir ?

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Que risquent les voleurs à l’etalage ?

« C’est vrai qu’on ne leur fait pas grand-chose, avoue un inspecteur de police. Et puis souvent, pour les vols alimentaires, on ne nous appelle pas. Les commerçants règlent ça à l’amiable. Ils reprennent ce qui a été volé ou alors le donnent gratuitement à la personne, quand ils voient qu’elle en a besoin ». La complexité du système judiciaire explique en partie ce manque de répression. « Lorsqu’on appréhende quelqu’un, l’affaire va des fois au parquet, en fonction des cas. Sinon, on les relâche. Mais dans 99% des cas, on n’engage pas de poursuites… On essaie que les communes aient l’autorisation d’infliger une amende administrative qui irait jusqu’à 250 euros ». Quant à savoir qui pose le plus problème… « On arrête surtout des clochards, très peu de personnes en précarité. C’est sans doute dû au fait qu’un clochard, une fois dans la rue, a perdu sa fierté et a moins honte de voler pour manger ».

«On vole tous les jours, seule la fréquence varie»

Chaque jour, le GB de la Rue au Beurre, en plein centre de Bruxelles, subit de la grivèlerie en masse. Si Cyrille, le gérant, déplore de nombreux vols quotidiens, peu concernent les produits de première consommation. « On nous vole surtout du vin, des bières et du fromage. On est donc très loin des produits de première nécessité. Ce sont surtout des jeunes entre 25 et 30 ans qui viennent voler ces produits coûteux. Les clochards ne nous posent pas de problème en fait ». Pour Cyrille, tous les vols ne sont pas identiques : « Si on voit que ce sont des gens qui volent pour se nourrir, c’est à l’aise, on n’appelle pas les flics. Mais s’il s’agit d’alcool, on sévit. On repère directement les têtes louches ».

D’abord du diesel, ensuite du pain…

Les dernières statistiques fournies par la police fédérale confirment l’expansion de ce phénomène. Au premier semestre 2006, on relevait, dans la catégorie «infractions de fraude contre la propriété», 3044 vols de carburant contre 264 de boissons et aliments. Le vol de carburants représentait alors 11,42% de la totalité des vols enregistrés. Durant la même période, 9821 vols à l’étalage sans violence ont été recensés. 414 cas ont connu un recours à la force. Ces chiffres, loin d’être exhaustifs, prouvent que plus le risque encouru est faible, plus les infractions dites « légères » ont tendance à se multiplier. Par exemple, on comptait 2571 vols de mobylettes contre 14752 vols de bicyclettes. Sûr que désormais, faucher un vélo n’est plus aussi réprimandé que voler une BMW…

Des dizaines d’affamés par paté de maison

Si certains clochards peuvent encore compter sur la bonté de quelques restaurateurs du centre-ville, d’autres n’ont simplement pas d’autre choix que de voler.

Eric émarge au CPAS et partage un squat avec une dizaine d’autres désoeuvrés. Errant dans les rues jusqu’au coucher du soleil, il explique que le « vol devient l’ultime façon de se procurer à manger si on ne trouve plus rien dans les poubelles, où l’on mange des trucs périmés mais toujours comestibles ». Et l’afflux de mendiants dans le centre de Bruxelles ne favoriserait pas les choses…

«Aujourd’hui, entre De Brouckère, Gare du Midi, Sainte-Catherine et la Grand Place, on est près de 200 à faire la manche ! Alors, c’est dur de s’en sortir. On a ouvert les frontières, et voilà !».

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