La Belgique prend le Pékin-express en marche

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En à peine quelques années, la Chine, troisième exportateur mondial, a réalisé une expansion économique fulgurante. Que ce soit dans les marchés du textile, des technologies modernes ou encore des produits de consommation courants, ce pays a réussi à s’imposer sur l’échiquier international. Et la Belgique en profite amplement, tant au point de vue des exportations que des importations.

La Belgique comme partenaire commercial

Notre pays est actuellement, parmi les pays membres de l’Union Européenne, le sixième partenaire commercial de la Chine, et le neuvième à l’échelle mondiale. En effet, chacun picore chez l’autre ce dont il a besoin. On va trouver bien loin ce que l’on ne peut produire nous-mêmes… La Belgique profite donc des machines, du textile, des chaussures, des jouets ou encore des produits chimiques de son lointain voisin chinois. En contrepartie, nous leur fournissons machines, métaux précieux, produits chimiques, métaux communs, matières plastiques et caoutchouc. (1)

Pourtant, il n’a pas fallu attendre l’ascension des Chinois pour nouer des relations avec le pays du soleil levant. Michel Kempeneers, attaché à l’Agence wallonne pour l’exportation (Awex) rappelle que dès le début du siècle, la Belgique avait déjà sa place au niveau international grâce à la colonisation et à la bonne économie qu’elle affichait suite à la Révolution Industrielle. Le développement des technologies de l’acier a permis à la Belgique de se faire connaître dans le monde entier, et en Chine en particulier puisque les entreprises belges ont participé à la construction des premiers tronçons de chemins de fer chinois. Mais aujourd’hui, les choses ont bien changé, on n’a plus grand-chose à leur apporter car leurs produits sont très performants. Ils vont très vite en matière de technologie et s’adaptent très vite. Enfin…plus grand-chose à leur apporter, ça reste à voir.

La place stratégique de Liège

Il y a actuellement entre 300 et 500 Belges qui travaillent dans les grandes villes chinoises : des hommes d’affaire, des représentants de sociétés belges là-bas, ou des intermédiaires. Car certaines de nos entreprises ont décidé de franchir le grand saut pour tenter l’aventure chez les Pékinois. C’est le cas du groupe CMI (Seraing), premier équipementier industriel belge, qui est implanté en Chine depuis 2000. L’entreprise BEA (Sart-Tilman), spécialisée dans le secteur de la détection de personnes et de véhicules, est présente sur le sol chinois depuis 1996. Une façon de gagner un bout de terrain avant de s’attaquer au reste du continent asiatique…

Si Liège est donc visible de l’autre côté du globe, les sociétés chinoises hésitent encore un peu à s’implanter dans l’Euregio. Benoît Lismonde, créateur de l’Euregio Business Center, après avoir passé vingt ans en Chine, analyse les points forts de Liège: Nous sommes au cœur de l’Europe et nous constituons donc une base idéale d’implantation, à deux ou trois heures de Francfort, Paris et Londres. Nous pouvons jouer un rôle, notamment pour l’assemblage et la distribution dans l’importation de produits chinois. Et si nous pouvons nous montrer actifs en matière d’importation, il en est de même pour l’exportation apparemment : Tout le long de la côte vivent 200 millions de personnes dont le pouvoir d’achat est égal ou supérieur au nôtre. Il y a donc des possibilités d’exportation de produits de luxe, le chocolat notamment. Cependant, Benoît Lismonde remarque que Liège souffre surtout d’un manque d’image car elle est trop souvent considérée comme simple sous-traitante. (2)

Des aides bien utiles

Plusieurs initiatives afin d’aider les Belges désireux de se rendre en Chine ont déjà vu le jour dans la région.
L’Awex, entreprise publique au service des petites entreprises privées exportatrices, aide les sociétés attirées par le grand large à être plus professionnelles et à réussir leur implantation à l’étranger. Elle possède quatre bureaux en Chine et propose des aides au déplacement, des brochures (
qui expliquent les difficultés auxquelles on sera confrontés une fois sur place), une aide pour l’ouverture de la filiale,… L’agence est également un relais central pour les investisseurs étrangers arrivant sur le sol belge.
D’autre part, l’Institut Confucius, récemment inauguré à l’Université de Liège, est un outil supplémentaire mis à disposition des Wallons. Né d’une idée conjointe Ministère chinois de l’éducation et du Gouvernement de la Communauté française, l’Institut Confucius offre un programme linguistique (langue et calligraphie) à destination d’étudiants ou d’employés francophones désirant apprendre le chinois. Un enseignement sur la culture, les coutumes, les lois et les règles commerciales chinoises est également dispensé par une équipe d’experts. La formation va dans les deux sens puisque les étudiants et professionnels chinois qui désirent venir étudier ou travailler en Europe Occidentale peuvent suivre une formation linguistique et profiter d’un soutien administratif. (3)

Les moyens d’apprendre la langue

Il y a principalement deux sortes de gens qui apprennent le chinois : les curieux qui trouvent dans cette activité un nouveau hobby, et les travailleurs qui voient dans l’apprentissage de cette langue un plus pour leur CV.
Du côté des jeunes, le Collège Sainte-Véronique de Liège a relevé le défi. Depuis 2004, l’école offre aux élèves de deuxième année secondaire des cours de chinois et d’éveil culturel. Le but est de leur apprendre les aspects fondamentaux de la culture chinoise ainsi que les premiers rudiments de l’écriture et de la prononciation. Cette expérience s’inscrit dans le cadre des après-midi « culture ».

Toujours à Liège, l’Institut des langues modernes de la Haute Ecole Hazinelle permet aux francophones de plus de 15 ans de se familiariser avec la langue de Pékin. Le niveau est basique et les leçons sont autant suivies par des étudiants que par des cadres, ingénieurs ou commerciaux. Lancé il y a deux ans, le programme compte chaque année une trentaine d’inscrits. Parallèlement, les Chinois peuvent apprendre la langue de Baudelaire à Charleroi. Ces jeunes suivent les cours de manière intensive afin de réussir un examen de fin d’année. A l’obtention du certificat d’aptitude, ils peuvent prétendre intégrer une université pour y entamer leurs études. L’offre a trouvé acquéreurs puisque le nombre d’inscrits dépasse la centaine. François Thiron, professeur de chinois, explique les motivations de ces étudiants : Partir à l’étranger leur permet de se faire une situation, c’est un moyen pour eux de mieux gagner leur vie. Ils viennent ici à long ou moyen terme et ne retournent chez eux qu’après cinq ou dix ans. Néanmoins, même si la plupart de ces jeunes viennent en Belgique pour apprendre une langue, ce n’est pas le cas de tous… Certains travaillent en noir le soir dans des restaurants. On les informe pourtant à l’avance de ce qu’ils peuvent faire ou non, du fait qu’il leur faut un permis de travail et qu’avec un visa étudiant, ils ne peuvent travailler que vingt heures par semaine, sous contrat. Mais bon, ce n’est pas vraiment respecté car on en voit pas mal dormir aux cours la journée. Je pense que ça résulte surtout d’un manque d’information au départ, ils ne savent pas ce qu’ils ont le droit de faire ici. On note tout de même une amélioration depuis que l’on organise des réunions avec la police. La dissuasion par menace de sanction est donc l’arme utilisée pour contrer le travail au noir. L’école a aussi créé un réseau avec les services de l’immigration afin de signaler l’absentéisme scolaire.

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