Ying a 24 ans et entame sa deuxième année d’études en Gestion & Managementà l’Université de Liège. Si tout va bien, elle pense y effectuer l’ensemble de son cursus (cinq ans). Si Ying a choisi la Belgique plutôt que la France, il y a une raison : Je suis venue ici parce que les universités belges sont célèbres. En plus, en Belgique, les gens parlent plusieurs langues, ça permet d’apprendre autre chose. Malgré six mois de préparation au français, son arrivée en Belgique fut un brin compliquée. J’ai cherché un appart mais c’était très difficile parce que je ne parlais pas bien votre langue. En plus, je ne connaissais personne pour m’aider. Malgré tout, Ying tente de se familiariser à la vie liégeoise, même si ce n’est pas toujours facile: Je ne sors pas beaucoup, mais quand l’envie me prend, je vais dans le Carré, on y rencontre plein d’étudiants Erasmus (NDLR : élèves inscrits dans un programme d’échange entre universités européennes et qui suivent une partie de leur cursus à l’étranger). Au niveau de la nourriture, j’avoue que je mange surtout chinois ! Ou alors, je vais au Quick… Ca tombe bien parce qu’elle travaille dans un resto chinois les week-ends, une façon de gagner un peu d’argent parce que les études ici coûtent beaucoup plus cher qu’en Chine. Ying ne nous dit cependant pas si ce travail est déclaré ou non…
A 21 ans, Meiren a décidé de quitter son village natal pour faire le grand saut et partir étudier à l’étranger. J’ai vu des photos de la Belgique et j’ai trouvé le pays très beau, alors je suis venue faire mes études d’économie ici. Arrivée il y a à peine trois mois, Meiren a déjà fait la liste des différences avec son pays d’origine. En Chine, tout est grand, il y a des buildings partout. Mais ici, on voit des toutes petites maisons, c’est miniature mais c’est mignon ! Ce qui m’a le plus frappé ici les premiers jours, ça a été de voir que tout le monde en rue se promène avec un bébé dans une poussette. Il y en a partout !
Contrairement à sa compatriote, Meiren a pu compter sur des amis chinois qui habitent à Liège pour l’aider à trouver un logement. Puisqu’elle n’est pas encore inscrite à l’université (elle pense entamer des études de marketing à Liège l’an prochain), il lui reste pas mal de temps pour aller voir ses amis à Bruxelles ou faire quelques longueurs à la piscine communale. J’aime beaucoup Liège, c’est une ville où l’on peut se promener seul le soir. Sauf peut-être dans certains quartiers chauds… On peut comprendre que pour quelqu’un qui vient du pays le plus peuplé au monde, Liège apparaisse comme un havre de paix où il fait bon se promener seul, à toute heure du jour et de la nuit.
L’année prochaine, la jeune étudiante pense retourner aux sources pour voir sa famille qui lui manque quand même. Mais c’est juré, après elle revient!
La troisième étudiante chinoise à suivre ces cours de français s’appelle Zhengxiu. A 22 ans, elle en est aussi à ses débuts en Belgique. Je suis ici depuis deux mois. J’étais déjà venue une fois avec mon oncle. Comme Meiren, Zhengxiu vient de Jilin, une mégalopole à l’Est de la Chine. Autant dire que la différence avec Liège fut assez spectaculaire. Ici, les gens sont vraiment gentils. Il y a beaucoup d’étrangers et pourtant tout le monde parle avec tout le monde. En plus, c’est le pays du chocolat et de la Jupiler !
Quand Zhengxiu n’est pas à son école de dessin, elle file au cinéma accompagnée de ses amis belges ou passe quelques coups de fil à sa famille. Je suis très heureuse ici, j’ai déjà beaucoup d’amis. Je pense retourner une fois en Chine l’an prochain, mais c’est certain que je n’irai pas travailler là-bas. Soit je resterai en Belgique, ou alors je partirai en Allemagne ou en France. Comme son amie, elle profite aussi d’une année en Belgique pour apprendre la langue avant de s’inscrire en études de marketing.
Mais même si elle s’est bien adaptée à la culture occidentale, il y a une chose qui la fait
halluciner… Tous les Belges ont un chien ! Des grands, des petits, des chiens de toutes les couleurs. Chaque fois que je suis en rue, je vois tout le monde avec un chien en laisse. En Chine, la laisse, ça n’existe pas ! Les chiens restent surtout à la maison. En même temps, c’est vrai que chez moi, ils sont plus petits…
Xueli a également pris le problème dans l’autre sens. Elle profite d’une année sabbatique pour se mettre au français à son rythme, avant d’entamer des études de communication l’an prochain. Et elle n’est là que depuis trois mois que déjà elle veut repartir ! Malgré le fait que mon parrain habite ici, je me sens seule, je suis toujours triste. Alors, je sais déjà que l’an prochain, je retourne chez moi…
Pourtant, la jeune fille de 23 ans essaie de profiter de la vie ici. Le week-end, je vais visiter le pays avec mon parrain. On fait du shopping ! Même si Xueli ne sort pas beaucoup durant la semaine, elle apprécie tout de même d’aller au restaurant quand elle le peut. Cuisine française s’il vous plaît !
Le bilan général que Xueli tire de sa première expérience à l’étranger est que la vie ici est beaucoup plus chère qu’en Chine !
Cela fait déjà deux ans que Zhixia est arrivée en Belgique. Elle était accompagnée d’un ami qui étudiait dans la Cité Ardente. C’est après lui avoir montré des photos de son séjour au pays qu’il a convaincu Zhixia des poursuivre ses études de marketing international en Belgique. Ce que j’aime ici, c’est que la vie est plus calme, il y a moins de monde dans les rues. Par contre, c’est le même climat qu’en Chine !
Quand elle a du temps libre, elle en profite pour voyager. Je suis déjà allée en Italie, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas et en Suisse. C’est pas mal… Ce qui est bien avec la Belgique, c’est que tout est à côté, on est proche de tout. Pourtant, ses week-ends sont rudement chargés : le samedi, je travaille comme serveuse dans un resto chinois, et le dimanche, je travaille pour l’école.
Reste qu’après deux ans ici, elle ne s’est toujours pas habituée à la gastronomie belge… J’adore le Mac Do! Mais c’est vrai que sinon, on mange bien en Belgique ! (1)
Ces témoignages mettent en lumière le fait que certains étudiants ne s’en sortent que parce qu’ils travaillent en soirée. Ils ont besoin d’un job pour arrondir leurs fin de mois, qu’il soit déclaré ou non… D’autres ont plus de chance et peuvent compter sur le portefeuille familial. Mais ceux-ci ne forment qu’une minorité… Et cette tendance à venir à l’étranger pour y étudier pour ensuite travailler dans les restos chinois, ou tout simplement disparaître dans la nature inquiète la Communauté française. Celle-ci va bientôt mettre en place un système permettant de filtrer et repérer les jeunes Chinois qui entrent clandestinement en Belgique avec un visa étudiant. En effet, le recteur de l’Université de Liège a remarqué que sur les 125 visas délivrés sur base d’une demande à l’université, nous n’avons vu qu’une vingtaine d’étudiants. (2) Et ce sont ces gens que l’on retrouve dans les cuisines des restaurants asiatiques…