L’automobiliste est un pollueur et un danger public. Et il va le payer. Pris en sandwich entre les soudaines prises de conscience écologiques et le besoin sécuritaire de notre société, l’usager de la route est dans de sales draps. Nombreux sont les obstacles qui parsèment son chemin.
Parmi ces obstacles, la réforme du système des amendes en est un de taille. Fin mars 2006, une nouvelle législation sur la circulation routière entrait en vigueur, basée sur le principe suivant: plus le risque est grand, plus ton portefeuille va morfler. « C’est 100% logique », peut-on lire sur jesuispour.be, site administré par l’Institut Belge pour la Sécurité Routière. Logique, assurément. Mais lorsque l’automobiliste ne peut plus sortir de son garage sans croiser policiers en uniforme et autres voitures banalisées, il y a de quoi sombrer dans la paranoïa la plus profonde. Surtout pas d’erreur parce que ça coûte cher ! Et pas besoin d’être un fou du volant pour se sentir concerné par ces mesures. Le moindre infraction se traduit en euros. Ajoutons à cela le prix de l’essence. Bref, pour être conducteur en ce début de millénaire, mieux vaut avoir de gros moyens.
De plus, les policiers font preuve de beaucoup d’inventivité en matière de techniques répressives. L’automobiliste ne devra désormais plus seulement faire attention aux traditionnelles voitures banalisées le long de la route ou aux endroits à risques parsemés de radars automatiques. Maintenant, exemple parmi d’autres, mêmes les motos deviendront sources d’angoisse pour les routards : une moto banalisée, idée 100 % belge, est expérimentée dans certaines villes belges, comme Namur et Anvers. Equipée d’une caméra, elle sillonne les villes à la recherche d’infractions au code de la route, incivilités ou dépassements trop téméraires. Une fois l’infraction constatée, le conducteur du véhicule en faute est interpellé par un policier en uniforme. Inutile de nier, tout est dans la boîte ! L’idée a fait son chemin et a déjà été testée dans certains de nos pays voisins, notamment en France et au Luxembourg.
Ainsi, la surveillance est devenue constante. Le moindre écart est constaté, photographié ou filmé… et se paye. Avantage non négligeable : les chiffres des accidents de la route sont en baisse. Mais la société se fait répressive. Il y a quelque chose d’angoissant désormais à subir un simple contrôle de routine ou à croiser une camionnette de police. Une voiture suspecte garée le long de la chaussée donne des sueurs froides aux conducteurs qui instinctivement paniquent et appuient sur la pédale de frein. Prendre le volant nécessite des nerfs d’acier. Et comme dirait un célèbre slammeur français, « la prochaine fois, tu prendras le bus ».