Quand on interroge les étudiants sur leur vision du monde du travail, de l’embauche et du chômage, les images se bousculent dans la tête des intéressés. Utopiques ou réalistes ? Pessimistes ou optimistes ? Un petit palmarès des clichés qui animent les jeunes esprits s’impose.
Cliché numéro 1 :
« La montée des enchères »
« Logiquement, je devrais trouver un job assez rapidement. Il y a beaucoup de demande dans mon secteur, je le sais parce que ma mère regarde tout le temps les petites annonces ! Pas mal d’étudiants sont engagés à leur sortie là où ils ont fait leur stage. Le sujet du TFE peut aussi être un bon passeport. » (Vincent, 22 ans, étudiant en ingénieur civil)
L’étudiant fraîchement diplômé sort tout guilleret de son université, bien décidé à « faire un carton » auprès des nombreux employeurs potentiels. Ces derniers s’arrachent ce jeune sympathique et dynamique, vent de fraîcheur pour leurs entreprises. Bien entendu, notre étudiant n’a que l’embarras dans ces choix tous plus alléchants les uns que les autres. Ses critères se baseront donc sur les avantages financiers et matériaux que proposent les employeurs.
Cliché numéro 2 : « La cueillette au berceau »
« L’avantage par rapport aux étudiants des autres facultés, c’est que je trouverai du travail en tant que docteur quoi qu’il arrive. Il y a vraiment très peu de chances que le contraire se passe. Cela dit, avec le numerus clausus et les concours aux spécialisations, je n’exercerai peut-être pas dans la branche que je désire. » (Stéphanie, 21 ans, étudiante en médecine)
Dans ce cas-ci, notre jeune est toujours sur les bancs universitaires mais sa vie professionnelle semble déjà toute tracée. La demande est tellement importante dans son secteur d’étude et les bons élèves tellement rares que le patron vient directement cueillir ses futurs employés à la source. Notre étudiant, avant même de réussir en première sess’, signe un contrat juteux qui prendra forme dès les portes de l’université franchies.
Cliché numéro 3 : «Le parcours du combattant»
« La question du chômage m’interpelle : j’entends tellement dire qu’il n’y a aucun débouché dans mon secteur. Mais je ne m’inquiète pas vraiment car je sais que je trouverai un travail même si cela doit être purement alimentaire. » (Amandine, 21 ans, étudiante en anthropologie)
Le lendemain de l’obtention de son diplôme, l’étudiant se met à rédiger consciencieusement CV et lettres de motivations. Il feuillette son maigre carnet d’adresses, prend des contacts à gauche et à droite, parcourt les petites annonces et envoie sans relâche ses petits curriculum vitae. Patient, il guette sa boîte aux lettres tous les jours et de temps en temps reçoit une lettre. Jamais d’embauche, rarement des demandes d’entretien mais plutôt le genre de lettres qui signalent poliment la prise de connaissance de la motivation du demandeur d’emploi.
Notre jeune ne se démotive pas et finit par accepter des petits boulots par-ci par-là, histoire de s’occuper et de (sur)vivre. Au bout de quelques mois, le chômage le guette.
Sus aux stéréotypes
Dans l’esprit des étudiants, la conception du chômage est en relation étroite avec les études entreprises. Certains se sentent davantage concernés et le voient comme un passage obligé. D’autres ne s’en préoccupent guère et se retranchent derrière leur formation soi-disant garante de sécurité. Bref, la question se résume à ceci : si tu ne veux pas finir chômeur, choisis judicieusement tes études !
En schématisant les différentes tendances, les plus à plaindre seraient, dans l’imaginaire collectif, les étudiants des sciences sociales (philo et lettres, psychologie, sociologie…). Vincent, futur ingénieur, témoigne de son expérience avec soulagement: « J’ai fait un an de journalisme, ce qui me permet de mieux mesurer le confort de mes études. »
Eh oui ! De nos jours, selon les bruits qui courent, il ne fait pas bon entamer des études d’anthropologie ou d’
histoire de l’art. Mieux vaut se tourner vers les sciences dures, comme la médecine. Ingénieur, c’est bien aussi! Les études de droit ou de commerce semblent également avoir la cote. Cela étant, entre ce que la rumeur raconte et la réalité, il y a un précipice et certains étudiants tombent parfois de haut. C’est le cas de Nicolas, étudiant en chimie : «J’ai choisi mes études parce qu’à l’époque, on faisait beaucoup de publicité pour les sciences. J’ai pensé à l’avenir et à l’aspect financier. Mais maintenant je me dis qu’il n’y a peut-être pas tant de débouchés que ça…»
Au final, la question du chômage reste complexe et dépasse les idées reçues. La réponse ne réside pas forcément dans un choix d’études judicieux. Tous les ingénieurs ne trouveront pas du travail. A l’inverse, les journalistes issus du département communication n’iront pas tous pointer à leur sortie d’unif’ ! Ces derniers, s’ils font preuve de débrouillardise ou s’ils manient les lettres avec dextérité, auront toutes les chances de trouver un emploi. De nombreux facteurs entrent ainsi en ligne de compte. Une exception cependant : la médecine. Seuls les futurs médecins, au terme de minimum sept années de dur labeur, semblent immunisés contre le chômage.
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Job Days : « une simulation d’incendie en temps réel »
Certaines actions au sein des universités peuvent s’avérer fort utiles pour l’étudiant dont l’esprit est peu à peu tourmenté par la peur du chômage. C’est le cas notamment des Journées Carrière, aussi connues sous le terme anglais – donc forcément plus vendeur – de Job Days.
Ces journées sont organisées sous l’impulsion du doyen de l’Ulg ou des associations d’étudiants des départements. Elles offrent aux étudiants l’opportunité de rencontrer les employeurs du milieu. Les uns présentent leur formation, les autres font la publicité de leur entreprise tout en découvrant les dernières mises à jour des cours. Ainsi se nouent les premiers contacts qui pourront éventuellement mener plus tard à un contrat d’embauche.
Très enthousiaste, Philippe Bauduin, responsable de la Cellule Emploi, organise des séminaires de préparation à ces journées : « Il s’agit d’un tremplin pour l’avenir, une répétition générale avant la sortie. Un peu comme une simulation d’incendie en temps réel. Il est donc important d’y préparer l’étudiant. Nous lui apprenons à plaider en sa faveur en l’aidant, par exemple, à se constituer un CV adéquat. »
Coup de pouce dans la lutte contre le chômage, les Job Days ne sont malheureusement pas organisés dans toutes les facultés. Un conseil, donc, aux étudiants anxieux de dernière année : renseignez-vous sur ce qu’il en est dans votre propre faculté.
La Cellule Emploi au service des étudiants
Si certaines universités ont parfois la triste réputation de laisser tomber leurs étudiants dès la sortie de leur nid douillet estudiantin, elles prennent tout de même, par l’entremise de la Cellule Emploi, certaines initiatives visant à faciliter leur entrée douloureuse sur le marché du travail. Philippe Bauduin, responsable de la Cellule Emploi de l’Ulg, propose notamment des séminaires spécifiques à chaque faculté avec pour objectif de briefer les futurs demandeurs d’emploi sur toutes les ficelles du marché. Ces conseils en la matière semblent porter leurs fruits si l’on en croit la multitude de courriels de remerciements qu’il affiche fièrement sur l’écran de son ordinateur. Philippe Bauduin est formel: « C’est du garanti sur facture ! Il suffit de suivre le processus, c’est très efficace ! » Cependant, toutes les facultés ne manifestent pas le même intérêt pour les trucs et astuces proposés par la Cellule. Certaines sections particulièrement concernées par le chômage gagneraient peut-être à solliciter davantage cette Cellule Emploi dont on entend pourtant peu parler.
Cellule Emploi : +32(0)4/366 57 78